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Rénovation de l’enseignement primaire / Groupe de recherche et d’innovation
Document à l'intention du Groupe de Pilotage de la Rénovation


 

 

Les écoles en innovation :
passer de l’activisme à la méthode
Rénovation : bilan de l’an 1

 

 Monica Gather Thurler

1996


Introduction

I. L’individualisation des parcours : de l’activisme à la pratique réfléchie

II. Travailler ensemble : une série de nouveaux équilibres à trouver

III. Mettre l’enfant au centre : lorsque la réalité résiste…

IV. Evaluation des élèves : vers une évaluation au service de la progression des apprentissages

V. Conclusions

VI. Perspectives de développement pour l’année scolaire 1996-97


  • Introduction

    Les quinze écoles en innovation ont commencé, dès la rentrée scolaire 1995, l’exploration des trois axes de la rénovation selon le projet qu’elles avaient déposé durant le printemps précédent et qui avait été examiné et approuvé par le Groupe de pilotage. Neuf mois plus tard - la durée d’une gestation - il paraissait légitime qu’elles marquent un temps d’arrêt d’agir pour faire le bilan de leur première année de fonctionnement. Une année, c’est à la fois peu et beaucoup. C’est peu en regard de la complexité du chantier, dont tous ont pris conscience au fur et à mesure qu’ils avançaient dans la réflexion. C’est peu si l’on pense que les équipes pédagogiques n’ont " pas que ça à faire ", que les enseignants (Note 1) continuent à enseigner, à faire face aux soucis des parents, à vivre. C’est par contre beaucoup si l’on considère que la phase d’exploration de la Rénovation a été limitée à quatre ans et qu’un quart de ce temps est donc déjà écoulé. C’est beaucoup si l’on pense que la mise en oeuvre des notions telles que " cycle d’apprentissage " et " coopération professionnelle " viennent de commencer et qu’il faudra pouvoir accélérer le pas, travailler mieux et plus efficacement si l’on veut faire un premier tour des problèmes durant les trois années qui restent.

    C’est probablement la conscience du temps limité et de devoir rendre des comptes qui a amené les écoles en innovation à répondre positivement à la demande du Groupe de pilotage de rédiger leur premier bilan pour le mois de mai 1996 (Note 2) . C’est peut-être aussi l’émergence d’une nouvelle culture qui amène ces écoles à utiliser l’écrit pour produire la base de départ d’une réflexion commune. La lecture des quinze bilans laisse en tout cas l’impression qu’ils n’ont pas été considérés comme un " pensum ", mais plutôt comme une occasion de faire le point, de situer les priorités, de mettre en évidence les acquis, les facilitateurs, mais également les obstacles que rencontrent les tentatives d’introduire le changement.

    A partir des textes déposés, le GRI a entrepris l’analyse et la synthèse des données. Dans une première phase, les textes complets ont été lus et annotés par plusieurs membres du GRI. Sur cette base, un document condensé de 65 pages a été rédigé. Dans une deuxième phase, les données ont été retravaillées dans la perspective de faire émerger des données comparables relatives aux paramètres suivants : l’avancement des travaux au sein des trois axes de la Rénovation ; l’état du dossier de l’évaluation ; la collaboration école-parents et avec les divers partenaires ; les thématiques et priorités de formation collective définies au sein des écoles.

    Une première version du rapport a été ensuite rédigée et transmise vers la fin du mois de septembre aux membres du Groupe de pilotage ainsi qu’aux membres du Groupe inter-projets afin de solliciter des remarques et des suggestions d’amélioration. Les nombreuses réactions ont été intégrées selon la méthode suivante : un certain nombre de passages que les lecteurs ont jugés peu clairs ou ambigus ont été directement corrigés dans le texte ; les suggestions pour ajouter des passages, voire les remarques qui exprimaient un désaccord ou un avis différent ont été rédigées sous forme de notes de bas de page et spécifiquement mises en évidence. Enfin, nous avons ôté toute indication permettant d’identifier les écoles, l’objectif de ce document ne consistant pas à établir un " palmarès " des écoles en innovation, ni à singulariser d’éventuels problèmes liés à des personnes ou à des écoles particulières.

    Il nous paraît important d’insister sur notre intention de produire un document mettant en évidence les acquis et mettant le doigt sur les problèmes qui restent à résoudre, sans enjolivure, sans dramatisation inutile, sans provoquer des blessures, mais décrivant " l’état de l’art " dans les écoles en innovation. Il n’a sans doute pas été possible de tenir compte de tous les détails, de faire justice à tous les problèmes, ni à l’immense travail consenti dans chacune des écoles, ni aux progrès conceptuels et pédagogiques réalisés par chacune et chacun : ce sera l’objet de bilans futurs. Le but principal consiste à contribuer au débat en cours et à définir des pistes pour l’organisation du travail de la deuxième année de la Rénovation.

    Rappelons, enfin, que nous n’aurions pas pu effectuer ce travail sans la collaboration des enseignants des écoles en innovation et des membres du Groupe de recherche et d’innovation, ni sans les relectures des membres du Groupe de pilotage et du Groupe inter-projets. Merci à toutes et à tous.

    Genève, novembre 1996

     Monica Gather Thurler
    Coordinatrice pour la recherche et l’innovation 

     


    I. L’individualisation des parcours :
    de l’activisme à la pratique réfléchie

     On observe des attitudes très diverses en ce qui concerne les priorités accordées à cet axe. Une majorité des écoles a opté pour la mise en place de structures plus ou moins complexes afin de faire face à l’hétérogénéité des classes et d’aller vers l’individualisation des parcours des élèves :

    La diversité des dispositifs s’explique sans doute par plusieurs facteurs : (Note 3)

    Plusieurs constats positifs s’imposent :

    1. Dans toutes les écoles, on cherche très activement des solutions pour résoudre le problème de la prise en charge des enfants rencontrant des difficultés d’apprentissage.
    2. Dans la plupart des écoles, la problématique du redoublement a été discutée, voire mise en cause. Alors que certaines le jugent d’avance inacceptable, d’autres le gèrent comme une mesure d’exception exigeant une investigation approfondie. Dans certaines écoles, le passage automatique cède le pas au développement de dispositifs didactiques plus efficaces pour prévenir l’échec. Par ailleurs, un mouvement analogue s’instaure en ce qui concerne les dispenses d’âge. La question s’est posée de savoir dans quelle mesure les dispenses d’âge ne deviendraient pas obsolètes dans un système qui s’est donné les moyens d’une gestion plus fine des parcours des élèves. Trouver une réponse à cette question sera une des priorités pour l’année scolaire à venir.
    3. Dans toutes les écoles, on a conscience, après un an de fonctionnement, que les solutions qui touchent essentiellement à l’organisation ne résolvent pas le problème posé par le redoublement ou par les dispenses d’âge : la réponse se situe à mi-chemin entre une meilleure action didactique, une souplesse accrue des structures et une amélioration du dialogue avec les parents.
    4. Dans plusieurs écoles, on s’achemine vers une redéfinition du rôle de GNT (Note 5)  : on cherche à mettre en avant des compétences psycho-pédagogiques proches des enseignants de la division spécialisée.
    5. Dans plusieurs écoles, l’activisme cède le pas à une analyse des pratiques plus systématisée, à une tentative de capitalisation progressive des expériences, à la prise de conscience qu’on n’est pas obligé de réinventer la roue à tout prix, qu’on peut aussi apprendre des autres.

     L’observation des démarches adoptées dans des écoles qui ont une longue expérience de collaboration et de réflexion sur la gestion des parcours individualisés amène à faire l’hypothèse que l’activisme fait partie des turbulences initiales. Il cédera progressivement le pas à une attitude pragmatique dans l’exploration des diverses modalités de regroupement des élèves et à davantage de sérénité et de patience des uns envers les autres. Autrement dit : la recherche d’une réponse structurelle unique doit céder le pas à la pratique réfléchie, à la stabilisation progressive d’une série de concepts et à une vérification constante de l’adéquation entre moyens investis et effets obtenus.

     

    II. Travailler ensemble :
    une série de nouveaux équilibres à trouver

    Comme tous les autres enseignants du canton, les enseignants des écoles en innovation n’ont pas attendu la Rénovation pour réfléchir et agir sur les liens avec leurs collègues, les parents, les autorités scolaires et d’autres partenaires. Cependant, le statut d’école en innovation oblige à avancer plus vite et, du coup, confronte à une série de difficultés et de résistances que l’on ne peut plus se permettre d’ignorer, de refouler ou, encore, d’annuler en remettant la faute du dysfonctionnement sur les autres : la mauvaise volonté des collègues, l’absence de structures, le manque de soutien de la part des autorités, etc. Il ne reste plus qu’à faire le bilan des compétences, voire des incompétences et à introduire les régulations nécessaires. L’analyse du cheminement des quinze écoles en innovation vers un changement de culture met en évidence les difficultés d’ordre conceptuel et instrumental d’une telle démarche.

    2.1 L’instauration d’une culture de coopération
    au sein des écoles en innovation

    2.1.1 Le climat au sein des écoles

    En prenant comme analyseur " le climat au sein de l’école ", on perçoit que celui-ci a été sujet à des variations plus ou moins fortes, selon le point de départ des écoles et selon les problématiques traitées.

    A l’exception d’une école où le climat était tendu à la fin de l’année scolaire, toutes les autres sont parvenues à traiter les conflits comme des incidences critiques, liées à la nécessité d’une clarification des rôles et des fonctions des uns et des autres, des finalités pédagogiques et éducatives, voire à l’appropriation des outils de communication, didactiques et pédagogiques.

    2.1.2 Fonctionnement, gestion du temps de travail commun (TTC), etc.

    L’approche adoptée par les quinze écoles pour améliorer la coopération entre professionnels varie en fonction de la grandeur de l’école et de la culture de départ. De manière générale, on observe que les expériences faites dans les diverses écoles ont favorisé une certaine " réglementation " interne des rôles et des fonctions et l’introduction d’un minimum de ritualisation en matière d’animation de séances. Très certainement, une meilleure gestion des processus de négociation et de décision permettrait de dégager du temps pour la réflexion sur les pratiques trop souvent reléguée au second plan.

    Dans ce sens, on peut se demander si les procédures habituelles de prise de décision (discussion et votation) ne mériteraient pas d’être remplacées par des méthodes plus pointues (orientation sur la tâche, définition de priorités, " analyse SOFT ", " analyse des champs de force " (Note 6) , etc. - instruments qui facilitent l’animation des séances, les processus de prise de décision et la gestion des conflits), mieux à même d’accélérer le processus et de sortir de l’impasse où peut mener le respect trop pointu des procédures démocratiques. On peut également se demander jusqu’où il faut pousser le désir d’un consensus total et permanent, dans quelle mesure l’équipe pédagogique ne court pas un double danger :

    L’introduction de la nouvelle fonction de coordinateur et de coordinatrice n’est pas passée inaperçue au sein des écoles en innovation. On voit émerger des fonctionnements très divers, selon la personnalité, la définition collective du rôle, l’association ou la dissociation avec le rôle de maître principal, etc.

    Les journées de formation organisées pour permettre aux coordinateurs et coordinatrices de réfléchir à leur rôle et d’assimiler un minimum d’outils pour être plus efficaces ont été généralement appréciées. Mais elles ne peuvent avoir un impact efficace que dans les écoles qui acceptent une part de délégation de pouvoir " éphémère " à ces personnes. Cette délégation est d’autant plus difficile que l’équipe a) maintient très catégoriquement la fiction d’un fonctionnement sans leader (Note 7)  ; b) ressent une certaine difficulté à accepter les suggestions venues d’ailleurs (par exemple du Groupe inter-projets) ; c) le coordinateur ou la coordinatrice éprouve des difficultés, voire des inquiétudes à se situer dans son nouveau rôle et à assumer la fonction de leadership ou se sent pris entre deux " solidarités ".

    2.1.4 La coopération entre adultes :
    se donner les moyens de travailler sur l’essentiel

    Le cheminement vers une culture de coopération professionnelle dépend de la capacité d’une équipe à développer des représentations et décisions communes autour d’une série de concepts communs. Elle dépend aussi de l’utilisation cohérente des outils pédagogiques et didactiques correspondants. Il est évident que l’évolution vers ce type de culture dépend de la capacité de parvenir à établir clairement les priorités, à résoudre rapidement des problèmes de gestion afin de se concentrer sur les tâches essentielles.

    Les quinze écoles en innovation partagent cette préoccupation. Pour de multiples raisons, elles ne parviennent que partiellement à s’organiser dans ce sens :

    Le fait d’être une école en innovation a des conséquences variables. Au delà du bénéfice que les quinze écoles ont retiré de leur appartenance au dispositif mis en place, elles ont été stimulées à construire de nouveaux liens, à réviser certains préjugés, à accepter un regard extérieur, à négocier des règles, à documenter leurs choix, à rendre des comptes. De leur côté, les divers partenaires ont dû trouver leurs marques, un rythme de croisière et construire ou peaufiner une méthode de travail. Le chapitre suivant montre que ce n’était pas toujours une tâche facile.

    2.2 Les liens avec le dispositif d’innovation

    Pour introduire ce chapitre, il convient de rappeler quelques extraits du texte d’orientation de 1994, que voici :

    "… Dans le cadre de la politique générale du DIP, la conduite de la rénovation est l’affaire de la Direction de l’enseignement primaire. Désirant associer d’autres partenaires, elle a choisi d’exercer cette compétence dans le cadre d’un groupe de pilotage. Ce groupe mettra en place un Groupe de recherche et d’innovation plus spécifiquement chargé de suivre les projets d’innovation… "

    "… Le GRI est un groupe qui aura pour tâche de soutenir les écoles engagées dans un projet d’innovation, de créer des relations entre elles et avec le reste du système, de les mettre en contact avec des centres de formation et de ressources, de les aider à définir, évaluer, faire évoluer leur projet, de coordonner les efforts, de faciliter la formulation des acquis et leur diffusion à l’ensemble de l’enseignement primaire. Ce sera donc un groupe efficace, à même de prendre rapidement des décisions et de se montrer cohérent face à ses interlocuteurs. Cela suppose une certaine homogénéité de perspectives, la capacité de travailler véritablement en équipe et un leadership affirmé…. "

  • "… Etant l’interlocuteur direct des écoles engagées dans la rénovation, le GRI ne peut en être en même temps l’émanation ou la fédération. En revanche, le GRI constituera et animera un Groupe inter-projets, qui réunira des représentants des écoles en innovation, les inspecteurs concernés, des représentants des services du DIP et de l’enseignement primaire amenés à contribuer au suivi des projets ou à la formation des enseignants. Le GRI travaillera avec le Groupe inter-projets pour tous les problèmes généraux, ce qui ne l’empêchera pas d’entrer en contact avec chaque école au stade de la conception, de la négociation et du suivi des projets. "
  • Où en sont les liens entre les écoles en innovation et les divers organes du dispositif mis en place ?

    2.2.1 Les liens avec le Groupe de recherche et d’innovation (GRI)

    Les liens avec le GRI sont généralement jugés positifs, la nécessité et la pertinence du dispositif sont parfois bien acceptées, parfois perçues comme une contrainte forte. En fin de compte, l’action du GRI, durant cette première phase de mise en place et de suivi des projets, résulte elle-même d’une série de paramètres parmi lesquels :

    La vision du GRI, qui a cours dans les écoles et qui n’est pas sans effet sur l’attitude de ses membres, dépend de ces paramètres. Les bilans recensent ainsi des appréciations très diverses, parmi lesquelles :

    Certains bilans parlent de " rôle secondaire ", voire d’une " contribution à la confusion des rôles, surtout en ce qui concerne celui du coordinateur ".

    Il appartient au GRI de définir une méthode de travail qui tiendra compte de ces représentations, dans le but d’augmenter l’efficacité de son intervention, en la centrant encore davantage sur l’analyse des pratiques. Ce travail va être entrepris dès la rentrée.

    2.2.2 Les liens avec le Groupe inter-projets (GIP)

    Dès la rentrée d’août 1995, le GRI a constitué et animé le Groupe inter-projets (GIP). Ce groupe réunit les coordinateurs et les coordinatrices des écoles en innovation, les inspecteurs et inspectrices concernés, les représentants des services du DIP et de l’enseignement primaire amenés à contribuer au suivi des projets ou à la formation des enseignants.

    En juin 1996, le GRI a mené une première série d’entretiens (auxquels ont participé trois coordinateurs) pour mieux comprendre le rapport qui s’est construit au sein du GIP entre les écoles en innovation et les autres partenaires et pour introduire ensuite les régulations nécessaires, toujours dans le souci d’une meilleure efficacité des actions accompagnant le processus du changement. Les résultats de ces entretiens ont été consignés dans un rapport séparé (Note 9) . Le GRI insiste toutefois sur la nécessité de traiter les données avec beaucoup de prudence : le nombre restreint des personnes interviewées s’oppose à toute généralisation hâtive. Contentons-nous donc d’évoquer quelques éléments qui permettent de situer rapidement les représentations que les écoles en innovation avaient du GIP au moment des bilans.

    Si l’utilité et le rôle du GIP n’ont pas été bien perçus au début, on peut dire, au terme de la première année, que la pertinence et la nécessité du dispositif mis en place commencent à être reconnues. Très progressivement, une écoute et une confiance suffisantes ont pu être construites au sein de ce groupe pour permettre aux coordinateurs et aux coordinatrices de s’y sentir à l’aise. Ce sentiment a été, dans la plupart des cas, communiqué aux équipes dans les écoles en innovation. Plusieurs écoles soulignent qu’une partie appréciable de leur réflexion est alimentée par les documents et les contenus traités au sein du GIP. Dans d’autres écoles, c’est le " silence radio " entre le GIP et l’école : soit, on est tellement centré sur soi-même (surcharge, turbulences, etc.) qu’il ne reste pas de réserves pour maintenir une ouverture face aux suggestions provenant du GIP, soit on rejette d’emblée toute volonté d’ingérence des organes externes.

    Durant les derniers mois, il est cependant apparu que la fonction de médiation des coordinateurs n’a pas été suffisante pour construire une véritable mise en réseau des écoles en innovation : " fossé perçu, intégration insuffisante de l’équipe dans le dispositif, préoccupations du GIP éloignées des problèmes réels rencontrés… ", voici les critiques principales formulées dans les bilans. (Note 10)

    Signalons par ailleurs deux points qu’il faudra résoudre dès la rentrée prochaine :

    1. Pour des raisons diverses, les inspecteurs de la division spécialisée n’ont pas pu participer aux discussions et aux réflexions du GIP, dont le but consiste à rapprocher les diverses parties concernées, à tenir compte et à intégrer des points de vue divers. Au-delà de sa participation aux organes de consultation, il faut se demander comment les compétences développées au sein de cette division pourront être mieux mises au service des écoles en innovation.

    2. De même, il a été difficile de clarifier les possibilités de collaboration avec les disciplines spéciales au sein du GIP.

    2.2.3 Les liens avec le Groupe de pilotage de la rénovation (GPR)

    Au sein du dispositif, le Groupe de pilotage constitue l’organe de décision et d’information de l’ensemble des partenaires de la Rénovation. Dans ce but, il est important qu’il puisse avoir très facilement accès aux travaux en cours dans les écoles en innovation. Durant la première année, cet objectif a été essentiellement poursuivi selon deux démarches : a) l’étude et la discussion, par le GPR, des divers documents et bilans produits tant par les écoles en innovation que par le GRI (les projets d’innovation ; les projets d’évaluation ; les bilans rédigés en mai dernier) ; b) les séances de régulation entre le GPR et le GRI qui ont eu lieu lors de la négociation des ressources et des franchises, et lors de l’évaluation des projets ; deux rencontres organisées à l’occasion de la remise des contrats et aux deux forums de l’enseignement primaire ont également permis des contacts.

    Il est difficile de juger si cette réalité satisfait les écoles. Elles sont, semble-t-il, davantage intéressées par les contacts avec les collègues d’autres écoles que par les activités d’un groupe vécu comme " plus extérieur ". S’ajoutent également des sentiments ambigus et contradictoires, liés aux rapports de pouvoir. N’est-ce pas le GPR qui décide en fin de compte de la qualité du travail ? N’est-ce pas lui qui prend part aux délibérations concernant les ressources et les franchises ? Quelques remarques glanées ci et là montrent que la complexité du pilotage échappe en bonne partie aux écoles qui rapidement attribuent certains refus, certains retards à un manque d’attention, à une volonté délibérée d’un processus de changement de ne pas prendre en compte les problèmes de la base, etc.

    Cette première année était évidemment trop courte pour faire le tour du problème et creuser les représentations des uns et des autres. Il serait cependant important de mieux saisir les occasions de clarifier les rapports de force, les méthodes de travail (notamment les interactions entre le GRI et le GPR), de redéfinir les rapports en termes de collaboration plutôt qu’en rapports de force et de mieux exploiter, enfin, les ressources disponibles au sein du GPR (notamment en resserrant les liens avec le GIP).

    2.2.4 Les liens avec les formateurs et les formatrices des services de l’enseignement primaire

    Des liens entre les écoles en innovation et les formateurs et formatrices des services de l’enseignement primaire existaient avant la Rénovation. Ils ont probablement influencé a) l’orientation du projet d’innovation ; b) la décision de centrer la formation commune sur tel ou tel contenu. Il est difficile d’avoir une bonne vision de la qualité - tant professionnelle que scientifique - des liens établis entre les écoles et les formateurs : il serait certes intéressant de mener une enquête pour mieux définir les profils de compétences qui permettent une action efficace sur le terrain.

    Le Groupe inter-projets a constitué un terrain d’observation intéressant pour comprendre les représentations des coordinateurs et coordinatrices au sujet des apports de ces services et des formateurs. Nous avons été frappés par la diversité et l’ambivalence qui caractérisent les rapports entre les acteurs au sein de ce groupe. Les données manquent pour étayer une série d’hypothèses, qui sont les suivantes :

    1. La complexité de la démarche de projet rend difficile la centration sur une seule thématique ; en complément, le travail sur une thématique donnée (par exemple les situations-problèmes en mathématique) ne porte pas nécessairement ses fruits immédiatement. Les enseignants vivent difficilement l’impossibilité de surmonter de façon immédiate les obstacles rencontrés.

    2. Face à l’étendue des problèmes rencontrés, il n’est pas facile d’opérer un choix : faut-il entrer par le biais d’une didactique de discipline ou une approche plus transversale, par exemple en travaillant sur la gestion de la classe, les compétences transdisciplinaires des élèves ou l’évaluation ?

  • 3. Au sein des grandes écoles il n’est pas facile de se mettre d’accord par rapport à une thématique. Lorsque c’est le cas, l’équipe aurait une certaine tendance à " exporter " ses discordes dans les lieux de formation. Face à ces problèmes, les formateurs peuvent rencontrer des difficultés, à moins d’opérer en étroite collaboration avec les autres intervenants. Les groupes pluridisciplinaires d’intervention (par exemple : intervention groupée entre service du français, service de l’évaluation et GRI) se sont avérés nécessaires pour éviter les courts-circuits et interférences inutiles.

    4. Les enseignants peine parfois à bien situer, voire à accepter, les diverses facettes du rôle du formateur. Les rapports de confiance s’instaurent pendant une démarche de formation et véhiculent facilement des visions de réciprocité et de collégialité. Or, ces rapports se modifient lorsque les mêmes personnes se trouvent confrontées dans d’autres contextes (le GIP, le Forum, etc.) où les rapports de force et par conséquent les enjeux se modifient, où le dialogue s’instaure plus difficilement que dans l’espace protégé d’une école ou d’un lieu de formation. Critiquer le " multiâge " dans une activité de formation ou dans le GIP n’a pas le même impact : les enseignants se sentent trahis, insuffisamment pris au sérieux et la méfiance s’instaure.

    5. L’irrégularité de leur présence au GIP et certains mouvements d’humeur font penser que, de leur côté, certains formateurs ou certaines formatrices ne sont tout à fait au clair ni sur leur rôle, ni sur les divers enjeux de pouvoir et institutionnels.

  • Voici une série de problèmes à reprendre dès les premières séances du GIP.

    2.3 Les liens avec les autorités scolaires

    2.3.1 Le rôle de l’inspecteur et de l’inspectrice

    Depuis " le choc d’août 1994 " et la réaction générale face à la Rénovation, quelle a été l’évolution des attitudes des inspecteurs et inspectrices ? Comment cette évolution a-t-elle été perçue par les enseignants des écoles en innovation ?

    A première vue, les écoles ont fait leurs propres choix, qui les ont amenées à déposer un projet d’innovation, un projet de réflexion, à opter pour une position d’attente, voire à choisir le camp de l’opposition. A quelques exceptions près, il n’est pas possible de lier le choix des écoles à l’attitude des inspecteurs et des inspectrices : entre la farouche indépendance de certaines et l’ambiguïté de leur rôle ou leurs propres ambivalences, il est presque normal qu’un certain nombre d’inspecteurs et inspectrices aient adopté une attitude paradoxale, qui n’a pas échappé aux enseignants, renforçant les engouements ou les résistances.

    Le rôle des inspecteurs et des inspectrices
    dans les écoles en innovation

    A première vue, l’analyse des bilans donne l’impression que la totalité des inspecteurs des écoles en innovation manifestent une attitude positive et bienveillante à l’égard des écoles en innovation. En poussant l’analyse plus loin, des différences surgissent. Il convient de les analyser dans une perspective systémique. En effet, elles paraissent être la résultante d’une série de paramètres qui concernent les principaux intéressés autant que les partenaires concernés (équipes pédagogiques, membres du GRI, formateurs, autorités scolaires, les inspecteurs eux-mêmes). Parmi ces paramètres on peut évoquer :

    Les quinze écoles soulignent globalement la bonne relation avec l’inspecteur ou l’inspectrice. Dans douze écoles, cette relation est explicitement mutuelle, caractérisée par la confiance et la reconnaissance des compétences. Une analyse plus fine met en évidence des variations importantes : présence et soutien explicite dans les diverses démarches liées à l’innovation évoqués dans six cas ; attitude amicalement critique et pertinente centrée sur des contacts individuels ou en sous-groupes et interventions (écrites) évoquées dans deux cas ; forte présence, peu normative, qualité de personne ressource évoquées dans deux cas ; présence ponctuelle mais opérationnelle en cas de nécessité évoquée dans un cas ; rôle et fonction à discuter dans un cas.

    Dans trois écoles, soit l’attitude est plutôt mitigée, soit l’équipe s’est abstenue de faire des commentaires, soit elle exprime le besoin d’approfondir le rôle de l’inspecteur. Notons, dans ces trois écoles, une certaine ambivalence face à l’autorité, un mélange entre " farouche indépendance " et " demande de reconnaissance " qui ne facilite peut-être pas la tâche des inspecteurs concernés. Notons également que les trois équipes ne sont pas fermées au dialogue qui sera à poursuivre dès la rentrée, comme dans les douze autres écoles d’ailleurs.

    La collaboration entre écoles en innovation,
    inspecteurs et inspectrices au sein du GIP

    L’attitude des inspecteurs et inspectrices par rapport au GIP varie. Elle était, d’une part, caractérisée par une volonté de collaboration pour contribuer à la mise en place de ce dispositif et par l’expression d’un réel intérêt par rapport aux thématiques traitées : le travail conceptuel, l’échange des pratiques et l’analyse des processus en cours. Par ailleurs, plusieurs d’entre eux ont exprimé une certaine impatience face à la complexité du dispositif qui alourdissait leur gestion du temps, déjà difficile.

    Cette tension est renforcée par un autre problème. Pour alléger l’organisation interne du GIP, il avait été décidé d’alterner les séances : une séance par mois (GIP restreint) réunissait uniquement les coordinateurs des écoles, alors que l’autre séance mensuelle, élargie, réunissait le dispositif complet, dont les inspecteurs et inspectrices. Alors que cette formule devait contribuer à alléger le rythme des séances, elle a donné l’impression à certains inspecteurs que les vrais problèmes étaient traités dans le GIP restreint, alors que la lourdeur du GIP large ne permettait pas d’établir un véritable dialogue. D’où la demande de mettre en place un groupe restreint parallèle, réservé à la rencontre des inspecteurs et inspectrices des écoles en innovation et du GRI : cette formule, évaluée comme satisfaisante, a cependant dû être abandonnée en fin d’année scolaire, vu la surcharge des uns et des autres.

    2.3.2 Les rapports avec les autorités scolaires

    De même que pour le groupe de pilotage, les écoles en innovation ne font que très peu allusion à l’évolution de leurs relations avec les autorités scolaires. Soulignons que ce type d’analyse n’avait pas été explicitement demandé dans le canevas proposé.

    De manière générale, l’impression d’un gain de confiance se dégage en ce qui concerne la Direction générale et la Présidente du Département. Le dialogue qui s’est instauré lors de visites dans les écoles ou de soirées d’information aux parents ainsi que la politique d’information qui a été mise en place, ont commencé à porter leurs fruits. Malgré le climat politique tendu et les difficultés de conjoncture, les efforts investis par le département pour trouver des solutions équitables sont reconnus. Une proportion grandissante des enseignants des écoles en innovation - parfois à leur corps défendant et tout en maintenant une certaine ambiguïté en ce qui concerne les droits de regard et le pouvoir de décision des autorités scolaires - se sentent soutenus et reconnus.

    Les champs de friction se sont concentrés essentiellement autour de la négociation des ressources et des franchises, à savoir lors du dépôt des projets d’évaluation en automne 1995 et à l’occasion des nouvelles négociations de mai-juin 1996. Le refus d’une " discrimination positive " en matière d’octroi de ressources supplémentaires, ainsi que le refus de donner accès à certaines franchises, ont été assez bien acceptées : la solidarité collective joue bien son rôle, la pression de la SPG (Note 12) (voir ci-dessous) fait le reste. On observe toutefois une certaine fluctuation sur plusieurs plans :

    2.4 Les liens école-famille

    Les écoles en innovation, comme d’autres, n’ont pas attendu la Rénovation pour construire des liens plus serrés et professionnels avec les familles. Dès le moment où leur projet avait été officiellement accepté, elles avaient cependant été invitées à présenter et, souvent, à justifier leur démarche auprès des parents plutôt réticents. Le choix fait par les autorités scolaires de ne pas consulter les parents, mais de les associer, avait suscité de la part de certains parents des réactions plutôt négatives, voire agressives. Expliquer en termes concrets la démarche exploratoire à des partenaires qui réclamaient d’être rassurés n’était pas chose facile pour des enseignants qui, eux-mêmes, étaient confrontés à des incertitudes tant théoriques que concrètes. Néanmoins, le souci d’informer et de dialoguer est resté constant. La Rénovation a encore amplifié les modes de collaboration avec les familles et souvent de nouvelles démarches ont été entreprises (journaux, informations-débat, sous-groupes de travail internes, etc.).

     

    Priorités du travail durant l’année scolaire 1995-96

    L’analyse des 15 bilans permet de distinguer plusieurs types de liens entre écoles et parents :

    Notons que les contacts avec les familles ont pris plusieurs formes dans toutes les écoles, avec toutefois des variations qualitatives et quantitatives, qui dépendaient tant de la spécificité de la population, des divers types de relation décrits ci-dessus, que de l’expérience des équipes pédagogiques en matière de gestion des relations avec les parents. Cette expérience a pu être développée au gré des mois. Dans plusieurs écoles, on observe que les modalités d’animation plus dynamiques, fondées sur une plus grande efficacité des échanges et de la communication portent leurs fruits : les parents ont répondu positivement à la volonté manifeste des équipes de s’initier à ces nouvelles démarches.

    2.5 L’évaluation

    Les écoles qui ont obtenu, au titre de franchise, le droit de mettre en place de nouvelles pratiques d’évaluation des élèves, ont travaillé sur plusieurs fronts à la fois. A travers la mise en place des dossiers d’évaluation, des entretiens d’évaluation et des nouvelles formes de bulletin, elles devaient informer et convaincre les parents de la pertinence des nouvelles pratiques. Les bilans montrent que dans les 5 écoles concernées dès novembre 1995, cette opération a pu être menée avec succès. Les trois écoles qui introduiront ces mesures dès la rentrée 1996-97, n’ont pas rencontré de résistances majeures (voir aussi le chap. IV).

    2.6 Les liens avec les écoles en réflexion

    En dehors des forums de l’enseignement primaire, des conseils de circonscription et de quelques contacts personnels et sporadiques, il n’y a pas eu d’occasions qui auraient permis aux enseignants des écoles en innovation d’organiser des échanges d’expériences avec les écoles en réflexion. Le dispositif ne prévoit d’ailleurs pas ce type de contact (Note 13) . Il appartient donc aux inspecteurs et aux inspectrices d’assumer le rôle d’intermédiaire, ou de prendre des mesures plus actives pour rapprocher ces écoles. Cela a été le cas dans une des écoles dont les deux divisions se sont engagées, l’une comme école en innovation, l’autre comme école en réflexion.

    2.7 Les liens avec la Société Pédagogique Genevois (SPG)

    Les liens avec la SPG varient selon deux paramètres : a) l’engagement des membres des équipes dans des causes soutenues par la SPG ; b) le besoin de l’équipe de faire référence à la SPG et de s’en faire une alliée pour défendre des exigences par rapport aux autorités scolaires.

    Le climat virulent au sein de la CRIC(Note 14) avait initialement effrayé un certain nombre d’enseignants dans les écoles en innovation. Depuis, une certaine sérénité a gagné du terrain. Alors que toutes les écoles avaient répondu favorablement à l’enquête de la SPG sur la publication des thématiques travaillées et des ressources et franchises obtenues, l’attitude a été plus réticente en ce qui concerne sa demande de lui faire parvenir une copie des bilans.

    2.8 Les liens avec le Cycle d’orientation (CO)

    Les liens avec le CO se sont resserrés dans les écoles comportant des classes de division moyenne et ayant obtenu une franchise sur l’évaluation des 6P (Cointrin, St.-Jean et Trembley). Ces écoles avaient dû s’engager à organiser des séances d’information mais il convient de rappeler que la majorité des contacts étaient établis avant la Rénovation.

    Notons également la demande d’un groupe d’autoformation du CO de pouvoir effectuer des stages dans les écoles en innovation. Ces stages ont pu avoir lieu durant les mois de mai et juin et ont été l’occasion de nouer des échanges fructueux entre les personnes concernées.

    2.9 La culture de coopération sur le plan institutionnel :un pour tous, tous pour un

    La lecture des chapitres précédents met en évidence une activité très intensive au sein de l’axe deux de la Rénovation " Travailler ensemble " : ce thème a permis de rêver à ceux qui espéraient sortir de la solitude professionnelle, profiter de l’expérience des autres et mettre en synergie les forces existantes. Il continue à préoccuper ceux qui se rendent compte que travailler ensemble, construire une culture de coopération professionnelle au service d’une meilleure efficacité et d’un meilleur apprentissage est encore plus difficile qu’ils l’avaient pressenti.

    L’expérience de cette première année montre qu’il est indispensable de conjuguer compétences et patience pour voir naître les fruits des investissements consentis par les uns et les autres. Elle montre qu’il ne sert à rien d’entretenir le nombrilisme, ni le psychodrame permanent : mieux vaut trouver un fonctionnement qui permette d’engager la plus grande partie de l’énergie dans l’enseignement et la régulation des apprentissages des enfants.

    Elle témoigne également de la nécessité d’une culture de coopération professionnelle qui ne se limite pas uniquement aux enseignants au sein d’une équipe pédagogique. L’axe 2 de la Rénovation comprend également - et c’est une prise de conscience nouvelle - une sensibilisation au fonctionnement du système scolaire dans son ensemble et à la solidarité collective. Il conviendra d’accorder du temps à l’acquisition ou au renforcement de cette compétence.

    III. Mettre l’enfant au centre :
    lorsque la réalité résiste…

    Comme en témoignent les bilans, les écoles ont entamé des démarches très différentes pour explorer le troisième axe de la Rénovation. Plusieurs facteurs, parmi lesquels le fonctionnement au sein de l’équipe pédagogique, les expériences faites au cours de formations précédentes, les problèmes d’apprentissage des enfants, des courants de sympathie par rapport à tels ou tels formateurs ou formatrices ou tel ou tel contenu de formation, se superposent et renforcent les écoles dans leurs choix, ou les amènent à les modifier. Notons que certains choix ont attiré davantage de monde que d’autres, à savoir : les nouvelles approches de la didactique du français ou des mathématiques ; le problème du transfert des connaissances à travers des situations larges et porteuses de sens ; les dispositifs et la réflexion concernant la construction du sens des savoirs, la mise en place du contrat didactique, pédagogique et social ; le conseil des élèves et la pédagogie institutionnelle.

    3.1 Nouvelles approches didactiques

    Dans six écoles, les enseignants ont mené une réflexion autour des nouvelles approches didactiques dans le domaine des mathématiques. Une école a travaillé sur l’apprentissage de la lecture, une autre sur le français I dans tous les degrés. Une école a suivi une formation intensive pour travailler sur l’approche du français à travers le texte. Cela a motivé une autre école à faire appel au même service, non sans insister sur la spécificité de sa demande (Note 15) . Une école a travaillé sur quelques situations larges concernant l’environnement. Dans une école, quelques enseignants s’apprêtent à travailler sur une approche interdisciplinaire entre allemand et rythmique. Onze écoles évoquent l’approfondissement de problématiques telles que : les objectifs transversaux, les situations larges, les situations porteuses de sens, les méthodes actives.

    La plupart des écoles sont accompagnées par des formateurs et formatrices oeuvrant dans les divers services de formation.

    3.2 De nouvelles modalités d’interaction entre les élèves

    Toutes les écoles ont investi passablement d’efforts pour travailler sur les règles de vie et pour instaurer davantage de coopération, d’autonomie et de solidarité parmi les enfants. Dans ce but, des conseils d’école et/ou de classe ont été instaurés dans douze des quinze écoles.

    Les nouveaux dispositifs didactiques (situations-problèmes, situations larges, décloisonnements " multiâge ") sont organisés de manière à inciter les enfants à coopérer, à s’entraider, à résoudre ensemble les problèmes auxquels ils se trouvent confrontés. Dans plusieurs écoles, les élèves sont initiés au " tutorat " (offrir et demander de l’aide).

    3.3 Construction du sens des savoirs scolaires

    Les bilans font état de différentes tentatives entreprises par les écoles en innovation pour développer des pratiques mieux à même de favoriser la construction du sens des savoirs. Parmi celles-ci : plan de travail individualisé, recherche de dispositifs didactiques permettant de tenir compte de la " zone proximale de développement " (Note 16) des enfants, implication des élèves dans l’élaboration du dossier d’évaluation, droit accordé aux enfants de choisir librement leurs activités lors des décloisonnements, travail sur les règles de vie et le sens du travail scolaire au sein du conseil ou lors des entretiens d’évaluation, travail sur le métier d’élève, projets finalisés (rédaction d’un journal, productions musicales et théâtrales, radio-école, etc.).

    3.4 Elèves non francophones et élèves en difficultés

    8 des écoles en innovation évoquent leurs difficultés à trouver l’approche adéquate pour résoudre les problèmes scolaires que rencontrent certains élèves. Dans ce contexte, elles tentent d’impliquer les STACC (Note 17) , les GNT et les enseignants de la DS (Note 18) dans une réflexion commune, dans le but de développer des stratégies de différenciation et de mieux orienter les parcours individualisés. La nécessité de coopérer s’avère pressante dans ces écoles où l’incompréhension fréquente face aux difficultés d’apprentissage et des blocages des enfants renforce les inégalités et par conséquent les risques d’échec scolaire.

    3.5 Premiers acquis

    Dans la plupart des cas, les écoles se disent encore en recherche en ce qui concerne l’axe 3 de la Rénovation. Il est vrai que les contenus et thématiques travaillés selon cet axe ne permettent pas de produire des effets rapides et pourraient susciter la crainte que les écoles les négligent en faveur d’actions plus immédiatement gratifiantes. Bien que cela ait été le cas en ce qui concerne l’axe 1 de la Rénovation (voir chap. I), on se rend néanmoins compte que les efforts investis pour mettre l’enfant au centre de l’action pédagogique sont importants. Plusieurs écoles évoquent les premiers effets bénéfiques parmi lesquels :

    Bien entendu, il ne s’agit pas de surévaluer ces effets, qui émanent d’une première auto-évaluation des enseignants concernés et qui seront à préciser sur la base des données que produiront les diverses évaluations externes en cours. (Note 20)

    3.6 Difficultés rencontrées

    Les difficultés se situent à plusieurs niveaux et il ne convient pas pour l’instant d’introduire une hiérarchie. De toute manière, il faudra y revenir de manière approfondie durant l’année à venir. Voici donc un premier aperçu, élaboré à partir des bilans :

     
    Une des difficultés majeures rencontrées par les enseignants consiste à amener les enfants confrontés à des difficultés scolaires à saisir le sens du travail scolaire, à réfléchir sur leur " métier d’élève ", sur leur " style d’apprentissage ". Il semblerait que tant les nouvelles approches didactiques (avant tout l’approche de l’étude du texte, mais également les situations de mathématique moins structurées que le travail bien cadré avec les fiches) que l’évaluation formative dans son versant obsessionnel (ne rien laisser échapper pour réussir à tout prix à cerner les difficultés d’apprentissage et à introduire les régulations pointues et sur mesure) risquent de mettre ces enfants en difficulté et de provoquer d’autres points de rupture.
    IV. Evaluation des élèves :vers une évaluation
    au service de la progression des apprentissages

    Sur la base d’un projet explicite qui décrit et justifie la démarche envisagée, cinq écoles en innovation ont été autorisées à se lancer, dès l’automne 1995, dans l’exploration de nouvelles modalités d’évaluation des élèves - y compris, pour celles qui le souhaitent, une évaluation sans notes - mieux à même d’accompagner et de soutenir l’organisation des progressions flexibles et individualisées des apprentissages. Dès l’année scolaire 1996-97, trois autres écoles viendront se joindre à ce groupe.

    En attendant que les instances responsables aient clarifié les champs de compétences et les attitudes visées au terme de chaque cycle d’apprentissage (objectifs-noyaux), les écoles ont été conduites à une relecture du GRAP. (Note 21) Sans doute, cette lecture était-elle fortement guidée par les théories d’apprentissage plus ou moins implicites auxquelles adhère telle ou telle équipe. On observe ainsi des variations importantes entre des projets fortement inscrits dans un concept de progression linéaire des apprentissages, alors que d’autres sont plutôt conçus dans une vision plus proche de la complexité des processus de construction et de transfert des compétences.

    Il a été néanmoins décidé d’accorder le feu vert à tous les projets, comptant sur le fait que les expériences faites dans les autres domaines de la Rénovation, ainsi que les échanges entre les écoles en innovation, permettraient de trouver un consensus cohérent avec les finalités. Cette décision permet à ces écoles d’amorcer le passage d’une évaluation normative vers une évaluation par objectifs, en développant de nouveaux outils d’observation et de dialogue avec les familles. L’objectif principal est de parvenir à une évaluation mieux adaptée aux rythmes de développement des enfants qui, au lieu de les enfermer dans un calendrier scolaire, leur accorderait le temps nécessaire - en accord avec la mise en place des cycles - pour réaliser leur parcours. La franchise était accompagnée de l’obligation de réintroduire les notes globales en fin de 6P, obligation qui concerne 4 écoles accueillant des divisions moyennes.

    Le tableau ci-après (voir page suivante) met en évidence une série d’éléments qui appellent quelques commentaires :

    Les démarches d’évaluation entreprises par les écoles en innovation
    ayant obtenu la franchise d’une évaluation alternative

     

    Approche

     

    Ecole

     

    Commentaire

     

    Réaction des parents

     Dossiers d’élèves ou bulletins d’objectifs pour documenter la progression des élèves en fonction des objectifs visés

     Dossiers d’élèves :
    2 écoles et certaines classes dans les 3 autres écoles. Bulletins d’objectifs : 2 écoles.

     Les dossiers permettent un meilleur suivi des élèves, grâce à une meilleure vision des apprentissages. Problème de temps investi par les enseignants.

     Satisfaction : bon outil d’information, pour autant que le dossier soit complété par un entretien.

     Bulletin d’information accompagnant le dossier

     3 écoles.

     Instrument conçu dans le but de faciliter la lecture des dossiers par les parents et leur donner un meilleur aperçu de la progression de leurs enfants.

     Généralement positive. Alors que ce bulletin permet une lecture rapide surtout pour les parents francophones, les effets restent encore à vérifier pour la population non francophone.

     Entretien avec les parents (avec présence ou non de l’enfant concerné)

     Toutes les écoles.

     Entretiens jugés indispensables pour compléter la démarche du dossier. Ces entretiens permettent de mieux expliquer la progression de l’enfant et de négocier des mesures nécessaires.

     Positives de la part des parents ayant participé aux entretiens. Permet de répondre aux questions suscitées par l’introduction des dossiers. Bon outil pour calmer les angoisses quant à la pertinence d’une évaluation sans notes.

     lacement des notes par les outils cités ci-dessus

     Toutes les écoles. Introduction de la note globale à la fin de la 6 P dans les écoles accueillant des divisions moyennes.

     Bonne expérience. La réintroduction des notes pour la 6P a créé quelques difficultés mais a permis d’intéressants échanges entre les écoles concernées.

     Ambivalence entre satisfaction et inquiétude : est-ce vraiment sérieux ? !

    On attend pour voir.

     Implication des élèves via auto-évaluation et leur participation durant l’entretien avec les parents

     Toutes les écoles.

     En travail dans toutes les écoles : étroits liens avec la construction du sens des savoirs scolaires et l’image de soi. Encore à parfaire.

     Positive. Les avantages en terme de gain d’autonomie et investissement du travail scolaire sont perçus.

     Soirées d’information pour les parents

     Toutes les écoles.

     Démarche indispensable pour permettre aux parents de comprendre la démarche, à travers l’échange avec des pairs. Demande beaucoup de savoir-faire et de volonté d’accepter la confrontation de la part des enseignants.

     Positive. Bon effet d’émulation.

     Contacts avec le CO

     Les 4 écoles accueillant des divisions moyennes.

     Bons contacts qui ont permis de confirmer la tendance des CO concernés à reconnaître les avantages d’une évaluation qualitative et formative.

     Positive. Les notes sont largement perçues comme superflues des deux côtés.

    Notons encore que, sans avoir déposé une demande de franchise concernant l’option forte du remplacement des notes par des modalités alternatives, la plupart des autres écoles en innovation ont introduit une série de mesures allant dans le sens d’une évaluation plus formative, à savoir : préparation d’un dossier d’évaluation, entretiens d’évaluation avec les élèves et les parents sur la base des dossiers d’évaluation, travail sur des situations d’apprentissage porteuses de sens et intégrant l’évaluation formative, projets de formation collective en collaboration avec le Service de l’évaluation (SEDEV).

     Au-delà des similitudes des démarches entreprises dans les écoles, les différences essentielles se manifestent dans l’élaboration des dossiers d’évaluation, dans la manière dont ils sont utilisés pour gérer les apprentissages des enfants en relation avec les dispositifs didactiques adaptés. Ce sera un des thèmes prioritaires de l’année à venir.

     

    V. Conclusions

    L’analyse des quinze bilans des écoles en innovation permet à la fois de prendre la mesure de la complexité du travail et de sa nécessité : celui de la première année de mise en oeuvre, celui des problèmes qui restent à résoudre à court et à moyen terme et celui qui se prépare à long terme lorsqu’on se projette au-delà de la phase d’exploration. Mais limitons-nous aux deux bilans qui s’imposent pour pouvoir organiser le travail à court et à moyen terme : bilan des acquis et bilan des problèmes à résoudre. Rappelons cependant le statut qualitatif et subjectif des données contenues dans ce document. Elles sont à considérer comme des hypothèses de travail à vérifier dans les mois à venir.

    5.1 Les acquis

    Les principaux acquis se situent sur le plan a) de la progression des concepts et des outillages à l’intérieur des 3 axes de la Rénovation ; b) des premières expériences et régulations qui ont pu être introduites au sein des divers dispositifs d’accompagnement. En particulier, les éléments suivants méritent d’être mis en évidence :

    Il conviendra de vérifier les observations faites sur la base des bilans à l’aide d’instruments appropriés, afin de pouvoir juger s’il s’agit d’effets fiables et durables et pour déterminer s’ils sont réellement liés aux nouvelles pratiques ou produits par d’autres facteurs. En attendant, il est important que ces effets existent et puissent être constatés pour continuer à affronter les difficultés que cette première année a mises en évidence. Elles sont brièvement résumées dans le passage suivant.

    5.2 Les problèmes à résoudre

    Il est normal que la première année de travail amène à mettre en évidence des questions dont une partie existaient déjà - sans être résolues - bien avant la Rénovation. D’autres sont, inévitablement, venues s’ajouter ou se greffer à celles-ci. En voici une première sélection :

     

    VI. Perspectives de développement
    pour l’année scolaire 1996-97

    Les acquis et les problèmes décrits dans la partie précédente permettent de développer une série de perspectives pour les mois et années à venir que nous livrons en vrac dans la partie finale de ce rapport. Il conviendra évidemment de les discuter plus en détail au sein des divers organes qui seront finalement chargés de leur suivi et leur mise en oeuvre : le Groupe de pilotage de la rénovation, le Groupe de recherche et d’innovation, le Groupe inter-projets.

    Pour commencer, il nous paraît important que les écoles en innovation, le Groupe de recherche et d’innovation et le Groupe inter-projets se donnent les moyens d’affiner leurs observations et la saisie des données. Comme nous l’avons évoqué à plusieurs reprises, il n’est pas toujours aisé de comprendre à quel niveau se situent les constats dont font part les équipes, ni de les comparer entre eux. Sur quelle base les priorités de travail se définissent-elles, grâce à quels instruments d’observation observe-t-on les changements en cours, quel garde-fou se donne-t-on pour ne pas tomber dans le piège de la méthode " Coué ", comment fait-on pour rendre comparables les avancées, tant sur le plan conceptuel que pratique ?

    A la recherche d’une méthode de travail acceptable pour tous, nous avons comparé le catalogue des compétences élaboré suite au rapport " Phœnix " pour le dispositif de la formation continue de l’enseignement primaire avec les problématiques mises en évidence dans les analyses de bilans déposés par les écoles en innovation. Nous avons repéré cinq compétences sur lesquelles il conviendrait de centrer les efforts d’exploration et de formation durant les mois et années à venir :

    Compétence Nº 1 :

    Gérer la progression des apprentissages

    La notion de " progression libre " à l’intérieur et entre les cycles : comment faire, quelles nouvelles responsabilités et quels nouveaux rôles pour les divers partenaires ? Quels instruments ? Quel rôle les objectifs-noyaux y jouent-ils ?

    Compétence Nº 2 :

    Concevoir et faire évoluer des dispositifs de différenciation

    La promotion d’une évaluation au service de la progression des élèves : comment améliorer les dispositifs au gré des premières expériences ? Comment les utiliser pour une meilleure prise en charge des difficultés d’apprentissage ?

    Compétence Nº 3 :

    Organiser et animer des situations d’apprentissage

    Les dispositifs didactiques " porteurs de sens " : quelle unité du concept ? Quel lien établir avec les théories d’apprentissage ? Quelle utilisation ? Quel lien entre didactique et évaluation ? Quelle formation de base indispensable ?

    Compétence Nº 4 :

    Situer l’école au sein de l’institution scolaire

    Les rapports entre acteurs dans le système : entre enseignants - inspecteurs - Direction générale - parents. Quel niveau de culture commune autour des concepts suivants : rendre compte ; praticabilité ; lisibilité ; légitimation ; autonomie ; le projet comme moyen de s’inscrire dans une dynamique collective du changement ?

    Compétence Nº 5 :

    Informer et impliquer les parents

    Les rapports entre l’école et la famille : quelles modalités efficaces de collaboration ? Quels droits et quelles obligations de part et autre ? Quelle formation pour les enseignants ?

    Les trois premières compétences sont liées : il s’agit plutôt de trois angles d’attaque différents pour aborder le même problème. Il consiste à mettre les enfants au centre du travail pédagogique (l’axe 3 de la Rénovation), à clarifier les dispositifs didactiques les plus efficaces, à travailler sur les représentations des enseignants en ce qui concerne leur manière d’enseigner et la façon dont les enfants apprennent. Il s’agit également de trois différentes entrées en matière pour faire une analyse des pratiques et repérer les compétences indispensables, présentes ou manquantes pour gérer plus efficacement la progression des élèves, développer des dispositifs de différenciation et organiser des situations véritablement au service de l’apprentissage des élèves.

    La quatrième et la cinquième compétence se réfèrent à nouveau au 2e axe : travailler ensemble. Le quatrième domaine invite à analyser les liens entre le travail au sein de l’équipe et les besoins de l’institution, alors que le cinquième domaine recentre l’attention sur les méthodes et moyens pour mener une action efficace auprès des parents.

    La proposition est de former des groupes de tâches au sein du GIP et d’inviter les écoles en innovation à s’engager dans un travail d’exploration intensive. Il s’agira de produire, en respectant les délais fixés, des dossiers qui seront mis en discussion dans le GPR avant d’être diffusés de manière plus large auprès des écoles intéressées. La collaboration à ces dossiers libérera les écoles en innovation de l’obligation de rédiger des bilans complets. La responsabilité de la coordination des travaux au sein du GIP ainsi que la production et diffusion des dossiers revient au GRI qui réorganisera son fonctionnement en conséquence.


     

    Notes

    Note 1 : Pour faciliter la lisibilité de ce document, nous avons opté pour la formulation usuelle masculine " enseignants ", sans oublier que les écoles en innovation, comme toutes les autres écoles du canton, comprennent une plus grande partie d’enseignantes que d’enseignants.
     
    Note 2 : Dans le cadre du Groupe inter-projets il avait été convenu que les bilans ne seraient pas diffusés hors du Groupe de pilotage. Les écoles qui le souhaitaient, étaient libres, cependant, d’en faire parvenir une copie à la SPG.
    Note 3 : Commentaire d’un coordinateur: " La diversité des dispositifs représente certainement une des richesses de la rénovation. Il est important que l’individualisation des parcours des élèves demandée par l’axe 1 soit également accordée aux écoles, que celles-ci puissent élaborer et mettre en oeuvre un projet qui fasse du sens, qui corresponde aux caractéristiques de l’école et du quartier, aux besoins et priorités mis en évidence par des réflexions communes entre les divers partenaires. "
     
    Note 4 : Commentaire du GIP: " A côté des " remous " liés à cette approche, il s’agit tout de même de ne pas oublier que grand nombre d’écoles en innovation se sont fortement engagées - parallèlement ou prioritairement - dans la mise en place de nouveaux dispositifs didactiques. Les efforts investis et les premiers effets ont été observés et reconnus par les divers acteurs (les parents y compris), jugés " louables " ou intéressants. Mais il est évident que les effets de cet investissement ne pourront être réellement évalués qu’à moyen ou long terme et ne susciteront pas les mêmes débats ni inquiétudes que les changements de structure (voir aussi chap. 3) qui restent plus visibles à court terme. "
     
    Note 5 : GNT: généraliste non titulaire; voir à ce sujet le document rédigé par Martine Hahn en juin 1996.
     
    Note 6 : SOFT: Satisfactions; Opportunités; Failles; Turbulences
     
    Note 7 : Divers commentaires rédigés par les des équipes des écoles en innovation confirment d’existence d’un problème, lié à la confusion souvent maintenue entre deux concepts: " tous égaux en droit " et " tous inégaux en matière de compétences, de rôles et de fonctions ". Tant que les équipes pédagogiques ne seront pas parvenues à affronter ce problème et à approfondir les avantages d’un " leadership coopératif ", une mise en réseau efficace des compétences paraît improbable.
     
    Note 8 : Commentaire d’un coordinateur: " De tels projets exigent du temps et de la patience avant de produire des effets. Ils exigent également que les enseignants mettent en question leurs représentations, leurs habitudes et leurs modèles de pensée. Cela demande une implication personnelle qui est parfois lourde, particulièrement pour les enseignants chevronnés. "
     
    Note 9 : Ce rapport a été rédigé par Marie-Ange Barthassat, Christine Clément et Nicole Leu sous le titre " Pour un bilan du Groupe inter-projets (GIP) 95-96 " .
     
    Note 10 : Ce malaise perçu dès le début de l’année 1996 a conduit à la décision d’organiser une Rencontre des enseignants travaillant dans les écoles en innovation. Cette rencontre a eu lieu le 9 octobre 1996 et a permis l’échange d’expériences et l’établissement de contacts entre les uns et les autres. Les participants de cette journée ont fait un bilan très positif de cette journée, demandé de poursuivre les efforts pour faciliter les contacts et pour construire la mise en réseau des enseignants impliqués dans le processus.
     
    Note 11 : Lors d’une séance du Groupe inter-projets, la formulation " inspecteur en tant qu’agent de changement " a été remise en question: nous maintenons cette formulation dans la mesure où " agent de changement " est une expression habituelle, pour désigner la fonction et le rôle de " quelqu’un qui contribue à faciliter le changement ".
     
    Note 12 : SPG: Société pédagogique genevoise, l’association cantonale des enseignants de l’enseignement primaire.
     
    Note 13 : Les écoles en réflexion ont été associées à la journée de Rencontre des écoles en innovation du 9 octobre 1996 et reçoivent le bulletin de liaison " Pluralisme et Innovation " (PLI).
     
    Note 14 : CRIC: Commission pour la Rénovation, les Innovations et leur Cohérence au sein de la SPG.
     
    Note 15 : Commentaire d’un membre du GRI: " On note une certaine tendance à subordonner la demande de formation sur le plan didactique au besoin de pouvoir gérer la progression de populations d’élèves très hétérogènes. "
     
    Note 16 : Zone proximale de développement: la difficulté d’apprentissage que l’enfant doit surmonter correspond à sa progression.
     
    Note 17 : STACC: Structures d’accueil pour enfants non francophones.
     
    Note 18 : DS: Division spécialisée.
     
    Note 19 : Commentaire d’une coordinatrice: " Il faudrait mettre en évidence les possibilités de formation, les lieux d’échange et de débat supplémentaires qui ont été mis en place par rapport à l’année précédente. Le Forum de l’enseignement primaire, les journées organisée par AGATHA (association sans but lucratif, créée à Genève en 1994 dans le but de diffuser des idées et pratiques pédagogiques) sont autant de possibilités offertes pour réfléchir sur l’axe 3. "
     
    Note 20 : Les recherches menées dans le cadre du Service de recherche en éducation (SRED) et les observations du Groupe externe d’experts.
     
    Note 21 : Commentaire des enseignants d’une des écoles en innovation: " Nous pensons - et peut-être que les bilans ont été peu explicites à ce sujet - que les différents projets sont davantage liés aux moyens à disposition (en ressources et en temps) des équipes enseignantes que déterminés par un ancrage théorique. La Rénovation permet justement, dans ce contexte précis, d’harmoniser les outils (dossiers d’évaluation) - en les retravaillant - avec une ligne pédagogique (le terme étant à prendre au sens large) et théorique. "
     
    Note 22 : Commentaire d’un membre du GRI: " On voit poindre - à travers l’exemple de l’évaluation - ce qui constitue une série de paradoxes qui font partie des processus de changement dans le domaine scolaire: 1. la distance culturelle entre l’école et certaines familles se creuserait; 2. les mêmes familles seraient les plus réticentes, les plus vulnérables aussi, face aux innovations; 3. comment, si c’est le cas, innover dans ces conditions? Comment faire, sachant que ce qui devrait nous rapprocher de ces familles nous en éloigne simultanément? Il y a là matière à réflexion... "
     
    Note 23 : Commentaire d’un coordinateur: " La nécessité plus ou moins explicite de poursuivre 3 objectifs (à l’intérieur des 3 axes) de concert n’est pas propre à mettre les écoles à l’aise. En effet, si pendant un temps, l’axe 2 est privilégié, on se fait fort de leur rappeler qu’il ne faut pas oublier le 3e axe, etc... Cette pression peut paraître déstabilisante pour des enseignants qui ont l’impression de " se donner " à la transformation des pratiques pédagogiques. "