2012

Une histoire de la peine capitale

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Exiler, taxer, mettre à mort et enfermer: avec des déclinaisons temporelles différentes, ces quatre modalités punitives sont universelles dans les sociétés occidentales anciennes, modernes et contemporaines. La «mort comme peine» appartient donc depuis toujours à leur arsenal punitif.

Coutumière chez les Anciens et au Moyen Âge selon des modalités et des contentieux propres à ces sociétés de citoyenneté et d’ordres, pivot d’intimidation de la souveraineté moderne et du pénal hégémonique dans la culture du supplice public et expiatoire qui monte en force depuis le XVIe siècle avec le monopole pénal de l’État absolutiste, déclinant lentement au temps des Lumières sous l’impact d’un pragmatisme des usages et d’un libéralisme pénal, maintenue comme la «simple privation de la vie» à côté de la prison dans le code pénal (1791, 1810), entrant depuis le XIXe siècle dans une phase d’abolition légale dans les États démocratiques, la peine de mort - publique en France jusqu’en 1939 comme expression spectaculaire de la souveraineté punitive particulièrement exacerbée sous l’Ancien régime – disparaît définitivement au XXe siècle du régime pénal européen en restant légale dans maints États, dont les États-Unis, la Chine, le Japon ainsi que de nombreux régimes islamistes.

L’abolition universelle de la peine capitale est prônée actuellement par l’Union européenne. Bien souvent d’ailleurs, l’histoire de la mort comme peine est celle de son abolition plutôt que de celle ses usages étatiques.

L’équipe DAMOCLES du Département d’histoire générale consacre, le vendredi 26 octobre, sa seconde journée d’étude à cette question. L’occasion de penser dans une approche comparatiste la culture de la peine capitale pour en montrer la place institutionnelle, les dimensions doctrinales et les supports idéologiques dans les cultures juridiques, la philosophie pénale, les pratiques et les sensibilités depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui.

Depuis le médecin GUILLOTIN et le chirurgien LOUIS, rétentionnistes mais concepteurs «éclairés et philanthropiques» de la guillotine contre les supplices anciens, l’idéologie du progrès scientifique, parfois médicalisée au nom de l’euphémisme du châtiment «indolore», légitime la mort comme rétribution du crime. Les spécialistes d’histoire et de sociologie de la justice pénale réunis pour cette journée d’étude discuteront les usages et les doctrines de la peine capitale selon divers contextes temporels, géographiques, juridiques et culturels pour en montrer les continuités, les ruptures, les similitudes et les divergences.

Cette journée d’études est liée au cours (La mort comme peine: doctrines, pratiques et représentations, XVIe-XIXe siècles) et au séminaire de recherche (Mourir sur l'échafaud sous l'Ancien Régime: Archives, histoire, édition) en histoire moderne.


La peine de mort de l'Antiquité à aujourd'hui: doctrines, pratiques et représentations
Journée d’études DAMOCLES
Uni Bastions, salle B111
Vendredi 26 octobre dès 8h45

Département d’histoire générale

19 octobre 2012
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