Semaine internationale du cerveau
du 12 au 17 mars 2001

La mémoire: comment ça marche !

Table ronde animée par Sylvie Rossel avec Dominique Muller (Université de Genève), Armin Schnider (Hôpital Beau-Séjour), Reinhild Mulligan (Belle-Idée)
13 mars 2001

Depuis quelques années, les chercheurs commencent à mieux comprendre où et comment nous stockons de l'information dans notre cerveau. Ces découvertes ont déjà quelques applications cliniques, puisqu'on peut traiter certains problèmes mnémiques. Toutefois, la mémoire n'a pas encore livré tous ses secrets !

Où se trouve la mémoire dans le cerveau ?

Notre cerveau contient environ 100 milliards de cellules nerveuses (neurones) distribuées, pour la plupart d'entre elles, dans ce qui forme la matière grise du cortex cérébral. Ces cellules nerveuses sont organisées en de multiples réseaux où chacun remplit une fonction particulière selon sa localisation dans le cortex.

Actuellement, les spécialistes situent la mémoire dans plusieurs régions du cerveau responsables, selon leurs fonctions spécifiques, du stockage des nouvelles informations. La mémorisation durable dépend de l'hippocampe et de son cortex adjacent. Les lésions dans cette région, que ce soit par accident cérébro-vasculaire, traumatisme ou inflammation, peuvent provoquer des troubles de mémoire tels que l'amnésie. Le système limbique antérieur du cerveau gère, quant à lui, la sélection des informations stockées. Dans les cas de traumatisme crânien ou de rupture d'anévrisme, cette région, qui d'ordinaire sélectionne les informations dont la personne a besoin pour interagir avec la réalité, ne joue plus le rôle de filtre. Le passé s'impose alors dans le présent des patients qui, de ce fait, souffrent d'un excès de souvenirs.

Les mécanismes de la mémoire

Afin de mémoriser les informations et de les stocker correctement, les neurones sont les chevilles ouvrières de notre cerveau. Ils génèrent des signaux électriques et communiquent les uns avec les autres au niveau de petites structures appelées synapses. Pour que nous puissions stocker convenablement de nouvelles informations, ils sont capables d'amplifier des signaux et de favoriser la communication avec certaines cellules. En outre, sur chaque cellule nerveuse, des contacts synaptiques peuvent être créés ou éliminés en tout temps, selon l'activité ou les fonctions que la cellule remplit au sein du réseau. Cette plasticité cérébrale étonnante permet aux réseaux de neurones de se réorganiser et de se remodeler. Toutefois, les mécanismes moléculaires qui contribuent à cette plasticité cérébrale restent encore un mystère et représentent un enjeu important de la recherche en neurosciences. Leur compréhension pourrait permettre de traiter des problèmes de mémoire mais également de déterminer le rôle, vraisemblablement primordial, de cette plasticité dans la capacité de notre cerveau à récupérer des fonctions perdues lors de lésions ou d'atteintes neuropathologiques diverses.

La mémoire qui flanche !

La mémoire n'est pas constante. Avec l'âge, il est même normal d'observer une diminution de certaines capacités mnésiques qui se manifeste par des oublis sporadiques, des difficultés à retenir de nouvelles informations et une diminution de la concentration. La performance mnésique de la personne âgée est par ailleurs très souvent influencée par d'autres facteurs tels que la baisse de l'ouïe, de la vision ou par des problèmes psychosociaux.

En utilisant des stratégies visant à renforcer l’enregistrement d’une information, les problèmes de mémoire liés à l’âge peuvent être largement éliminés. Ces programmes reposent sur l’enseignement de différents procédés mnémotechniques: associations entre un visage et un nom, images mentales, rimes etc. L’objectif est d'aider ces personnes à récupérer plus facilement une information à l'aide d'indices. Par ailleurs, les spécialistes ont montré que des facteurs généraux comme une bonne santé, des activités stimulantes et une personnalité flexible "protègent" le cerveau des effets du vieillissement.

La perte de mémoire peut toutefois devenir pathologique et sa cause la plus fréquente chez la personne âgée est la maladie d'Alzheimer. Les symptômes d’alarme peuvent être des oublis persistants, notamment d'informations récentes, des difficultés à accomplir des tâches plus complexes ou des modifications d'habitudes comme, par exemple, un manque d’initiative ou un repli social. Dans ce cas, un diagnostic précis et précoce est important pour pouvoir instaurer un traitement symptomatique qui vise à stabiliser la maladie et à ralentir son évolution. De plus, dans les premiers stades de la maladie, il est possible d'optimiser les performances quotidiennes des patients en exploitant leurs capacités encore préservées ou en utilisant des "prothèse-mémoire" comme par exemple un agenda.


Sylvie Détraz Presse, Informations, Publications
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