2010

Français et multilinguisme dans la science

L’élaboration, la diffusion et la transmission des savoirs n’ont jamais été le fait d’une seule langue et/ou culture, même si des vecteurs linguistiques privilégiés ont pu dominer à certaines époques dans des champs disciplinaires donnés. Bien plutôt, il faut relever la contribution de la diversité linguistique et culturelle à l’établissement des savoirs, à leur « épaisseur » et, finalement, à l’idée même de savoir. La langue française se trouve dans une position complexe et, de ce fait, intéressante à l’heure actuelle. D’une part, elle cède du terrain à l’anglais, langue scientifique dominante. D’autre part, elle est sollicitée par une communauté scientifique très diversifiée au sein d’un espace francophone large et multilingue.

Dans le cadre des «Etats généraux du français en francophonie», organisés par l’Ecole de langue et civilisation françaises (ELCF) et les universités du Triangle Azur (UNIGE, UNIL, UNINE) en lien avec le Sommet de la francophonie qui se tiendra à Montreux du 22 au 24 octobre, un colloque dédié au thème «Français et multilinguisme dans la science» aura lieu le 18 octobre à Uni Bastions. Parmi les intervenants, à relever la présence du physicien et essayiste Jean-Marc Lévy-Leblond et du linguiste Bernard Cerquiglini, recteur de l'Agence universitaire de la Francophonie.

Le soutien à la diversité linguistique et culturelle dans les sciences se pose en termes de qualité, dans la mesure où le plurilinguisme assure une pleine expression de points de vue en débat, au cœur même de la production scientifique. Il existe une véritable dialectique entre langue(s) et science. La mise en discussion du savoir scientifique passe par sa mise en discours, ou par toute autre forme de médiation symbolique. Or, cette médiation ne va pas de soi, même à l’intérieur d’une communauté linguistique plus ou moins homogène. Les enjeux de la formulation constituent alors une phase importante d’élaboration de la science, et la reformulation des connaissances contribue à leur réinvestissement dans de nouvelles structures théoriques.

Cependant, il s’agit de prendre acte, à la fois, de cette irréductibilité des langues et d’une nécessaire intercommunication. Prendre au sérieux le plurilinguisme ne dispense donc pas de se préoccuper des conditions pratiques de circulation des savoirs. C’est précisément cette voie que doit explorer la francophonie et, plus particulièrement, l’Agence universitaire de la francophonie, qui réfléchit à la place du français en lien avec la diversité linguistique et, à l’intérieur de celle-ci, l’anglais comme partenaire et la communauté scientifique anglophone comme cible à convaincre de l'utilité de publier et de lire en d'autres langues.


«Français et multilinguisme dans la science»
Uni Bastions, salle B106
Lundi 18 octobre, de 9h à 18h15

Programme détaillé

13 octobre 2010
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