Semaine internationale du cerveau
du 12 au 17 mars 2001

Longtemps les mécanismes du sommeil sont restés mystérieux. Il a fallu la fin des années 30 et la découverte des enregistreurs d'activité cérébrale pour commencer à découvrir ce qui se cachait derrière ce temps "perdu" pourtant indispensable.

Mal dormir a en effet un sérieux impact sur la vie sociale et professionnelle. Nombreux sont ceux qui se réveillent fatigués, qui s'endorment difficilement à des horaires convenables ou qui somnolent durant la journée.

Les troubles du sommeil prennent plusieurs formes et touchent un large public. Par exemple, les problèmes d'apnée du sommeil concernent entre 1 et 15% de la population, en particulier les hommes et les personnes avec une surcharge pondérale, qui arrêtent de respirer durant leur sommeil. En outre, 10 à 25% de la population souffre d'insomnie chronique. Un chiffre qui augmente par ailleurs lorsque l'insomnie est transitoire, liée à des situations de stress, d'anxiété ou de dépression.

Certains de ces troubles peuvent disparaître grâce à une bonne hygiène de vie. Pour diminuer les risques d'une apnée du sommeil, il faudrait par exemple éviter l'absorption d'alcool. Afin de faciliter l'endormissement et favoriser un sommeil de qualité, il est également déconseillé de travailler ou de regarder la TV trop tard. Enfin, selon les pathologies, les spécialistes recommandent des mesures non médicamenteuses telles que la thérapie de relaxation, le contrôle des stimuli, etc.

Toutefois les recherches menées sur le sommeil ont montré que certains troubles peuvent avoir des causes organiques et génétiques.

Le sommeil: une affaire de gènes

Bien que les origines des troubles du sommeil restent encore inconnues, les spécialistes savent néanmoins que les facteurs génétiques jouent un rôle non négligeable dans des troubles comme le somnambulisme, l'enurésie (quand les enfants font pipi au lit), les mouvements périodiques des jambes, la narcolepsie (caractérisée par des endormissements involontaires et des pertes de tonus musculaire).

Certains gènes, appelés gènes de susceptibilité, jouent par exemple un rôle important dans le somnambulisme. Ils ont la particularité de fonctionner normalement bien qu'ils aient subi une légère modification de leur séquence d'ADN. Des études ont toutefois démontré qu'une fréquence élevée de l'un de ces gènes de susceptibilité augmente les risques de somnambulisme.

Des recherches ont également mis en évidence que l'architecture du sommeil peut se transmettre génétiquement et qu'elle peut être utilisée comme un indicateur d'une dépression. Des chercheurs ont en effet observé chez les parents de personnes dépressives une modification du sommeil caractéristique de la dépression, qui est constatée chez 2/3 des patients.

Traitements

Malgré le nombre important de troubles associés au sommeil, aucun ne bénéficie encore à ce jour d'un traitement curatif. Les recherches doivent permettre d'élucider leurs causes et le développement récent de la génétique ouvre la voie à de nouvelles perspectives: identification des mécanismes moléculaires responsables de ces troubles et à plus long terme, développement de thérapies.

Il existe toutefois actuellement des traitements pour diminuer les symptômes engendrés par certains troubles du sommeil. Le traitement de l'apnée du sommeil consiste par exemple à appliquer la nuit une pression positive continue (Continuous Positive Airway Pressure, CPAP), obtenue à partir d’un petit appareil à soufflerie et administrée aux voies respiratoires, nasales et buccales. Cela supprime les troubles respiratoires et diminue les symptômes en quelques jours. Pour soulager les symptômes d'endormissement de la narcolepsie, les cliniciens disposent de médicaments qui ont un effet stimulant. Pour les personnes qui souffrent des mouvements périodiques des jambes durant leur sommeil, les praticiens peuvent administrer des substances dopaminergiques.

Classification et clinique des différents troubles du sommeil:

1. Insomnies: parmi certaines causes d'insomnies, il y a des facteurs tels que le stress, le deuil ou l'abus d'alcool, mais également les maladies psychiatriques comme la dépression et le syndrome des mouvements périodiques des jambes.
2. Hypersomnies: elles sont caractérisées par une somnolence diurne excessive. Les apnées du sommeil représentent la cause la plus fréquente et se manifestent cliniquement par des ronflements intenses et fréquents, des pauses respiratoires, un déficit d'oxygène et des éveils fréquents. La narcolepsie, plus rare, se manifeste notamment par des endormissements brutaux et une perte de tonus pouvant aller jusqu'à la chute en cas d'émotions fortes.
3. Parasomnies: elles sont caractérisées par des événements indésirables au cours du sommeil. Parmi elles: somnambulisme, cauchemars, terreurs noctures, grincements de dents, etc.
4. Troubles du rythme veille/sommeil: ils sont caractérisés par un déplacement du rythme veille/sommeil. Le "jet lag" dû aux décalages horaires et les troubles du sommeil chez les personnes travaillant en horaire alterné en sont deux exemples.