Actualités 2013

17 juin 2013 Soutenance de thèse publique à l'ISE

How GIS contributes to Efficient Mine Action’, Pierre Lacroix, 10h  Battelle Bâtiment D


La Campagne Internationale pour Interdire les Mines (International Campaign to Ban Landmines : ICBL) rapporte qu’entre 1999 et 2010 les mines terrestres ont fait plus de 80’000 victimes dans 117 pays et régions du monde. En 2010, on dénombrait 4'191 victimes, parmi lesquelles environ 75% de civils. Pour cette seule année 2010, le chiffre de 1'155 morts a été avancé, mais il est probablement en deçà de la réalité. Afin de lutter contre le fléau que représentent les mines terrestres, des dizaines d’organisations non-gouvernementales, commerciales et autres se mobilisent de jour en jour. Certaines d’entre elles ont désormais recours à des technologies avancées telles que les capteurs hyper-spectraux pour la détection et les applications mobiles pour la collecte de données sur le terrain. Les systèmes d’information géographique (SIG) restent quant à eux encore très peu utilisés par les acteurs du déminage humanitaire, alors qu’ils le sont de manière extensive par de nombreuses autres communautés d’utilisateurs. Cette thèse de doctorat s’intitule ‘How GIS contributes to Efficient Mine Action’. Elle examine dans quelle mesure la cartographie et les SIG peuvent contribuer à augmenter l’efficacité des activités de déminage humanitaire, et s’articule autour de trois problématiques.
Dans un premier temps, nous examinons comment les outils et méthodes cartographiques peuvent permettre de rendre visible le problème de la contamination par les mines antipersonnel et les restes explosifs de guerre. A cette fin, nous évaluons différentes méthodes de représentation de données et discutons leur aptitude à répondre aux besoins en cartographie de quatre catégories d’acteurs du déminage : (1) les donateurs et le grand public, (2) les responsables des programmes nationaux de lutte anti-mines, (3) les opérateurs sur le terrain et (4) les administrateurs de bases de données. Notre travail explore différentes échelles géographiques, allant du niveau global au niveau municipal. Il montre aussi les défis que pose la cartographie de la contamination par les mines, comme le respect de la confidentialité des données et la sensibilité de la représentation aux frontières, et il propose différentes pistes pour relever ces défis.
Dans un deuxième temps, nous étudions dans quelle mesure les SIG peuvent aider les acteurs du déminage à améliorer la prise de décision et à fixer des priorités. En partant de l’hypothèse que les activités de déminage peuvent être fortement influencées par les conditions environnementales et socio-économiques, nous développons deux nouvelles approches basées sur l’analyse multicritère de données géo-spatiales telles que la densité de population, les établissements humains, la couverture du sol, la pente, la qualité du réseau routier et la présence d’infrastructures ou d’installations médicales. La première de ces approches, 5D (Determining and Displaying a Degree of operational Difficulty of Demining), modélise la difficulté opérationnelle du déminage mécanique et la classifie en quatre niveaux: faible, moyen, important et extrême. Ces degrés de difficulté sont restitués sous forme d’une carte raster, sur la base de laquelle des macro-statistiques peuvent être calculées et fournies aux décisionnaires ainsi qu’aux opérateurs sur le terrain. La deuxième approche, MASCOT (Multi-criteria Analytical SCOring Tool), permet d’attribuer une note (ou ‘score’) aux intrants (typiquement, des mines antipersonnel et des restes explosifs de guerre) en fonction de leur distance aux objets du monde réel (par exemple, le nombre d’écoles ou d’installations médicales situées dans un rayon donné). Une spécificité de MASCOT tient dans sa capacité à intégrer des données vectorielles et raster au cours d’un même processus de notation.
Dans un troisième temps, nous analysons les conditions qui permettraient d’offrir à la communauté de l’action contre les mines un meilleur accès aux données géo-spatiales, et qui contribueraient à améliorer leur diffusion. Plus généralement nous explorons des pistes qui peuvent permettre de rendre les SIG plus accessibles aux acteurs du déminage humanitaire. Dans ce contexte, nous développons différents outils destinés (1) à optimiser la préparation des données venant du terrain et (2) à améliorer les processus de production et de publication de cartes à partir de ces données. Nous participons également au développement et à la mise en ligne d’une formation qui enseigne les fondements de la cartographie et des SIG. Enfin, sur la base d’un benchmark de différentes solutions de publication de géo-services, nous mettons à disposition des acteurs du déminage humanitaire une série de recommandations et de ‘best practices’ pour leur permettre de délivrer des services de cartes et de données adaptés à leurs ressources et à leurs besoins. En guise de conclusion, nous examinons les perspectives et les limitations de notre travail de recherche, et nous prodiguons des conseils et des recommandations pour le futur.

10 juin 2013
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