Semaine internationale du cerveau
Du lundi 10 mars au dimanche 16 mars 2008

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Le réel, c'est dans la tête!
Lundi 10 mars à 19h
Uni Dufour (24 rue Général-Dufour, Genève)
Auditoire Piaget (U600, sous-sol)

Intervenants:
Bernard Baertschi (philosophe, UNIGE)
Thierry Steimer (neurobiologiste, HUG)
Mario Raggenbass (neurobiologiste, UNIGE)
Modératrice: Ariane Vlérick

Bernard Baertschi commencera, pour la première table ronde de la Semaine, par jeter les bases historiques de la réflexion portant sur la relation entre le cerveau et les réalités.

En 1981, un philosophe américain, Hilary Putnam, imagine l'histoire suivante: un savant fou vous kidnappe après vous avoir endormi. De retour à son laboratoire, il vous retire votre cerveau, le place dans une cuve et le connecte à un ordinateur très performant, capable d'envoyer des influx nerveux simulant parfaitement les informations transmises par votre corps à votre cerveau. Lorsque vous vous réveillez le lendemain matin, tout vous semble parfaitement normal. Putnam se demande alors comment savoir que nous ne sommes pas des cerveaux dans une cuve en train de lire ce texte. Cette fable reprend à sa manière l'hypothèse du Malin Génie que René Descartes avait imaginée au XVIIe siècle, époque depuis laquelle on se demande avec insistance comment l’être humain peut savoir avec certitude qu'il existe une réalité hors de lui. Et si quelque chose correspond, dans la réalité, aux images mentales qu’il forme pour se représenter le monde. Qui est ce «nous»? Une âme, un cerveau ou un corps? Bernard Baertschi achèvera sa présentation en évoquant les sens possibles d’une telle question.

Thierry Steimer prendra ensuite le relais en insistant sur la nécessité, dans l’étude du comportement animal et humain, de comprendre la nature de ce qui constitue la «réalité» de chaque espèce. Pour ce biologiste, c’est le mérite de Jacob von Uexküll (1864-1944) d’avoir montré que cette réalité dépend des capacités sensorielles, motrices et psychologiques de chaque espèce, du développement de son système nerveux et des conditions dans lesquelles l’individu doit survivre et assurer la continuation de son espèce. Dans ce cadre, les objets ou les événements doivent être considérés comme des signes «porteurs de signification». Ils sont interprétés en termes «d’utilité» (ceci est mangeable, cela est dangereux, etc). L’espace et le temps peuvent aussi être perçus de manière très différente selon l’espèce. Ainsi, chaque espèce vit dans sa propre «réalité», avec des intersections possibles (relation proie-prédateur, communication interspécifique…). Thierry Steimer montrera comment cette conception de la réalité pourrait modifier notre approche et notre compréhension des relations entre cerveau, comportement et environnement. Il discutera des implications pour la psychiatrie, les troubles du comportement et la neurobiologie du stress.

Enfin, Mario Raggenbass s’exprimera au sujet des mécanismes nerveux de la vision. Contrairement à ce que suggèrent la spontanéité et le manque d’effort associés à l’acte de voir, la vision est une activité perceptuelle et cognitive complexe. Au moyen d’images, le spécialiste illustrera quelques-uns des problèmes que le cerveau doit résoudre afin de générer l’image visuelle dont nous sommes conscients. La production d’une scène visuelle en trois dimensions à partir d’une information rétinienne en deux dimensions, par exemple. Ou l’assignation d’une couleur particulière à chaque objet (la couleur n’existant pas pour elle-même) et la vérification que cette couleur reste constante quelles que soient les conditions d’illumination. Ou bien encore le fait que, lorsque l’image d’un objet défile sur la rétine, c’est le cerveau qui détermine si c’est l’objet ou si ce sont les yeux qui sont en mouvement. On verra ainsi comment, loin de réceptionner passivement une information optique venant de l’extérieur, le cerveau construit sans cesse un modèle de la réalité, modèle qui se veut cohérent, fidèle et biologiquement pertinent. Le prix à payer d’une telle mobilisation permanente consiste en différentes sortes d’illusions visuelles : celles dites classiques, celles de type chromatique et celles qui consistent à percevoir des mouvements illusoires.

Lundi 10 mars
Le réel c'est dans la tête!

Mardi 11 mars
Réalité virtuelle
et modification du comportement

Mercredi 12 mars
Aux frontières de la conscience:
hypnose, coma et faux-souvenirs

Jeudi 13 mars
Schizophrénie
ou altération de la réalité

Vendredi 14 mars
Rêver et veiller:
les troubles du rêve