2018

L’océan indien, un réservoir de méthane inattendu ?

L’expédition suisse, engagée dans un tour du monde de quatre ans pour mesurer l’impact humain sur les océans et sensibiliser aux enjeux de développement durable qui s’y rapportent, vient d’achever sa traversée de l’océan indien et livre ses résultats.

 

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© Fondation Pacifique

Depuis 2015, The Ocean Mapping Expedition parcourt les océans afin de mesurer l’impact humain sur leur évolution et sensibiliser aux enjeux de développement durable. Le programme scientifique The Wind of Change, dirigé par des chercheurs de l’Université de Genève (UNIGE) en collaboration avec la Fondation Pacifique, s’insère dans ce cadre et étudie plus spécifiquement les gaz à effet de serre à la surface des océans. Après avoir parcouru les 4'300 miles à bord du voilier Fleur de Passion, la plus longue observation jamais réalisée des gaz à effets de serre à la surface des océans depuis un bateau, les résultats des scientifiques suggèrent que l’océan indien pourrait être un important réservoir de méthane atmosphérique. Cette étude confirme le besoin urgent de disposer de données de terrain de référence pour réévaluer le rôle des océans dans le cycle de carbone, dans le contexte général du changement climatique.

 

Alors que le voilier suisse Fleur de passion, plateforme logistique de l’expédition The Wind of Change, a achevé le 23 mai 2018 à Madagascar sa traversée de l’océan indien en provenance de Jakarta, les équipements du bord qui enregistrent en continue la teneur en méthane et en dioxyde de carbone fournissent des données de terrain inédites et cruciales pour la compréhension du cycle de carbone dans le contexte général du changement climatique. «Pour la première fois, nous sommes en mesure d’observer et de quantifier les concentrations de méthane (CH4) et de dioxyde de carbone (CO2) à la surface des océans dans le cadre de ce qui constitue le plus long tracé longitudinal jamais réalisé d’un océan, en l’occurrence l’océan Indien», commente Daniel McGinnis, chef du Groupe de Physique aquatique à l’UNIGE et responsable du programme The Winds of Change. «Et nos données démontrent que l’océan indien continue d’être un important réservoir de CO2

 

Le méthane atmosphérique absorbé par l’océan indien

Plus surprenant, l’océan indien pourrait s’avérer un réservoir inattendu de méthane atmosphérique. «En règle général, on considère que pratiquement tous les océans et les étendues d’eau douce terrestre sont des sources de méthane», continue Daniel McGinnis. «Mais au-dessus de l’océan indien, le méthane observé à la surface est en permanence 5-6% plus bas que les concentrations atmosphériques.» Il apparaît donc à première vue que l’océan indien pourrait absorber le méthane de l’atmosphère. Des investigations plus approfondies sont en court pour expliquer ce phénomène.

 

Le taux de méthane est proportionnel à l’activité humaine

Les données de référence collectées par le programme The Winds of Change pendant les cinq semaines de traversée de l’océan indien s’ajoutent à celles des quatre premiers mois du programme entre les Philippines et Jakarta en Indonésie via Brunei, Kuching et Singapour.

Entre l’île de Mactan en janvier 2018 et la capitale indonésienne, où The Ocean Mapping Expedition a fait escale en avril, le programme The Winds of Change a en effet permis d’identifier les premiers «hot spots», des zones de forte émission de gaz à effet de serre nécessitant une attention particulière de la part de la communauté scientifique pour en surveiller la dynamique.

«Nous avons pu constater que les concentrations de méthane et de dioxyde de carbone augmentaient très clairement à proximité des villes, des côtes et des îles, ainsi qu’au-dessus des eaux peu profondes. Autrement dit dans les régions impactées par l’activité humaine et où l’on observe une plus forte croissance des algues», poursuit Daniel McGinnis.

 

Ré-évaluer de manière urgente le cycle du carbone

The Winds of Change a l’ambition d’apporter à la communauté scientifique des données de terrain inédites contribuant à une meilleure compréhension du rôle des océans dans la problématique du changement climatique. Au vu de l’évolution préoccupante du climat et de l’acidification des océans qui en découle, il devrait permettre de revoir de manière urgente les concepts sur le cycle du carbone à l’échelle globale.

«L’un des objectifs du programme The Winds of Change est de rendre visible les zones de recherche à l’attention de la communauté scientifique, des acteurs publics en charge de la gestion des zones côtières et de tout autre décideur. Nous espérons susciter leur intérêt, en particulier dans des régions où la recherche environnementale est insuffisante, et fournir des données et des informations à ceux qui ont les moyens de mener des recherches sur les émissions de gaz à effet de serre», expose Daniel McGinnis.

 

Pour mener le programme The Winds of Change, le voilier de 33 mètres Fleur de Passion - un ancien démineur de la Marine allemande construit en 1941, converti depuis en ketch et aujourd’hui le plus grand voilier sous pavillon suisse - est équipé d’un analyseur de gaz à effet de serre relié à une prise d’air située à 16 mètres au dessus de la surface de la mer sur le mât d’artimon (à l’arrière du bateau) et qui procède automatiquement à des analyses toutes les minutes. Il poursuivra ainsi sa mission climatique jusqu’au terme de l’expédition autour du monde, en septembre 2019 à Séville.

Partie de Séville en avril 2015, The Ocean Mapping Expedition consiste en un tour du monde de 4 ans dans le sillage de Ferdinand de Magellan mêlant science, éducation et culture, quelque 500 après la première circumnavigation jamais effectuée. Organisée par la fondation suisse Pacifique basée à Genève, elle entend contribuer à une meilleure compréhension de l'impact humain sur les océans et à une plus grande prise de conscience des enjeux de développement durable.

7 juin 2018

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