7ème Semaine internationale du cerveau
Université de Genève
du 15 au 25 mars 2004
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2004: NOUVELLES THÉRAPIES DU CERVEAU

Table ronde animée par Sylvie Rossel
15 mars 2004

Chaque année, les recherches sur le cerveau livrent leur lot de découvertes, mais aussi d'énigmes. La table ronde "2004: Nouvelles thérapies du cerveau" propose ainsi de faire le point sur certaines des dernières avancées scientifiques et les espoirs de traitements qui en découlent.

Stimuler la vie
François Vingerhoets traitera de la maladie de Parkinson, maladie neurodégénérative tristement célèbre et principalement caractérisée par la disparition progressive de certaines cellules du cerveau: les neurones dopaminergiques nigrostriés. Cette atteinte relativement restreinte et localisée a permis de mettre au point plusieurs approches thérapeutiques nouvelles, présentes ou futures, que le prof. Vingerhoets présentera brièvement. La première permet de substituer la fonction des neurones disparus à l'aide de médicaments antiparkinsoniens, ou en agissant par une stimulation électrique cérébrale profonde. La deuxième tente le ralentissement de la progression de la maladie par des médicaments protecteurs, ou par l'introduction intracérébrale de facteurs de croissance. Enfin, la dernière consiste à remplacer les neurones disparus soit en pratiquant une greffe de cellules fœtales ou de cellules souches, soit par l'introduction intracérébrale de facteurs favorisant la croissance neuronale, par exemple par l'intermédiaire de cellules génétiquement modifiées et encapsulées.

Guérir à vue d'oeil
Avinoam Safran se penchera, pour sa part, sur la restauration d'une fonction visuelle par neuro-prothèses. Chez les patients présentant une atteinte massive de la vision, les développements en microélectronique permettent aujourd'hui d'envisager, à moyenne échéance, l'implantation de prothèses visuelles visant à restituer une certaine perception. Ces systèmes reposent sur un principe de stimulation électrique de neurones au niveau du cortex visuel, du nerf optique, ou de la rétine. Chacune de ces techniques de stimulation a vraisemblablement ses avantages et inconvénients. Leurs indications respectives pourraient dépendre du type d'atteinte des voies visuelles. C'est pourquoi, il y a 5 ans, le prof. Safran et son équipe ont initié un vaste programme de recherche interdisciplinaire, ambitionnant de développer une neuroprothèse destinée à stimuler la rétine de sujets aveugles. Un prototype d'implant rétinien est notamment développé au travers d'un vaste projet pluridisciplinaire couvrant les aspects techniques, psychophysiques, électrophysiologiques et chirurgicaux du problème. Ce projet, l'un des cinq actuellement conduits dans le monde sur ce thème, est notamment réalisé avec le prof. Marco Pelizzone.

Pouvoir être à l'écoute
Marco Pelizzone parlera des projets actuels qui visent à développer des prothèses nerveuses destinées à réhabiliter des personnes souffrant de surdité profonde, les implants cochléaires. Ces implants sont des prothèses auditives très spéciales. Grâce à une partie implantée qui stimule directement le nerf auditif, ils permettent aux personnes totalement sourdes d'entendre. Ils sont déjà utilisés avec succès en clinique, mais uniquement dans une seule oreille. Marco Pelizzone et son équipe cherchent maintenant à développer des implants cochléaires binauraux stimulant de manière stéréophonique les deux oreilles. L'expérience acquise à Genève avec les implants cochléaires sera très utile pour développer un implant rétinien performant car, comme cela a été dit précédemment, les progrès récents dans le domaine de la micro-frabrication ouvrent de nouvelles possibilités.

Intervenants

Marco Pelizzone obtient son doctorat en physique à l'Université de Genève en 1982 pour le développement d'un détecteur ultra-sensible de champ magnétique. De 1982 à 1989, il étudie les minuscules champs magnétiques émis par le cerveau humain, grâce à un stage post-doctoral à l'Université de New York et plusieurs séjours à l'Université technique d'Helsinki. Depuis 1984, il dirige deux groupes de recherche où de jeunes physiciens et ingénieurs poursuivent leur curriculum académique, tout en effectuant un travail de recherche appliquée au Département des neurosciences cliniques des Hôpitaux universitaires de Genève. Professeur à la Faculté de médecine et auteur de plus de 100 articles scientifiques, ses recherches actuelles portent, entre autres, sur la psychophysique de l'audition et de la vision ainsi que sur le développement de prothèses neurosensorielles. Il présidera cette année le Congrès européen d'implantation cochléaire chez les enfants, qui se tiendra en mai à Genève.

Avinoam B. Safran est professeur ordinaire à la Faculté de médecine, et médecin-chef du service d'ophtalmologie des Hôpitaux universitaires de Genève. Il étudie la médecine à Genève, et y acquiert une formation de spécialiste en ophtalmologie. Il se forme ensuite en neuro-ophtalmologie en Floride et en Californie. Ce domaine, qui concerne les relations entre l'oeil, la vue et le cerveau, devient par la suite l'objet principal de ses recherches. Il y acquiert une renommée internationale par des études portant notamment sur le champ visuel, sur le contrôle des mouvements des yeux, et plus récemment, sur l'expression clinique de la plasticité cérébrale, c'est-à-dire la capacité du cerveau de se restructurer, notamment après lésions des voies visuelles. Auteur de près de 200 publications scientifiques, il a publié plusieurs ouvrages concernant les aspects neuro-ophtalmologiques du déficit visuel et de la réadaptation des handicapés de la vue, la douleur oculaire. Il présidera cette année le Congrès de la Société Internationale de Neuro-Ophtalmologie, qui se tiendra en juillet à Genève.

François Vingerhoets débute ses études de médecine à Neuchâtel et complète sa formation de neurologue FMH en 1991 au CHUV à Lausanne. Il travaille ensuite 3 ans comme Clinical and research fellow de l'unité des maladies neurodégénératives de l'Université de Colombie britannique à Vancouver au Canada, où il s'est particulièrement intéressé à l'étude de la maladie de Parkinson, tant cliniquement qu'avec l'aide de la tomographie par émission de positrons. Il revient en Suisse en 1995 dans le service de neurologie des Hôpitaux universitaires de Genève dont il est encore consultant et Privat-docent. En 1998, il retourne dans le Service de neurologie du CHUV où, médecin adjoint et professeur associé, il dirige actuellement l'hôpital de jour et l'Unité des maladies neurodégénératives. Le prof. Vingerhoets est l'auteur de près de 100 publications scientifiques neurologiques principalement dans le domaine des maladies neurodégénératives, plus particulièrement de la maladie de Parkinson.