2010

Une guêpe tueuse comme alternative aux pesticides

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Elle agit comme une véritable bombe intelligente, qui identifie sa cible au milieu de la foule et l’élimine sans bavure. La guêpe parasite tue les insectes nuisibles aux cultures et remplacerait efficacement les pesticides. Elle possède, en outre, des propriétés intéressantes d’un point de vue pharmaceutique, tout en améliorant notre compréhension des mécanismes de l’évolution. C’est ce que vient de mettre en évidence une étude réalisée par le professeur de la Faculté de médecine Evgeny Zdobnov, en collaboration ave l’Institut suisse de bioinformatique, dans le cadre d’un vaste projet de recherche international.

Les scientifiques ont séquencé et analysé le génome de trois guêpes parasites Nasonia. «La comparaison des gènes et du génome de ces insectes nous a permis d’identifier près de 7 000 gènes ayant des contreparties reconnaissables chez les êtres humains», commente le professeur Evgeny Zdobnov.

L’avantage de la guêpe parasite par rapport aux pesticides utilisés dans l’agriculture tient à sa capacité à agir de manière très ciblée sur quelques organismes, alors que les pesticides tuent sans discrimination, empoisonnant de nombreux organismes, y compris les êtres humains situés au bout de la chaîne alimentaire.

En plus de ces vertus, le venin de la guêpe présente d’intéressantes propriétés d’un point de vue pharmaceutique. Elle pourrait aussi servir de nouvel «étalon» pour la génétique. Jusqu’à présent, c’est la mouche drosophile qui a fait office de modèle standard dans ce domaine, principalement parce qu’elle est facilement élevée en laboratoire et se reproduit rapidement. Le mâle de la guêpe Nasonia offre l’avantage de n’avoir qu’une seule paire de chromosomes, au lieu de deux chez la mouche drosophile. «C’est un avantage, en particulier pour étudier la manière dont les gènes interagissent entre eux», précise John H. Werren, de l’Université de Rochester, qui a dirigé le projet international avec Stephen Richards du Genome Sequencing Centre au Baylor College of Medicine.

Les travaux menés par le professeur Evgeny Zdobnov ont également mis en évidence que ces guêpes modifient leurs gènes sur un mode similaire à celui des êtres humains et d’autres vertébrés. Ce processus, appelé «méthylation», joue un rôle important dans les mécanismes d’activation et de désactivation des gènes durant le développement. «Notre analyse nous a permis de découvrir des centaines de gènes que la guêpe possède en commun avec l’espèce humaine, qui sont absents chez la mouche drosophile, ouvrant la voie à des nouvelles recherche sur la fonctionnalité de ces gènes», ajoute Evgeny Zdobnov.


Département de médecine génétique et développement

Institut suisse de bioinformatique

3 février 2010
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