2010

Trois Pôles de recherche nationaux pour l'UNIGE

poles

L’Université de Genève sera l'institution hôte de trois Pôles de recherche nationaux, en collaboration avec l’EPFL et l’Université de Lausanne. Tel est le résultat de la troisième mise au concours des Pôles de recherche nationaux (PRN), annoncé le 15 avril par le Conseiller fédéral Didier Burkhalter. Huit projets ont été retenus pour l’ensemble de la Suisse et se voient dotés d’un financement total de quelque 100 millions de francs pour les quatre prochaines années. Un investissement massif qui ne manquera pas de renforcer la position de pointe de la Suisse dans ses domaines d’excellence, aussi bien en sciences sociales qu’en sciences naturelles.
Cette nouvelle porte à six le nombre de Pôles de recherche nationaux hebergés par l'UNIGE.

Confié au professeur Howard Riezman (Faculté des sciences) et au professeur Kai Johnsson (EPFL), le premier Pôle «Biologie chimique» se propose d’utiliser les nouvelles techniques de la chimie pour étudier le vivant. Le second Pôle «Bases synaptiques des maladies mentales», codirigé par le professeur Dominique Muller (Faculté de médecine) et le professeur Pierre Magistretti (EPFL/UNIL), a pour objectif d’apporter un éclairage novateur sur les pathologies neuropsychiatriques. Placé sous la responsabilité conjointe du professeur Michel Oris (Faculté des sciences économiques et sociales) et du professeur Dario Spini (UNIL), le troisième Pôle «Vulnérabilités à travers le parcours de vie» vise à mieux comprendre pourquoi certains individus s’adaptent moins bien que d’autres aux nouvelles donnes de la société et quelles conséquences tirer de ces disparités? Le professeur Oris a également reçu, de la part du FNS, un financement Synergia de 2,1 millions de francs sur trois ans. Celui-ci servira à réaliser une étude qui s’associe directement aux travaux menés dans le cadre du Pôle national. Intitulé «Old Age Democratization? Progress and Inequalities in Switzerland», ce projet vise à enquêter sur les conditions de vie des personnes âgées en Suisse, en mettant l’accent sur les fortes inégalités qui les caractérisent.

Depuis 2001, l’Université de Genève figure parmi les leaders suisses pour l’accueil de Pôles de recherche nationaux. Elle héberge ainsi trois de ces Pôles: «Frontiers in Genetics», dirigé par le professeur Denis Duboule, consacré à la compréhension de maladies génétiques et au développement de médicaments pouvant les guérir; «Materials with Novel Electronic Properties», dirigé par le professeur Oystein Fischer, qui vise à développer les matériaux électroniques du futur; «Sciences affective», dirigé par le professeur Klaus Scherer, dont l’objectif est de mieux comprendre comment nos émotions façonnent notre comportement et nos prises de décision.

PRN «Biologie chimique»
Utiliser les nouvelles techniques de la chimie pour étudier le vivant: tel est l’objectif du PRN en biologie chimique, qui sera dirigé par le professeur Howard Riezman, du Département de biochimie de l’UNIGE, en collaboration avec le professeur Kai Johnsson de l’EPFL. Le pôle est doté d’un budget de 13 millions de francs pour la période 2010-2014. Contrairement à la biochimie traditionnelle, qui repose pour l’essentiel sur l’examen d’extraits de cellules, ce pôle explorera les cellules vivantes dans leur environnement, grâce aux outils de diagnostic les plus récents. Un des objectifs est de se concentrer sur les voies de signalisation, c’est-à-dire la manière dont les cellules peuvent communiquer avec leur environnement. Cette piste de recherche est de plus en plus étudiée lorsqu’il s’agit de découvrir les mécanismes qui sont à l’œuvre dans le déclenchement de certaines maladies. Autre voie d’investigation importante: l’étude des membranes cellulaires. Des études récentes ont déjà montré que ces membranes ne sont de loin pas homogènes chez les êtres vivants et que leur rôle dans le fonctionnement des cellules est extrêmement important. De petits changements dans leur composition lipidique, par exemple, peuvent induire de grandes différences sur la manière dont un patient est réceptif ou non à une molécule thérapeutique. Réunis en réseau, les chercheurs de ce PRN auront également pour vocation de créer une plateforme académique pour le criblage de nouveaux composants susceptibles d’inhiber l’action de certaines molécules, première étape pour la découverte de nouveaux médicaments. Cette plateforme pourrait ainsi se focaliser sur des maladies relativement peu ciblées par l’industrie pharmaceutique en raison de leur faible portée économique, comme la tuberculose ou la malaria, qui sévissent surtout dans les pays en voie de développement.

PRN «Bases synaptiques des maladies mentales»
L’UNIGE, l'UNIL et l’EPFL seront les institutions hôte du projet «Synaptic». En combinant des compétences en neurophysiologie, en neurologie et en psychiatrie avec les dernières connaissances sur le fonctionnement du cerveau, ce programme se propose d’apporter un éclairage entièrement novateur sur les pathologies neuropsychiatriques. Bien qu’elles représentent un fardeau économique, social et humain de plus en plus lourd pour les sociétés contemporaines, ces pathologies sont très loin d’avoir révéler les mécanismes patho-physiologiques qui leur sont sous-jacents. Les dernières recherches dans ce domaine ont montré que des déficiences des propriétés synaptiques dans cerveau sont à l’origine de certains troubles mentaux. Le PRN «Synaptic» permettra d’explorer ce lien de manière beaucoup plus systématique, grâce à la collaboration étroite entre psychiatres et neuroscientifiques. Avec pour objectif d’identifier comment les disfonctionnements synaptiques altèrent le développement, l’organisation et l’activité des cellules du cerveau, pour aboutir à des troubles du comportement. Dirigé par le professeur Pierre Magistretti, de l’EPFL, et le professeur Dominique Muller du Centre de neuroscience de l’UNIGE, ce Pôle sera doté, pour sa première tranche de quatre ans, d’un financement de 17,5 millions de francs.

PRN «Vulnérabilités à travers le parcours de vie»
Face à la déstabilisation des repères familiaux, religieux ou identitaires qui caractérise les sociétés post industrielles, les individus font preuve de capacités d’adaptation très variables. En Suisse, 12,2 % de la population est définie comme un groupe vulnérable. 26,6 % se déclarent souvent ou très souvent stressés, en particulier dans les domaines familiaux et professionnels, selon le Secrétariat d’Etat à l’économie, qui chiffre les coûts financiers de cette vulnérabilité à 8 milliards de francs par année. Pourquoi certains individus s’adaptent-ils moins bien que d’autres à la nouvelle donne et quelles conséquences tirer de ces disparités? Le PRN «Les vulnérabilités à travers le parcours de vie» entend répondre à ces questions par le biais d’enquêtes et d’analyses approfondies, dans une perspective interdisciplinaire. Avec l’Université de Lausanne, l’UNIGE pourra apporter ses compétences en sciences sociales – avec un accent sur l’économétrie, la démographie, la sociologie, la statistique et les études genre – en psychologie et en gérontologie. Des compétences qui ne seront pas de trop pour venir à bout de cet ambitieux projet. Les études menées jusqu’ici dans ce domaine ont permis de montrer que l’appartenance à l’une ou l’autre des grandes catégories socio-professionnelles ne permet pas d’expliquer les processus qui rendent certains individus plus vulnérables. Des personnes aisées ou possédant un bon capital santé peuvent ainsi se retrouver fragilisées, tandis que des individus appartenant à des milieux plus modestes ou exerçant des métiers mettant leur santé à rude épreuve, s’en tirent mieux. Par ailleurs, en se focalisant sur un seul aspect, un seul domaine de vie (travail, situation familiale ou santé), ces études n’ont pas permis une analyse détaillée des multiples facteurs qui influencent le parcours de vie et de leurs interactions. Le travail d’enquête et d’analyse de ce PRN doit permettre l’élaboration de données longitudinales, vitales pour contribuer au renouvellement des politiques sociales en Suisse, actuellement fondées sur des critères beaucoup trop rigides. En lui apportant son soutien - 14,5 millions de francs pour les quatre premières années de fonctionnement - la Confédération marque sa volonté de disposer d’un centre de compétences national dans ce domaine, avec une tête de proue en Suisse occidentale, capable de tenir la barre aux côtés des grandes enquêtes internationales, notamment européennes. Les responsables du programme se sont donnés trois axes de recherche. Le premier vise à identifier quels sont les facteurs déterminant la vulnérabilité des individus et en quoi ces facteurs sont liés à des trajectoires de vie sur le long terme. Le second consiste à examiner les conséquences de la vulnérabilité. Le troisième porte sur l’examen des ressources et actions entreprises par les individus pour compenser leur vulnérabilité et en atténuer les effets les plus négatifs.
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15 avril 2010
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