Sans évaluation, il ny aurait ni réussite ni échec scolaire. Certes au fil des ans, les élèves naccumulent pas le même capital scolaire. Daucuns apprennent mieux ou plus vite que dautres à lire, à écrire, à compter ou à raisonner. Mais ces inégalités, bien réelles, nont autant dimportance et de conséquences que parce que lécole a le pouvoir dévaluer ses élèves, de les classer, et de les déclarer en échec si elle juge quils ne manifestent pas un degré suffisant dexcellence scolaire dans les disciplines principales.
Ce livre décrit la façon dont lécole primaire fabrique au jour le jour des jugements et des hiérarchies dexcellence. De lanalyse des programmes et des règles gouvernant lévaluation, Iauteur passe à la description du travail scolaire et des jugements dont il est constamment lobjet, à la fois dans laction pédagogique quotidienne et lorsquil sagit de mettre des notes.
Quelles sont les normes dexcellence et les règles guidant lévaluation ? Comment senracine-t-elle dans le curriculum réel ? Quels en sont les instruments, les procédés, les arbitraires ? Quelles sont les fonctions de lévaluation dans lorganisation scolaire ? A ces questions, Iouvrage offre des réponses fondées sur plusieurs années dobservation dans les classes. Il ne propose ni critique ni réforme de lévaluation scolaire. Il entend avant tout décrire lécole telle quelle est.
Cette analyse de lévaluation est aussi une introduction à la sociologie du travail scolaire et du curriculum. Le livre participe du renouveau des théories sociologiques du système denseignement et de laction pédagogique. n apporte des matériaux indispensables aux enseignants et aux parents, aux étudiants et aux chercheurs en sociologie et en sciences de léducation, aux artisans des réformes scolaires, bref à tous ceux qui vivent dans lécole ou pour lécole et tentent de mieux comprendre les mécanismes de son fonctionnement.
Chapitre I.
Lexcellence scolaire, une réalité
construite
Chapitre II.
Hiérarchies dexcellence et inégalités de
capital culturel
Chapitre III.
La scolarisation de lexcellence
Chapitre V.
Lévaluation formelle de lexcellence
scolaire
Chapitre VII.
Lorsque lexcellence est vraiment la norme
Chapitre VIII.
Curriculum réel et travail scolaire
Chapitre IX.
De lévaluation intuitive à
lévaluation formelle : de quoi lexcellence
scolaire est-elle faite ?
Conclusion
Ce livre esquisse une sociologie de lévaluation scolaire, des procédures et des normes en vertu desquelles lécole primaire fabrique des hiérarchies dexcellence, en particulier celles qui décident de léchec ou de la réussite scolaires et de leurs conséquences.
Malgré de nombreux travaux sur linégalité devant lécole, les échecs et la sélection scolaire, la sociologie de léducation na guère étudié lévaluation comme procédé de fabrication de jugements dexcellence. Cest ce que nous tenterons de faire, en nous inspirant à la fois de la sociologie du curriculum, qui nous aidera à mieux cerner la substance des normes dexcellence, et de la sociologie de la déviance, plus avancée dans lanalyse de la fabrication des normes et des jugements, quil sagisse de la maladie mentale, de la délinquance ou de déviances banales.
Ce travail sinscrit dans le prolongement de nos recherches sur les inégalités de réussite scolaire. A la question de savoir pourquoi il y a de bons et de mauvais élèves, la sociologie de léducation répond habituellement en analysant les mécanismes qui transforment les différences culturelles en inégalités scolaires. On oublie trop souvent que ces dernières ont une double face. Ce sont des inégalités réelles dans lappropriation des savoirs et savoir-faire valorisés à lécole ; mais elles nauraient ni la même importance symbolique ni les même conséquences pratiques si lévaluation scolaire ne les traduisait pas en hiérarchies explicites. La façon dont ces hiérarchies montrent ou cachent, dramatisent ou minimisent des inégalités réelles, dépend dans une large mesure de leurs procédés de fabrication, de la structuration du curriculum, de la substance du travail scolaire, des modalités de lévaluation, du moment où elle intervient au cours de lannée ou de la carrière scolaire. Analyser la fabrication de hiérarchies dexcellence, formelles ou informelles, nest donc pas seulement mettre en évidence la construction dune représentation des inégalités ; cest aussi décrire et expliquer la part darbitraire qui caractérise cette construction.
Tout groupe social engendre des normes dexcellence. Un degré élevé de maîtrise dune pratique est source defficacité, de prestige, de pouvoir, de profits matériels ou symboliques, de distinction : les acteurs sociaux qui se livrent à des activités semblables sengagent donc dans une compétition plus ou moins ouverte pour lexcellence. Cest à qui surpassera les autres saffirmera, dans un cercle restreint ou dans une vaste communauté comme le meilleur, le plus intelligent, le plus cultivé, le plus habile, le plus inventif ou le plus qualifié. Selon le degré auquel ils se rapprochent de lexcellence, les praticiens occupent une position plus ou moins enviable dans une hiérarchie dexcellence. Cette dernière sétablit informellement dès quune comparaison intuitive met en lumière d inégales distances à la norme. La hiérarchie se fait plus formelle dans les groupes ou les institutions qui codifient les procédures dévaluation et de classement. À lintérieur de nimporte quel cercle de praticiens sétablit une hiérarchie dexcellence plus ou moins reconnue, plus ou moins stable. Cest évident au sein de chaque corporation professionnelle, sportive, artistique, de tout groupe réunissant des praticiens des mêmes jeux, des mêmes loisirs, des philatélistes aux joueurs déchecs, des cinéphiles aux cruciverbistes. Dans la vie quotidienne, les jugements dexcellence vont bon train. Lorsque plusieurs personnes se livrent à la même activité, sont confrontées à la même tâche, les unes paraissent sen tirer mieux que les autres, quil sagisse de conduire, de danser, de jouer aux cartes, de cuisiner, de raconter une histoire, délever un enfant ou danimer une soirée.
Lécole na pas inventé les hiérarchies dexcellence, elle nen a pas le monopole. Toutes celles qui ont cours dans la société nont pas leur équivalent à lécole, mais les hiérarchies scolaires ne constituent pas un monde à part, ne portent pas sur des disciplines intellectuelles, manuelles, artistiques ou sportives quon ne pratiquerait quà lécole. La maîtrise de la langue participe des hiérarchies dexcellence dans tous les domaines où la pratique fait appel à lexpression et à la communication orales ou écrites. La maîtrise des instruments et du raisonnement mathématiques participe des hiérarchies dexcellence dans toutes les pratiques artisanales, commerciales, techniques et scientifiques. La musique, les arts plastiques, lexpression dramatique, les travaux manuels donnent lieu à des hiérarchies dexcellence hors de lécole. La maîtrise du corps participe de lexcellence dans les métiers manuels, les arts, les sports, le bricolage, les jeux dadresse, les pratiques sexuelles ou guerrières. Quant à la culture générale, à la connaissance de lhistoire, de la géographie, de la nature, des institutions, elles participent des hiérarchies dexcellence bien au-delà de lécole, du capital culturel à faire valoir en société aux qualifications professionnelles. Les liens entre les hiérarchies scolaires et dautres hiérarchies dexcellence sont dautant plus explicables que lenseignement se veut une préparation à la vie : les classements scolaires ne sont en ce sens que la préfiguration de hiérarchies qui ont cours dans la société globale, en vertu de modèles d excellence suffisamment valorisés pour trouver place dans le curriculum.
Dans toute situation denseignement collectif, les hiérarchies dexcellence sont constamment présentes, du seul fait que chacun est statutairement exposé au jugement dun professeur et des autres élèves. Dans un gymnase, une salle de danse, une classe de conservatoire, un atelier de peinture sur porcelaine les élèves se comparent, se situent les uns et les autres dans une hiérarchie informelle. Dans une classe primaire déjà, les élèves sobservent et se mesurent. De cette comparaison naissent des hiérarchies qui se stabilisent dautant plus vite que les tâches se ressemblent et quelles sont souvent proposées à tous dans les mêmes conditions. Les élèves ont donc tout loisir didentifier ceux qui lisent ou dessinent le mieux, ceux qui calculent le plus vite de tête ou qui sont imbattables dans les formes verbales, ceux qui manient le dictionnaire avec maestria ou expliquent sans peine les mots difficiles, ceux qui sexpriment clairement, ont toujours une idée, sont capables danimer une discussion, ceux qui sont " forts en math ", ceux pour lesquels lorthographe na pas de secret, ceux qui construisent avec aisance les figures les plus compliquées, qui écrivent bien, inventent des textes originaux et bien charpentés, savent résumer un livre ou un film, ceux qui chantent le plus juste, ceux qui tiennent le premier rôle dans la pièce de théâtre, ceux qui sont les plus habiles aux travaux manuels ou à la gymnastique A linverse les élèves repèrent assez vite ceux qui, dans tous ces domaines, ont un niveau plus moyen ou tout à fait médiocre.
Les jugements des élèves sont souvent influencés par les jugements du maître, en fonction desquels ils saisissent et intériorisent les normes dexcellence. Toutefois, même si lécole ne pratiquait aucune évaluation formelle, même si le maître sabstenait de tout jugement public, cela nempêcherait pas les élèves de se comparer et de fabriquer entre eux des hiérarchies informelles, comme ils le font dans les domaines étrangers au curriculum. Certains maîtres sappliquent dailleurs à atténuer les jugements des élèves les uns sur les autres, à rendre les hiérarchies moins visibles, par exemple en évitant dobliger les élèves les plus faibles à faire une fois encore devant les autres la démonstration que leurs textes sont illisibles, leurs explications incompréhensibles, leurs calculs fantaisistes ou leur travail à peine ébauché quand dautres ont déjà fini. Les maîtres soucieux de ne pas cristalliser les hiérarchies sefforcent de mettre en valeur dautres formes dexcellence, même si elles ne sont pas évaluées formellement et " ne comptent pas " autant que les autres. Ils se gardent aussi de donner aux élèves les plus brillants autant doccasions quils le voudraient de prouver quils lisent mieux, comprennent plus vite, finissent avant les autres, ont réponse à tout, en bref quils sont les meilleurs. Tous les maîtres nagissent pas dans ce sens : certains soulignent au contraire les hiérarchies, félicitent publiquement les meilleurs, stigmatisent les plus faibles. Retenons surtout ici que même si le maître ne fait rien pour rendre visibles les hiérarchies dexcellence, certains élèves, encouragés souvent par leur entourage familial, recréent des classements informels là où lécole avait supprimé les tableaux dhonneur et les bonnets dâne Le maître, quil le veuille ou non, incarne la norme. Il ne peut guider les élèves dans leur travail et dans leurs apprentissages sans formuler, implicitement ou explicitement, des jugements dexcellence. Il est difficile dimaginer une action pédagogique qui nengendrerait aucune hiérarchie informelle. Seul un enseignement tout à fait individualisé pourrait léviter ; et encore serait-ce à condition dexclure toute relation directe entre les élèves
Il existe des écoles qui ne pratiquent aucune évaluation formelle ou qui laissent à leurs élèves la liberté de se présenter à des examens sils veulent obtenir un certificat. La formation dadultes, lenseignement universitaire, certaines écoles postobligatoires fonctionnent sur ce modèle. Aux âges de scolarité obligatoire, quelques écoles alternatives privilégient lautoévaluation ou lévaluation formative, mais leurs élèves sont obligés de se présenter aux épreuves pédagogiques quimpose la loi sur linstruction obligatoire ou aux examens dadmission qui permettent de rejoindre lenseignement public ou les écoles privées traditionnelles à certaines étapes du cursus Même ces écoles contribuent à la fabrication de hiérarchies informelles, du seul fait quelles proposent aux élèves des activités et des tâches semblables et les mettent en situation de se comparer, de se constituer en un cercle de praticiens fabriquant, comme nimporte quel autre, ses hiérarchies internes.
Lécole primaire publique participe cependant dune façon beaucoup plus active et formelle à la fabrication de hiérarchies dexcellence :
1) elle impose à tous les élèves en âge de scolarité obligatoire un curriculum unique, structuré en disciplines définies comme autant de domaines dexcellence ;
2) ce curriculum est, dans chaque discipline, découpé en programmes annuels correspondant à la structuration du cursus en degrés ;
3) à lintérieur de chaque degré, lécole évalue de façon plus ou moins continue le travail scolaire de chaque élève et ses performances à loccasion dépreuves écrites ou dinterrogations orales ;
4) à partir des évaluations partielles, le niveau dexcellence est estimé de façon synthétique, pour lensemble dune période de travail, dans les disciplines principales ; on lexprime soit en termes de savoirs et savoir faire effectivement maîtrisés, soit en termes de position relative dans une hiérarchie dexcellence
Les hiérarchies dexcellence et la position de chaque élève dans ces hiérarchies résultent dune fabrication relativement complexe qui, à partir du travail scolaire quotidien et des performances spécialement sollicitées en vue dévaluer les élèves, opère des synthèses successives selon des procédés plus ou moins codifiés. De ces synthèses découlent : a) une image globale de lexcellence scolaire de chaque élève ; b) un constat de réussite ou déchec par rapport aux exigences trimestrielles ou annuelles, constat communiqué à lélève, consigné dans le bulletin destiné à ses parents, inscrit dans les registres administratifs de lécole ; c) certaines décisions qui, en cas déchec, vont de lenvoi en classe de soutien à la relégation dans lenseignement spécialisé en passant par le redoublement dune année ou une prise en charge médico-pédagogique ; d) enfin, à lissue de lenseignement primaire, une sélection à lentrée du secondaire, fondée au moins en partie sur la réussite scolaire à lécole primaire
Notre analyse portera essentiellement sur la fabrication des jugements dexcellence, donc sur linterprétation et lapplication des normes, le fonctionnement des procédures dévaluation, les modalités de formulation des jugements. Sans pouvoir retracer complètement lémergence historique des cultures scolaires, nous ne pourrons ignorer, en amont des jugements, la structure et les contenus du curriculum dont les normes dexcellence tirent leur substance. En aval des jugements dexcellence, sans aller jusquà létude des carrières scolaires, nous devrons analyser les mécanismes de sélection qualimente lévaluation. On ne peut comprendre la fabrication des jugements dexcellence sans la rapporter à lorganisation de la scolarité et aux contenus de la culture scolaire, aux pratiques pédagogiques et au travail scolaire. Ainsi, cest parce que le travail scolaire fait massivement appel à la lecture dès la seconde année de scolarité obligatoire que le savoir lire est au centre de lévaluation en première année, à six ou sept ans, Cette conception du travail scolaire et du curriculum engendre des hiérarchies dexcellence qui nauraient ni la même allure ni les mêmes conséquences si la maîtrise de la lecture nétait exigée quà huit ou dix ans. La fabrication de lexcellence commence lorsquon décide dévaluer le savoir lire à un moment défini du cursus.
Quelles que soient les raisons pour lesquelles lécole établit des hiérarchies dexcellence, il importe de saisir quelle fabrique alors une réalité nouvelle, quelle produit sur les élèves une série de jugements qui donnent aux inégalités réelles une signification, une importance et des conséquences quelles nauraient pas en labsence dévaluation.
Pourquoi insister sur lidée de fabrication ? Cette métaphore a plusieurs sens. Elle souligne dabord que, comme toutes les représentations, les jugements et les hiérarchies dexcellence résultent dune construction intellectuelle, culturelle, sociale. Sagissant des jugements dexcellence, cette construction sapparente à une véritable fabrication selon des procédés relativement stables, partiellement codifiés par lorganisation scolaire, partiellement inventés par chaque maître. Cette fabrication est sans doute relativement artisanale, elle fait une part importante à lintuition, même lorsquelle semble instrumentée, fondée sur des textes, des épreuves, des grilles dévaluation. Elle relève néanmoins de routines stables, mises en uvre pour chaque élève, chaque année, à la manière de procédés éprouvés de fabrication. Comme toute " fabrique ", lécole introduit certaines innovations dans ses méthodes : elle espace ou rapproche les évaluations, modifie léchelle de notation, supprime ou introduit lévaluation formelle dans certaines branches, change la pondération des diverses disciplines. Le maître aussi, comme tout artisan, modifie de temps à autre ses procédés, adopte de nouvelles façon de construire ou de corriger une épreuve, délaborer un barème, de combiner des évaluations partielles. Cela nempêche pas les routines de fonctionner et de fabriquer, jour après jour, des jugements dexcellence tant formels quinformels.
Pourquoi ne pas parler simplement de la mesure de lexcellence scolaire ? Parce que les jugements dexcellence sont le produit dun fonctionnement complexe qui met en jeu le découpage du curriculum en disciplines et en degrés annuels ; parce que lélaboration des jugements dexcellence senracine dans une pratique pédagogique et participe dune négociation entre maîtres et élèves. Les critiques docimologiques ou psychométriques de lévaluation scolaire peuvent la considérer comme une mesure parce quelles cherchent uniquement à en apprécier la rigueur méthodologique, la validité, la fidélité. Cette abstraction est légitime dans la mesure où lévaluation scolaire se présente comme une mesure objective de lexcellence, voire des compétences sous-jacentes. Mais il ny a pas de mesure automatique, dévaluation sans évaluateur et sans évalué ; or, on ne peut réduire lun à létat dinstrument, lautre à létat dobjet. Ce sont des acteurs qui poursuivent des stratégies, pour lesquels lévaluation a un enjeu, leur carrière scolaire, leur formation (cf. Dominicé, 1979) Pour le sociologue, même ladministration dun test parfaitement rigoureux et " scientifique " demeure une interaction sociale. Cest vrai a fortiori de lévaluation scolaire. Le maître et lélève sont pris dans un jeu complexe dont ils nont pas défini toutes les règles, qui sétend sur lensemble dune année scolaire et dont lévaluation nest quun moment. Lidée de fabrication souligne la part des aléas, des biais, des arbitraires, des facteurs interpersonnels et institutionnels qui pèsent sur la " mesure " en pédagogie.
Cette métaphore veut aussi rappeler que les organisations ont le pouvoir de construire une représentation de la réalité et de limposer à leurs membres et à leurs usagers comme la définition légitime de la réalité. A aucun moment le jugement de lécole ne se donne comme un point de vue sur lélève parmi dautres possibles. Dans le champ couvert par les normes dexcellence, lécole prétend attribuer à chacun son vrai niveau dexcellence et fonder sur cette évaluation des décisions sans appel. Le pouvoir de lorganisation scolaire, quelle tient évidemment du système politique, est de faire dun enfant qui se trompe dans ses soustractions, naccorde pas le verbe avec le sujet ou ne maîtrise pas le passé simple, un " mauvais élève ".
Pour illustrer la capacité des organisations à fabriquer une image de la réalité qui simpose comme la réalité, éloignons-nous un instant de lécole pour nous intéresser à la fabrication de la folie par la psychiatrie institutionnelle, puis à la fabrication de la délinquance par le système pénal. Le paradigme de la fabrication a été mis en uvre dans ces deux domaines. Il nest pas transposable sans examen à lexcellence scolaire. Du moins permettra-t-il de mieux situer notre démarche.
Thomas Szasz est un psychiatre américain qui a, depuis de longues années, déclaré la guerre à la psychiatrie institutionnelle. Doù le ton assez vif de son analyse, dont nous retiendrons surtout la mise en évidence du pouvoir quont les institutions dimposer une construction de la réalité :
Szasz oppose à la psychiatrie institutionnelle la psychiatrie contractuelle :
Tout comme la sorcière européenne du XVe siècle, le malade mental américain contemporain est généralement une personne pauvre, perturbée ou accusée de troubler lordre et quon déclare malade mentale contre sa volonté. Un tel individu peut accepter le rôle ou essayer de le refuser ; le psychiatre institutionnel qui lexamine peut tenter de le figer dans ce rôle, éventuellement en lhospitalisant pendant longtemps, ou peut le relâcher après une brève période dinternement. Dans tous les cas les autorités psychiatriques exercent un contrôle absolu sur la relation (Szasz, 1976, p. 21).
Laissons de côté ici la part de polémique pour retenir lanalyse : la folie nexiste pas à létat objectif. Cest une étiquette mise sur certaines conduites que la majorité des gens trouvent étranges, incohérentes, irrationnelles, incontrôlées. Définissant une normalité, une image de la santé mentale, on définit en contrepartie la folie ou la maladie mentale, en leur associant certaines conduites, certaines manières dêtre.
Cet étiquetage nacquiert toute sa légitimité sociale quavec lémergence de la psychiatrie à la fois comme discours " scientifique " sur la maladie mentale, ses causes et son traitement et comme appareil de dépistage, de diagnostic, de prise en charge ambulatoire ou hospitalière. Dans la mesure où la société, les entreprises, les tribunaux, les prisons, les écoles délèguent au psychiatre le soin de dire qui est fou et de prescrire un traitement pour les malades mentaux internés doffice ou sous contrôle pénal, se crée effectivement un pouvoir psychiatrique institutionnel, pouvoir de fabriquer la folie à partir de conduites dites " déviantes " (marginalité, toxicomanie, refus de travailler, homosexualité, rébellion contre lautorité, antisémitisme, pacifisme) aussi bien que de comportements qui passent pour des signes de " troubles mentaux " (angoisse, agressivité, phobie, instabilité, exaltation, état dépressif, obsession, hallucination, isolement, exhibitionnisme, autoritarisme, dépendance). Szasz montre que, dans un contexte psychiatrique, chacune de ces conduites peut devenir un symptôme de maladie mentale, alors que, dans un autre contexte, elles feraient figures de simples traits de " caractère ".
Szasz ne dit pas que le diagnostic psychiatrique établi par un psychiatre est sans rapport avec le fonctionnement mental ou les conduites du " patient ". Il dit que la psychiatrie institutionnelle propose de ces conduites et de ces fonctionnements une interprétation qui est fonction des critères de normalité et de santé mentale quelle définit, des procédures dinvestigation quelle met en uvre, des catégories quelle mobilise pour donner un sens aux conduites :
Je dirai encore que, si notre intention est de voir les choses clairement, plutôt que de confirmer des croyances populaires et justifier des pratiques désormais acceptées, nous devons établir une nette distinction entre trois catégories de phénomènes apparentés mais distincts : dabord, les événements et les comportements, comme la naissance dun enfant mort-né, ou le rejet par sa mère dun bébé bien portant ; deuxièmement, leur explication au moyen de concepts religieux et médicaux, telles la sorcellerie ou la folie ; troisièmement, leur contrôle par la société, justifié par des explications religieuses ou médicales, utilisant des interventions théologiques ou thérapeutiques, comme le bûcher pour les sorcières ou lhospitalisation doffice des fous.
On peut accepter la réalité dun événement ou dun comportement tout en refusant les explications quon en donne généralement, ainsi que les méthodes de contrôle de la société (Szasz, 1976, pp. 18-19).
Szasz ne nie nullement quil y ait des individus qui souffrent, qui se sentent mal dans leur peau, qui ont besoin daide ; et dautres qui dérangent, qui sont jugés déviants ou déraisonnables. Il met simplement en évidence le pouvoir de la psychiatrie institutionnelle de juger du fonctionnement mental des individus et du sens de leurs conduites contre leur gré, de les interner et de les traiter sans quils le demandent. Lorsque, dans un pays totalitaire, on enferme un dissident dans une clinique psychiatrique en affirmant quil est fou, il est évident quon a fabriqué un diagnostic psychiatrique de toutes pièces à des fins de contrôle social. Szasz montre que dans les pays libéraux, pour être moins caricatural, le fonctionnement de la psychiatrie institutionnelle est partiellement de cette nature.
En résumé, fabriquer la folie, cest avoir le pouvoir daffirmer quun individu est fou et de faire en sorte quil soit traité comme tel par la société, ce qui peut entraîner linternement doffice, la perte des droits civiques, le retrait du permis de conduire, lexclusion de larmée, limpossibilité de prétendre à certains emplois, linterdiction de se marier ou davoir des enfants, sans parler de toutes les conséquences moins formelles.
Lorsque, se référant à Szasz, Robert (1977) analyse la fabrication de la délinquance juvénile, il ne dit pas davantage que la justice crée de la délinquance à partir de rien. Certes, dans certains pays totalitaires, il arrive quun jugement pénal soit fabriqué de toutes pièces. Lexemple le plus spectaculaire et le plus tragique est celui des procès truqués où lon fabrique de faux délits, de faux témoins, de fausses preuves et même de faux aveux. Dans ces régimes, la police, la justice, la médecine sont sous le contrôle absolu de lappareil dÉtat, dont elles tiennent le pouvoir de fabriquer des jugements qui ne doivent rien à la réalité, mais quon fait passer pour la réalité aux yeux du public. Il y a alors falsification pure et simple. Mais la notion de fabrication dun jugement pénal peut sentendre en un sens plus banal, sans impliquer la perversion de lappareil judiciaire.
Robert ne prétend pas que dans les sociétés libérales la délinquance juvénile est fabriquée de toutes pièces : certains jeunes se droguent, dautres volent dans les grands magasins ou empruntent des voitures ou des motos, dautres commettent des déprédations, des larcins, des viols ou des agressions. Mais dune conduite à la délinquance jugée Robert met en évidence la complexité dun processus de fabrication qui porte sur la réalité des conduites, leurs intentions, leur sens, leur légalité. Le fonctionnement de lappareil policier et judiciaire est évidemment orienté par un code pénal qui définit les délits : " Celui qui sera puni de ". De cette abstraction au jugement pénal, il y a place pour un travail détablissement des faits et dinterprétation des lois et de la jurisprudence. Ce travail commence de façon partiellement aléatoire : toutes les transgressions du code pénal ne sont pas repérées ou dénoncées ; la criminologie souligne limportance du chiffre noir, la proportion des illégalismes qui échappent à tout signalement. Certaines des victimes ne portent pas plainte, pour diverses raisons. Même lorsque lauteur dune transgression est identifié, voire appréhendé, il nest pas nécessairement déféré à la police : Robert montre que les grands magasins ne portent plainte pénale pour vol que dans une fraction des cas, réglant les autres par leurs propres moyens. Même sil y a plainte, dénonciation, identification de suspects, il ny a pas nécessairement inculpation : laffaire peut être classée au stade de lenquête policière ; le procès peut encore aboutir à un non-lieu ou un acquittement faute de preuves. Autant de décisions qui éclairent " en creux " les décisions qui contribuent dans les autres cas à la poursuite de la fabrication. A chaque étape, les victimes, les témoins, les prévenus, les avocats, les policiers, les magistrats, les jurés participent, en principe de façon contradictoire, à la fabrication dune représentation des faits et des conduites et dune interprétation de leur sens par rapport au code pénal.
Cette fabrication peut être très simple et très rapide lorsquil y a flagrant délit ou aveu spontané et que la conduite incriminée relève à lévidence dune sanction pénale. Dans beaucoup daffaires, létablissement des faits et lappréciation de la culpabilité sont beaucoup plus difficiles. Que lon songe, pour ne pas sen tenir à la délinquance juvénile, aux affaires de murs, aux pratiques frauduleuses, à labus de confiance, à la diffamation, aux fautes professionnelles, aux homicides par imprudence, aux délits politiques. Dans tous ces cas, la fabrication du jugement pénal peut être très laborieuse et nest jamais exempte darbitraire, tant les faits sont complexes, tant les normes légales pertinentes prêtent à interprétation.
Quil y ait, même dans le fonctionnement de lappareil judiciaire des pays les plus démocratiques, des abus, des erreurs, des injustices est indéniable, mais ce nest pas lessentiel. Même lorsque les faits paraissent incontestables, lorsque aucun vice de procédure nest identifiable, même lorsque la police, le magistrat instructeur, les juges et les jurés ont fait parfaitement leur travail, il y a fabrication dun jugement qui, une fois le verdict rendu, une fois les possibilités de recours épuisées, a force de loi. Avec la sanction pénale qui sensuit dans limmédiat, avec les conséquences à plus long terme dune condamnation : étiquetage, ruptures familiales, problèmes de réinsertion sociale, difficulté dobtenir ou de conserver un emploi ou un logement, impossibilité daccéder à certains statuts exigeant un casier judiciaire vierge ou encore risque accru de devenir suspect si lon est impliqué dans une autre affaire policière.
Léchec scolaire nest assimilable ni à un diagnostic psychiatrique ni à un jugement pénal. Du moins dans sa forme ordinaire. Il arrive que certaines formes dinadaptation scolaire conduisent à des prises en charge psychiatriques ou pénales, mais ce nest pas dans ce sens que nous avons brièvement évoqué les analyses de Szasz et de Robert. Il ne sagit pas damalgamer des jugements aussi différents quun diagnostic psychiatrique, une condamnation pénale ou un jugement dexcellence scolaire. Ni de suggérer que lécole fonctionne à la manière de lappareil psychiatrique ou judiciaire.
Ce que nous voulions souligner, cest le pouvoir quont les institutions psychiatriques et judiciaires de construire du fonctionnement mental, des capacités ou des conduites d un individu une image qui a force de loi et qui fonde certaines décisions. Pour être exercé dans des conditions moins dramatiques le pouvoir de lécole nen est pas moins grand. De six à quinze ans, les hiérarchies dexcellence scolaire simposent aux intéressés quils le veuillent ou non, à la manière dont on impose un diagnostic psychiatrique à un interné doffice ou un verdict à un prévenu. Le jugement dexcellence de lécole a " force de loi ". Aucun élève en âge de scolarité obligatoire ne peut sy dérober, quelle que soit son degré daspiration à lexcellence scolaire.
Linstruction obligatoire aurait pu prendre un autre sens, par exemple en imposant à chacun dacquérir un minimum dexcellence dans un domaine de son choix. Ce nest pas la conception qui a prévalu dès le XIXe siècle : les lois sur linstruction obligatoire exigent un niveau dexcellence relativement limité, mais par rapport à un curriculum imposé, qui définit la culture de base, linstruction élémentaire dont nul ne saurait se passer. Les adultes peuvent choisir les domaines dans lesquels ils ont quelque prétention à lexcellence. Les enfants, eux, ne peuvent pas renoncer à lexcellence scolaire. Aucun ne peut dire : " Moi je nai pas envie de savoir lire ou de savoir faire des multiplications, ça mest égal que les autres soient meilleurs que moi, je préfère être excellent dans dautres domaines, étrangers au programme scolaire ".
Cest pourquoi il ny a pas de commune mesure entre les hiérarchies dexcellence imposées par un pouvoir institutionnel et celles qui naissent de la libre confrontation de praticiens cherchant à se surpasser les uns les autres. Nul ne peut véritablement obliger quelquun à lexcellence. Lécole peut en revanche imposer non seulement une présence et un travail, mais une évaluation à laquelle les élèves doivent se soumettre bon gré mal gré et diverses sanctions symboliques ou pratiques en cas déchec.
La psychiatrie et la justice nont à connaître quune fraction de la population. A lexception de ceux qui sont déclarés sains desprit ou innocents à lissue dune investigation psychiatrique ou dune procédure judiciaire, la plupart des gens se sentent normaux ou honnêtes parce quils nont pas eu maille à partir avec la psychiatrie ou la justice. Lécole au contraire touche tout le monde, juge tout le monde et donne à chacun une place dans les hiérarchies dexcellence. Paradoxalement, le pouvoir des maîtres décole et de linstitution scolaire paraît moins grand que celui des magistrats ou des psychiatres et nest quassez rarement lobjet dune critique analogue. Sans doute ceux qui sortent gagnants de la compétition scolaire nont-ils guère de raison de se révolter contre un pouvoir qui consacre leur réussite. Quant à ceux qui échouent, ils sont issus en majorité des classes populaires, ce qui les prive doublement des moyens et du droit de mettre en cause le pouvoir de lécole.
Si le principe de lévaluation scolaire est généralement accepté, ses modalités suscitent souvent des passions. Lévaluation scolaire ne laisse indifférents ni les gens décole, ni les élèves, ni les parents, ni les chercheurs en éducation, ni la classe politique, ni lopinion publique. Les débats portent notamment sur la part de lévaluation qui est communiquée aux parents, à travers bulletins et notes scolaires par exemple ; sur les normes dadmission dans certaines écoles ou certaines filières secondaires ; sur les degrés du cursus, les disciplines et les objectifs qui doivent faire lobjet dune évaluation formelle ; sur la forme des épreuves et des examens, les critères de correction, le choix des barèmes, le calcul des moyennes. Plus récemment, surtout entre gens décole et chercheurs en science de léducation, sest développée une réflexion sur les alternatives à lévaluation traditionnelle, en particulier dans le sens dune observation qualitative sans notes, dune évaluation formative ou dune évaluation en fonction dobjectifs ou de critères de maîtrise.
Nous nignorerons pas ces débats et les questions quils posent chaque fois que cela nous permettra déclairer la fabrication des jugements dexcellence. Mais pour prévenir tout malentendu précisons demblée que nous ne proposerons ici ni une critique des modes dévaluation en vigueur dans les écoles, ni une réforme. Nous nous en tiendrons à un objectif plus limité : décrire et analyser les procédés de fabrication des jugements dexcellence dans lécole telle quelle est, en insistant particulièrement sur lécole primaire genevoise qui est notre champ dobservation privilégié. Nous tenterons de porter sur les normes et sur les jugements dexcellence un regard dénué de préoccupations normatives, même si nous nignorons pas que, dans un champ traversé par des polémiques très vives, toute analyse des pratiques dévaluation peut évidemment conforter certaines positions, donner des arguments aux partisans de telle ou telle réforme ou aux tenants du statu quo. Ce nest pas notre but.
Ce qui nous intéresse, comme sociologue, nest pas de prendre parti dans ce débat. Cest de décrire lécole telle quelle fonctionne, de comprendre comment elle sarticule au système social, économique et politique, comment elle engendre des uniformités aussi bien que des différences culturelles, comment elle prend sa place dans lensemble des processus de socialisation, dhomogénéisation et de différenciation des individus, de production et de reproduction de la société.
Depuis une décennie environ, la sociologie de léducation ne se contente plus danalyser les flux délèves, les populations scolarisées, les structures des systèmes scolaires, les politiques de léducation ou les mécanismes de reproduction. Toutes ces problématiques restent actuelles, mais il importe déclairer lintérieur de la boîte noire quest resté longtemps le système denseignement, danalyser lorganisation scolaire, les établissements, les classes dans leur fonctionnement quotidien. Notre travail essaye dintégrer ces divers niveaux danalyse, allant de la description du curriculum formel à lanalyse des pratiques dans la salle de classe, ici sous langle de lévaluation.
A propos de lécole, une démarche scientifique privilégiant la description et lexplication ne va pas de soi, parce que la pédagogie et les sciences de léducation se définissent souvent comme des sciences de laction, affirmant quelles ont vocation à faire progresser lécole, à la rendre plus efficace, à lui donner les moyens datteindre ses objectifs ou de " gérer linnovation ". Une sociologie de lévaluation scolaire court donc constamment le risque dêtre assimilée à lensemble des travaux qui critiquent les notes scolaires ou proposent une alternative. Doù notre insistance sur la distance que nous souhaitons conserver par rapport aux débats pédagogiques ou politiques sur lévaluation. Lorsque la sociologie sintéresse à la façon dont les acteurs sociaux construisent leurs représentations de la réalité, en loccurrence leurs jugements dexcellence, lenjeu nest pas de suggérer quils se trompent, que la réalité est tout autre que ce quils croient, que leur jugement nest pas fondé. Il ne sagit pas de décider de la validité des représentations des acteurs, mais de comprendre comment et pourquoi ils construisent ces représentations plutôt que dautres et quelles sont leurs conséquences.
Une théorie générale de lexcellence scolaire devrait analyser la façon dont elle est fabriquée dans de multiples systèmes scolaires et à tous les niveaux du cursus. Nous nous limiterons ici à lenseignement primaire et notre analyse, sans sy enfermer, se référera surtout à lécole primaire genevoise, qui compte six degrés.
Pour saisir la façon dont se fabrique au jour le jour lexcellence scolaire, il ne suffit pas de lire les textes qui codifient le curriculum et les procédures dévaluation. Cest une étape nécessaire, mais on ne peut comprendre les pratiques dévaluation à partir des textes seulement, surtout dans les systèmes scolaires où lévaluation formelle est assumée par le maître de classe et nest quun moment de sa pratique pédagogique, une composante du travail scolaire quotidien. Dans un système où la sélection se fonde sur des examens, peut-être suffirait-il danalyser le contenu et le déroulement des épreuves pour saisir la substance de lexcellence scolaire et le mode de fabrication des jugements. Lorsquon sintéresse à un système où lévaluation est une composante permanente de la pratique, cest la pratique entière quil faut analyser, sous langle du travail scolaire et des jugements dexcellence dont il fait lobjet.
Nous navions pas les moyens dune observation des pratiques dans plusieurs systèmes denseignement. Le choix du système genevois est sans mystère, puisque le Service de la recherche sociologique a pour tâche den analyser le fonctionnement et les transformations et que nous contribuons à ce travail depuis 1970. Dans nul autre système nous naurions eu accès à autant de données à la fois qualitatives et quantitatives, tant sur les politiques de léducation et le fonctionnement de lécole que sur le curriculum réel et les pratiques. Quant au choix de lenseignement primaire, il na pas été dicté dabord par des considérations théoriques sur la fabrication de lexcellence scolaire. Le présent travail tire sa substance de deux recherches plus vastes conduites dans lenseignement primaire, lune sur léchec scolaire et la différenciation de lenseignement, lautre sur les pratiques pédagogiques dans le domaine de la langue maternelle. Lanalyse proposée ici de la fabrication des jugements dexcellence scolaire senracine donc dans un terrain mieux exploré au niveau des pratiques quotidiennes.
Peut-être la fabrication de lexcellence scolaire serait-elle plus facile à mettre en évidence dans lenseignement secondaire, où la sélection et lorientation sont les enjeux permanents dune évaluation omniprésente et très formelle. Lanalyse des dernières années de scolarité obligatoire et des formations postobligatoires mettrait en outre en évidence des fonctions de certification par le diplôme qui nont pas déquivalent dans lenseignement primaire, puisquil nest plus pour aucun élève, du moins à Genève, une préparation à lentrée immédiate dans la " vie active ".
Si nous avions choisi notre terrain dans la seule intention de mettre en évidence la fabrication de lexcellence scolaire, nous aurions de toute façon envisagé de commencer par lécole primaire. Car cest là que se constituent les premières hiérarchies dexcellence, celles qui vont déterminer la suite de la carrière. Cest là que lélève apprend à être évalué et à évaluer les autres, quil se familiarise avec la notion même dexcellence, avec le type dexcellence valorisé à lécole, avec le travail scolaire, avec le " métier délève ".
Lanalyse de lévaluation à lécole primaire oblige aussi à mettre en évidence des normes dexcellence moins caricaturales que celles qui caractérisent les filières " nobles " de lenseignement secondaire. On ne retrouve pas à lécole primaire les " catégories de lentendement professoral " mises en évidence par Bourdieu et de Saint-Martin (1975) dans les lycées ou les grandes écoles, pas plus que nous navons retenu lassimilation de lexcellence au style, à la manière de faire et de se distinguer (Bourdieu et de Saint-Martin, 1969)~ Cette définition convient sans doute aux enseignements littéraires et philosophiques, beaucoup moins à lécole élémentaire.
Lévaluation à lécole primaire présente un autre intérêt : elle est moins formelle que dans le secondaire, plus intégrée à lappréciation du travail quotidien. Lanalyse de cette évaluation oblige à entrer dans le détail des pratiques pédagogiques, elle sélargit constamment dans le sens dune sociologie du travail scolaire et de laction pédagogique, du curriculum réel et du fonctionnement de lécole au niveau de la salle de classe. Cest donc une occasion de faire progresser lanalyse sociologique au-delà de lévaluation proprement dite.
A sen tenir à lanalyse des textes fixant les objectifs de lenseignement, définissant le curriculum, codifiant lévaluation, on pourrait déjà se faire une idée de la substance des normes dexcellence et des modalités de fabrication des hiérarchies. Mais les pratiques sont toujours plus riches et plus diverses que les textes ne le suggèrent. Sur de nombreux points les enseignants doivent interpréter les textes, faire des choix que lorganisation scolaire ne prescrit pas dans le détail. Ainsi les directives imposent-elles de noter les élèves sur une échelle dexcellence allant de 0 (nul) à 6 (excellent). Mais les textes ne disent pratiquement rien de la signification de ces notes. Ce quun élève de troisième primaire doit maîtriser pour obtenir un 4 (assez bien) de mathématique ou dorthographe nest spécifié nulle part. Quant à la façon de construire des épreuves, de les corriger, de choisir un barème, de calculer une moyenne trimestrielle, les maîtres sont nantis de conseils et de quelques règles assez vagues.
Ces silences sont en eux-mêmes intéressants. Mais ils confirment limpossibilité de reconstituer les pratiques à partir des textes. Seraient-ils extrêmement détaillés quil faudrait dailleurs se demander si et comment ils sont appliqués. La conformité à nimporte quelle règle suppose quelle soit connue, comprise, acceptée ou appliquée par crainte de sanctions. Ce qui suppose soit une socialisation très forte, assurant lintériorisation des règles, soit un contrôle social de chaque instant. Ni la formation des maîtres primaires ni leur mode de supervision ne garantissent lobservance absolue de toutes les règles. Une fois refermée la porte de sa classe lenseignant primaire est dans une large mesure maître chez soi. Il est jugé de mille manières indirectes, sur les résultats de ses élèves, sur ce quils racontent, sur ce que peuvent entrevoir ses collègues ou linspecteur, sur ce que croient comprendre les parents. Ce nest pas un métier exercé en toute indépendance. Mais par rapport au détail du curriculum et des règles dévaluation, le maître a une certaine autonomie, pour une part statutaire, pour le reste conquise individuellement ou collectivement.
Par ailleurs, comme dans dautres domaines, le débat public sur lévaluation effrite la légitimité du système en vigueur, sans quun autre soit prêt à sy substituer. Comment un maître pourrait-il adhérer sans se poser de questions à un système dévaluation par notes que les uns condamnent au nom de la rigueur psychométrique, les autres au nom de la générosité pédagogique ? Pris entre certains discours qui refusent toute sélection à lécole primaire, et donc toute évaluation comparative, et dautres discours qui plaident pour une évaluation instrumentée, le maître primaire genevois peut difficilement appliquer le système officiel sans linfléchir dans le sens dune philosophie personnelle de lévaluation, quelle aille dans le sens dune sélection plus rigoureuse ou dune pédagogie de la réussite.
Pour saisir les représentations et les pratiques, il faut donc sadresser directement aux enseignants. Cela pourrait conduire à une enquête par questionnaire ou par interview auprès dun échantillon représentatif de maîtres primaires. Nous navons pas suivi cette démarche. Elle naurait eu de sens quà partir dune connaissance du terrain que nous navions pas au début de ce travail. Et encore peut-on mettre en doute la validité dune enquête sur les pratiques qui procéderait uniquement par questionnaire ou entretien. Non seulement en raison des difficultés de toute reconstitution dune pratique à partir dun discours des acteurs, mais parce que les enseignants, comme les autres praticiens, ne tiennent pas à dévoiler tous les aspects de leur travail, en particulier dans le domaine de lévaluation, qui nest pas toujours laspect le plus " orthodoxe " de leur pratique, ni celui dont ils assument le plus facilement les arbitraires et les contradictions. Les enseignants savent quils fabriquent de lexcellence scolaire, donc de linégalité, ce que certains vivent mal. Sans fonder des espoirs démesurés sur une démarche de recherche extensive, nous lui accordons cependant un sens à partir du moment où lobservation directe et la démarche qualitative auront permis de construire des concepts et des hypothèses susceptibles dêtre validés à plus large échelle par les moyens classiques de lenquête. On peut considérer le présent travail comme une étape préliminaire. Lanalyse quil propose, pour être fondée sur une démarche essentiellement qualitative, na cependant aucun rapport avec une construction spéculative.
Depuis 1978 nous participons à une recherche-action portant sur léchec scolaire et la différenciation de lenseignement à lécole primaire. Le projet RAPSODIE, qui touchait à lorigine deux écoles, sest poursuivi dans une seule dentre elles dont les enseignants, volontaires, ont accepté de travailler en équipe et de collaborer pendant six ans avec des psychopédagogues et des sociologues à une réflexion sur les causes de léchec scolaire et sur des modalités de différenciation de lenseignement qui pourraient prévenir les échecs et atténuer linégalité devant lécole. On trouvera une description plus détaillée du projet dans dautres publications (Groupe RAPSODIE, 1979, 1981 ; Haramein et Perrenoud, 1981 ; Perrenoud, 1982 ; Hadorn, 1984). Disons seulement que chaque équipe de trois maîtres, en principe élargie à un coordinateur du projet ou à un chercheur, prend en charge une quarantaine délèves du même degré scolaire. Léquipe sorganise à son gré pour grouper les élèves compte tenu des forces disponibles et des formes de différenciation projetées. Les équipes élargies sont un des lieux de réflexion, de confrontation de la théorie et de la pratique. Il existe dautres lieux, en particulier des groupes de travail réunissant des représentants des diverses équipes, les coordinateurs, linspectrice et les chercheurs. On se doute que la thématique de lévaluation a été, parmi dautres, au centre de la réflexion. En schématisant nous distinguerons quatre sources principales dinformation :
1) les groupes de travail permanents : RAPSODIE fonctionne notamment avec des groupes de travail permanents qui se réunissent en alternance pour débattre lun de la coordination entre degrés et des relations entre les familles et lécole, le second de linnovation pédagogique et du travail en équipe, le troisième de léchec scolaire et de la différenciation de lenseignement. Les groupes permanents réunissent un enseignant de chaque équipe, linspectrice, les coordinateurs et les chercheurs du projet. Le travail des trois groupes, sans être centré sur lévaluation, y fait constamment référence, puisquelle est à la fois un enjeu entre lécole et les parents, entre les équipes prenant en charge successivement les mêmes élèves, entre enseignants de la même équipe partageant la responsabilité dun groupe délèves et pratiquant une évaluation concertée. Quant au débat sur léchec scolaire et la différenciation, il est évidemment impossible de laborder sans parler de lévaluation. Participant régulièrement à ces groupes, nous y avons accumulé de nombreuses informations, des exemples, des fragments danalyse, des hypothèses qui nourrissent notre présent travail ;
2) dans le cadre de la préparation dune publication des résultats de la recherche-action, un groupe nouveau sest constitué sur le thème de lévaluation ; réunissant des enseignants et des chercheurs il cherche à élaborer la synthèse des essais et des réflexions. Son but est de proposer des formes dévaluation qui iraient dans le sens dun enseignement plus différencié ; mais les modèles dévaluation formative et dévaluation par objectifs, aussi séduisants soient-ils, nont quelque chance dentrer dans les classes que sils tiennent compte des contraintes de la pratique ; cest pourquoi les discussions de ce groupe apportent nombre de nuances ou de confirmations à lanalyse proposée ;
3) la collaboration avec une équipe pédagogique : dans RAPSODIE une quarantaine délèves sont pris en charge par une équipe de trois maîtres qui sorganise à sa guise pour couvrir le programme de lannée ; les élèves sont répartis en deux ou trois groupes stables, auxquels sajoutent, par moments, des groupes thématiques ou des groupes de niveaux ; léquipe gère collectivement la formation des groupes, la division du travail pédagogique, les relations avec les parents, la progression dans le curriculum, lévaluation. Dans le cadre de la recherche-action les équipes ont été élargies, un chercheur et/ou un coordinateur du projet sy intégrant pour participer à lenseignement, à lobservation des élèves, à lanimation des réunions de parents, à linnovation et à la recherche dans le cadre du projet que chaque équipe avait choisi à lintérieur du thème général ; dans ce cadre, à travers une collaboration presque quotidienne pendant cinq ans, grâce à la capacité de léquipe dintégrer un chercheur à lensemble de son fonctionnement, nous avons pu approcher de très près la réalité du travail scolaire, de lenseignement, de lévaluation, des discussions de fond aux tâches les plus terre à terre. Lévaluation est évidemment une composante permanente du fonctionnement dune équipe, un sujet de controverses, une source dangoisse, loccasion dun travail collectif sur les contenus et les modalités de lévaluation formelle, doublé déchanges constants sur les élèves observés en classe et sur les rapports entre leur travail quotidien et leurs résultats ; nous avons participé directement à lélaboration et à la correction des épreuves, à lélaboration collective des barèmes, à lexpérimentation de certaines alternatives, par exemple dans le domaine de lautoévaluation du comportement ;
4) une observation-participante en classe : dans le cadre de cette collaboration avec une équipe pédagogique, nous avons passé un à deux jours par semaine en classe, durant cinq années scolaires consécutives, selon des formules diverses allant de lobservation informelle à la participation directe à lanimation des activités et à lenseignement, en particulier en français et en mathématique ; pendant trois ans, léquipe suivant les mêmes élèves de la quatrième à la sixième primaire, nous avons pris une part directe à lanimation de lun des deux groupes de base, dans le cadre dune collaboration intensive avec lune des enseignantes de léquipe, les deux autres prenant en charge conjointement lautre moitié des élèves ; depuis un an, avec de nouveaux élèves, léquipe travaille en trois groupes de base dans lesquels nous passons une demi journée par semaine, avec une moindre implication dans la planification du travail de la semaine mais en participant à la préparation et à lanimation de certaines activités ; cette observation très participante, au point que lobservation nest souvent possible quau second degré, nous a permis, grâce à louverture de léquipe, de vivre dassez près les conditions de la pratique pédagogique, en particulier de lévaluation.
Ces sources essentielles dinformation sont complétées par les documents disponibles à lintérieur de RAPSODIE aussi bien que par de nombreuses conversations avec des enseignants primaires, des inspecteurs, des chercheurs dans le cadre de la recherche-action aussi bien quen dehors de RAPSODIE, dans divers séminaires, groupes de travail ou commissions. Lévaluation est un thème constant de préoccupation des enseignants, des autorités scolaires et des chercheurs en éducation. Cela suggère en soi quil sagit dun " point sensible ", très investi affectivement et idéologiquement parce que cest à travers lévaluation que se concrétisent les inégalités, donc aussi les contradictions entre lutopie pédagogique dune " école pour tous " et la réalité des écarts. Le discours sur lévaluation est le plus souvent chargé de valeurs, quil soit autocritique ou autojustificateur, cynique ou idéaliste. Mais il est riche aussi dinformations indirectes sur les pratiques et il offre prétexte à un questionnement. Cest pourquoi il se passe peu de jours sans quune conversation confirme, contredise ou nuance, sur tel ou tel point de détail, notre analyse. Lobservation-participante ne se limite pas ici aux quelques classes et à léquipe avec lesquelles nous avons travaillé le plus régulièrement, ni au groupe de recherche-action dans son ensemble. Cest une observation-participante à léchelle dun système, comme chercheur bien entendu, mais aussi comme père de deux enfants fréquentant lécole primaire, ce qui apporte un éclairage complémentaire fort important.
Ce que cette démarche de type anthropologique pourrait avoir de peu représentatif est partiellement corrigé par une recherche qui touche davantage denseignants primaires, pour linstant dans les premiers degrés de lenseignement élémentaire. Il sagit dobserver la formation puis les pratiques des enseignants dans le domaine de la langue maternelle, dans le cadre de la rénovation de lenseignement du français. Cette recherche (cf. Favre, 1982,1983 ; Favre & Perrenoud, 1983,1984) ne porte pas uniquement sur lévaluation, qui est cependant une composante importante de la pratique. Nombre denseignants engagés dans la rénovation du curriculum et de la démarche didactique disent vivre une forte contradiction entre la façon nouvelle dont ils doivent enseigner et les modalités inchangées de lévaluation. Cette recherche, en cours et qui sétendra aux degrés suivants, nous a donc apporté de précieuses informations complémentaires et nous a permis de mieux cerner ce qui se passe dans les premiers degrés, alors que RAPSODIE porte sur les quatre derniers degrés de la scolarité primaire.
Notre analyse est donc fondée sur de nombreuses observations directes aussi bien que sur nos conversations avec des maîtres, parfois dans des entretiens de recherche, souvent dans des groupes de travail ou dans la collaboration au sein dune équipe ou dans une classe. La fréquence des recoupements et les commentaires des enseignants qui ont lu une version provisoire de ce texte nous permettent dêtre assez sûr davoir cerné les principaux mécanismes de fabrication de lexcellence scolaire, davoir identifié les principales attitudes et les pratiques les plus courantes. Mais en toute rigueur ce travail reste exploratoire. Sur beaucoup de points de détail des entretiens et des observations plus structurés et plus centrés sur lévaluation permettraient daller plus loin. Une enquête plus extensive permettrait destimer la fréquence relative de certaines pratiques, alors que nous nous sommes souvent limité à souligner leur diversité, à proposer une typologie, éventuellement à indiquer ce qui nous semble être la pratique ou lattitude dominantes.
Cette diversité est elle-même une caractéristique importante des organisations scolaires. Même lorsquelles codifient le curriculum, explicitent les normes dexcellence et les niveaux dexigence, fournissent à tous les même moyens denseignement, exercent un contrôle serré sur les pratiques, les organisations scolaires ne parviennent pas à standardiser complètement les démarches didactiques et le curriculum réel. Cest pourquoi nous aurons maintes fois loccasion de souligner la coexistence dans la même école, sur le même palier, de pratiques pédagogiques différentes, en particulier de modes distincts de fabrication des jugements dexcellence. Une fois cette diversité relative - mise en évidence, il resterait à lexpliquer. Nous naffirmons nullement que chaque maître " fait ce quil veut ", encore moins que sa pratique est lexpression de sa seule personnalité. Les pratiques dun enseignant sont en partie déterminées par sa situation et son histoire dans lorganisation scolaire et par lhabitus quil doit à sa formation et à son expérience, et au-delà à son origine ou à son appartenance de classe, à son sexe, à son âge, à sa situation familiale, à sa position dans le cycle de vie ou à ses engagements politiques. Pour progresser dans lexplication sociologique des pratiques, de leurs différences et de leurs ressemblances, nous devrions nous engager dans une analyse systématique de lorganisation scolaire et du métier denseignant. Le présent travail ne pourra quy contribuer ici ou là.
A propos des maîtres, ajoutons trois remarques :
1) le corps enseignant primaire est, à Genève, constitué à environ 80 % denseignantes. Cette féminisation du métier varie dun degré à lautre. Elle est presque totale dans les degrés enfantins et élémentaires, alors que la répartition est plus équilibrée dans les grands degrés. La plupart de nos observations ne précisent pas sil sagit denseignants ou denseignantes. Nous avons renoncé cependant à indiquer chaque fois " maître(sse) " ou " enseignant(e) ". Le lecteur voudra bien se souvenir que les expressions comme " le maître " ou " les enseignants " désignent indifféremment des femmes ou des hommes ;
2) la pratique dun enseignant présente une certaine unité ; il y a notamment une certaine cohérence entre sa façon denseigner et sa façon dévaluer. Nous tenterons autant que possible de la restituer. Pour y parvenir tout à fait, il faudrait dresser de la pratique de chaque maître un tableau complet. Ce nétait pas notre propos. On trouvera donc souvent des fragments de pratiques que nous avons, pour les besoins de lanalyse, extraits de leur contexte, au risque den atténuer ou den modifier le sens ou la portée ;
3) en soulignant la diversité, la complexité, lambiguïté des pratiques, nous donnerons évidemment quelques armes à ceux qui en cherchent pour disqualifier lécole ou les enseignants ; dans aucune organisation les pratiques ne suivent intégralement et constamment les règles, chacun le sait ; lenseignement est un métier qualifié, exercé dans des conditions changeantes et souvent difficiles. Il est impossible à codifier dans son détail. Il nest viable que si les maîtres peuvent tenir compte des situations locales, de la composition et de la dynamique du groupe-classe, des attentes des parents, de la nature du quartier ; en outre, ce métier na de sens que sil permet aux maîtres de concilier leurs valeurs personnelles et leur cahier des charges. Tout cela suppose une certaine autonomie daction, une certaine latitude dinterprétation des règles et des programmes, donc un certain pluralisme. Si, contre la fiction dune école uniforme, la sociologie met en évidence les différences dans la conception et lapplication des normes dexcellence, cest tout simplement parce quelle rend compte de la réalité des organisations humaines. Ce nest ni pour stigmatiser des " déviances ", ni pour en appeler à une illusoire normalisation des pratiques ou des esprits !
Dans le deuxième chapitre nous définirons de façon plus explicite les notions dexcellence, de norme, de conformité, de compétence, de capital culturel, dinégalité et de hiérarchie ; nous esquisserons quelques éléments dune sociologie de lexcellence sans nous centrer sur lécole, pour montrer que la fabrication des hiérarchies dexcellence nest pas propre à lunivers scolaire.
Le troisième chapitre tentera de mettre en évidence ce que lexcellence scolaire a de spécifique, de montrer quil y a eu, au cours des siècles derniers, scolarisation de lexcellence en même temps que de la société et de la culture. Sans prétendre décrire la genèse des systèmes scolaires nous chercherons à ne pas couper lanalyse de lexcellence scolaire de toute perspective historique.
Le quatrième chapitre propose une lecture du curriculum formel de lenseignement primaire, aux fins de dégager la substance de lexcellence scolaire, telle quelle figure, à létat explicite ou implicite, dans les lois, les plans détudes, les méthodologies et les moyens denseignement.
Le cinquième chapitre analyse lévaluation formelle à partir des textes censés la réglementer et de la description des pratiques les plus courantes relatives à lattribution des notes, à la construction des épreuves et des barèmes, à la formation des jugements synthétiques commandant la réussite ou léchec.
Le sixième chapitre sintéresse aux fonctions de lévaluation formelle, en particulier lorsquelle règle la progression dans le cursus. Cela nous donnera loccasion de mieux cerner les rapports entre lévaluation et la division verticale du travail pédagogique, les élèves passant dun maître à lautre lorsquils progressent de degré en degré. La structuration du curriculum en programmes annuels joue un rôle déterminant dans la fabrication de lexcellence scolaire. Lévaluation comparative a pour fonction à la fois de gérer linégalité des rythmes et des capacités dapprentissage et de masquer certaines contradictions du système.
Le septième chapitre amorce lanalyse du travail scolaire, en insistant sur le fait quil sagit dun travail, que lécole est obligatoire, que lexcellence dépend donc de la bonne volonté des élèves, de leur envie dapprendre et de travailler autant que de leurs " aptitudes " ou de leur capital culturel. Ce qui amène à discuter de la séparation traditionnelle entre lévaluation des conduites, de la conformité aux règles internes de lécole et lévaluation des performances proprement intellectuelles.
Le huitième chapitre approfondit lanalyse du travail scolaire et du curriculum réel, manifeste ou caché Ce qui conduit à décrire lexcellence scolaire comme lexercice qualifié du métier délève, comme lintériorisation dune culture interne à lorganisation et à la classe.
Le neuvième chapitre cherche à saisir lévaluation informelle comme composante permanente de la pratique pédagogique, comme mode de contrôle du travail des élèves, dont la fabrication de hiérarchies dexcellence nest quun produit dérivé, mais qui prépare lévaluation formelle. Ayant mis en évidence, en dépit de leurs différences de fonction, la relative convergence des évaluations formelles et informelles, le chapitre sattache ensuite à linventaire des ressources mises en uvre dans lexcellence scolaire, du capital scolaire à dautres composantes du capital culturel, de la bonne volonté et des stratégies de lélève à son sens commun, de lintelligence opératoire au conformisme social.
La conclusion nest ni un résumé ni une synthèse des analyses proposées dans les chapitres précédents. En particulier parce que nous navons pas voulu soutenir une thèse unique sur lévaluation, mais plutôt démonter des mécanismes, mettre en évidence la diversité plus que lunité des pratiques, lambiguïté des fonctions de lévaluation plus que sa contribution univoque à la sélection ou à la reproduction des inégalités sociales, ou au contraire à la rationalité de laction pédagogique. Notre démarche ne se prête à aucune conclusion fracassante. Nous tenterons dabord de distinguer la fabrication des hiérarchies dexcellence de la genèse des inégalités " réelles " de capital scolaire. Nous tenterons ensuite desquisser certaines implications de notre travail pour de nouvelles recherches.
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Sur de nombreux points, louvrage de 1984 mériterait dêtre repris, nuancé, complété en fonction de travaux plus récents. Dajouts en réécriture, un nouveau livre verrait le jour. Jai reculé devant une entreprise aussi lourde et pris le parti, plus raisonnable, de proposer un post scriptum, qui relie plus explicitement louvrage à des débats contemporains.
Sur la thèse principale, je ne retranche rien. En 1984, le thème de lexcellence nétait pas encore à la mode, notamment dans le monde de lentreprise. Sa vogue, dailleurs en déclin, naffaiblit pas la nécessité danalyser une réalité plus stable : lécole fabrique inévitablement des formes et des normes dexcellence. Elles sont constitutives de son identité, inséparables de la mission quon lui assigne et de la légitimité quon lui reconnaît à une époque et dans une société données. Formes et normes dexcellence, non sans être diversement interprétées, sont appliquées à lensemble des apprenants, au gré de procédures et de pratiques dévaluation formelle et informelle. Ces jugements produisent généralement des classements dans les diverses disciplines scolaires. Ces hiérarchies dexcellence fondent les jugements de réussite ou déchec et, en dernière instance, les décisions de sélection, dorientation, dexclusion, de certification. On ne peut donc rien comprendre à la marche et aux fonctions des systèmes éducatifs sans décrire et expliquer la fabrication de lexcellence scolaire.
Les formes et des normes dexcellence varient dun système ou dune époque à lautre, comme le montrent les études comparatives ou historiques. Elles se diversifient aussi selon les niveaux denseignement et les filières. " Bien écrire " ou " Bien dessiner " na pas le même sens à lécole élémentaire, dans un lycée ou dans une école professionnelle. Les procédures et les pratiques dévaluation ne sont pas immuables et saccordent à lesprit du temps, à létat du dialogue entre lécole et les familles, aux options didactiques dominantes. Dans chaque société, dans chaque région, peut-être dans chaque établissement et dans chaque classe, la fabrication de lexcellence scolaire adopte un visage singulier. On nen finirait pas de recenser des représentations et des pratiques spécifiques. Mais ce ne se sont que variations sur une trame commune qui, elle, na pas fondamentalement changé.
Il me paraît plus intéressant de construire des liens avec de nouvelles problématiques, de montrer que lévaluation fait partie dun système, ce qui implique, on le verra en conclusion, quon ne peut la transformer isolément !
Expliquer léchec scolaire, tel était mon point de départ. Or, javais buté sur un obstacle inattendu : la faible place accordée, dans les années 1970-80, à une interrogation sur la nature même de la réussite et de léchec. Chacun savait quen dernière instance ce sont des évaluateurs, notamment des maîtres, qui jugent les élèves. On reconnaissait donc une marge derreur et certains biais systématiques. Mais la critique docimologique de la notation ne mettait nullement en doute la substance des formes et des normes dexcellence scolaire. Elle contestait simplement lobjectivité, la validité, la fidélité dune évaluation empirique fort éloignée des canons de la psychométrie.
Il paraissait aller de soi que, dès lors quelle enseigne les savoirs et les savoir-faire inscrits à son programme, lécole est en droit den exiger la maîtrise au moins partielle. Réussir à lécole revient à manifester cette maîtrise, donc, semble-t-il, à faire la preuve quon sest approprié ces savoirs et savoir-faire. Cest ce que les examens et les autres modalités dévaluation prétendent vérifier. On peut concéder que les notes attribuées par les professeurs sont moins stables et précises que les scores à des tests standardisés de connaissances, tout en persistant à croire que ces instruments mesurent bel et bien la maîtrise des savoirs et savoir-faire inscrits au programme. Cherkaoui (1979) raisonnait par exemple sur les " paradoxes de la réussite scolaire " à partir des enquêtes de lIEA, faisant comme si ces instruments de recherche, construits à partir dune douzaine de programmes nationaux, mesuraient les mêmes acquis que les évaluations scolaires courantes. Or, ce nest pas le cas. Le dénominateur commun de douze programmes de mathématique au niveau secondaire sapproche sans doute dune définition canonique du savoir quon peut exiger dun adolescent dans ce domaine. De là à imaginer que chaque professeur de mathématique exige léquivalent de chacun de ses élèves, il y a un pas infranchissable.
La situation diffère selon que lévaluation prend la forme dexamens de fin dannée ou de fin de cycle détudes, ou dun contrôle continu des connaissances. Dans le premier cas, même si ce sont les professeurs qui font passer et qui corrigent les examens, lévaluation est en partie pensée pour elle-même, à partir des programmes plutôt quà partir des pratiques pédagogiques et des contenus effectifs de lenseignement. Pourquoi conserve-t-on un système dévaluation aussi peu fiable et qui encourage au bachotage ? Parce quil donne une certaine garantie déquité, parce que lexamen fait abstraction des modalités de sa préparation et donc du travail scolaire qui le précède. Cette logique est à son comble lorsque lexamen est organisé tout à fait indépendamment des écoles qui y préparent. Certes, cette indépendance nest jamais totale : où recruterait-on les auteurs des épreuves, les correcteurs et les examinateurs de loral, sinon au sein du corps enseignant ? Cependant, dans le cadre dun examen national, chaque candidat " tombe ", comme on dit, sur un examinateur inconnu, qui ne sait rien de son travail de lannée et le juge sur la performance dun jour, hors de tout contexte, de toute histoire commune, de toute obligation réciproque. Un tel système, aussi centralisé soit-il, névite ni les erreurs, ni les biais, ni les divergences dinterprétation dans la notation, mais il garantit effectivement, du moins sur le papier, une évaluation fortement appuyée sur les textes, autrement dit sur ce que les candidats sont censés savoirs et sur ce que les professeurs sont censés leur enseigner.
Il se trouve quaujourdhui, la fabrication de lexcellence scolaire passe de moins en moins par des examens. Même au niveau du baccalauréat, dans de nombreux systèmes éducatifs, on tient compte du travail de lannée, parce que cela paraît plus intelligent et équitable. Lorsquil subsiste des examens, ils se passent dans le cadre de la classe et de létablissement, sur la base dépreuves sommatives élaborées par les professeurs, qui ressemblent aux travaux écrits quils administrent tout au long de lannée scolaire. Lévaluation est donc de plus en plus continue, imbriquée au travail scolaire quotidien. Cest donc de ce dernier quil faut partir pour comprendre de quoi est faite la réussite scolaire (Perrenoud, 1986 a). Doù mon intérêt pour le métier délève (Perrenoud, 1994 a, 1994 g) et le curriculum réel (Perrenoud, 1993 a).
Lexcellence scolaire nest pas et ne saurait être la simple traduction " opérationnelle " des conceptions de lexcellence qui sous-tendent implicitement ou explicitement les textes officiels, et notamment les programmes ou les listes dobjectifs. Pour une raison simple : la plupart des professeurs névaluent pas en fonction des programmes, mais de ce quils ont ou pensent avoir enseigné.
Lévaluation continue se situe dans le prolongement des tâches scolaires quotidiennes, pour au moins deux raisons majeures :
1. Si elle séloignait trop des exercices de chaque jour, les élèves ne comprendraient plus rien à ce quon attend deux et finiraient par ignorer les exercices pour se préparer, au besoin dans une école parallèle, aux épreuves notées. Les élèves ninvestissent en effet dans les exercices que sils apparaissent rentables, autrement dit garants, si on les fait consciencieusement, dune bonne chance dobtenir une note convenable au moment de lévaluation formelle. Le contrat didactique entre le maître et ses élèves exige du premier quil ne mette pas systématiquement les seconds en situation déchec et donc quil reste fidèle à ses exigences habituelles. La révolte gronde dans les classes où le maître agit comme si sa main gauche (celle qui évalue) ignorait ce que fait sa main droite (celle qui enseigne).
2. Si lévaluation notée plaçait les élèves devant des tâches faiblement exercées, le rendement de lenseignement apparaîtrait désespérément faible, puisque seuls les élèves capables dun véritable transfert réussiraient. Or, ils ne sont pas légion. La plupart réussissent justement parce quon leur propose, à lexamen ou lors dune épreuve notée, des difficultés de même niveau et de même forme que les autres jours. Le professeur na pas intérêt à creuser le fossé entre la valeur scolaire quotidienne des élèves en situation de travail et leur valeur en situation dévaluation. Il préserve à la fois son estime de soi, sa réputation auprès de ses collègues et de ladministration et la paix dans ses classes Lorsque le système éducatif administre des épreuves standardisées parallèlement aux travaux notés des enseignants, on sait que des divergences trop criantes ou systématiques provoquent malaises ou conflits.
Le travail scolaire et les évaluations formelles se déterminent donc réciproquement. Toutefois, il ny a pas absolue symétrie. Certes, lenseignant anticipe sur lévaluation et choisit la forme et le niveau des exercices en fonction de ce quil peut et doit exiger lors de lévaluation notée. Il ne peut cependant saffranchir du programme. Les contenus des tâches sont donc largement influencés par les objectifs et les programmes. Mais seul un observateur naïf pourrait croire aujourdhui que les contenus de lenseignement sont la pure et simple application des textes.
Dans les organisations, les règles sont loin dêtre toujours respectées. On pourrait trouver à ces écarts de multiples interprétations superficielles : fantaisie, paresse, manque de sérieux, goût du risque, ignorance des règles, incompétences, etc. Ces explications mettent laccent sur limpossibilité de contrôler les conduites individuelles, à moins de mettre un inspecteur derrière chaque personne. La sociologie du travail et des organisations suggère que lécart tient souvent à la nature même du travail et à limpossibilité de laccomplir dans le respect des règles. Un chauffeur routier, aujourdhui, est structurellement poussé à enfreindre les règles, en raison de la pression quexerce la concurrence sur chacun. Même dans les centrales nucléaires ou les compagnies aériennes, la sécurité nest pas absolue, non pour des raisons techniques, mais parce que les précautions entrent en conflit avec la production et la tenue des échéances. On sait dailleurs que la grève du zèle peut paralyser nimporte quelle organisation : si chacun respecte toutes les règles, plus rien ne bouge
Lécole néchappe pas à cette nécessité dun " à peu près " fonctionnel. Personne ne sattend à ce quun enseignant aille au fond de chaque chapitre pour lensemble des élèves. Sil le faisait, il couvrirait le quart du programme. Or, précisément, son contrat est de couvrir le tout, bon an mal an. Le travail scolaire est fortement lié à la nécessité de progresser, de tourner les pages dans le " texte du savoir " (Chevallard, 1985). Le contrat est aussi de néjecter aucun élève en cours dannée, sous peine de désorganiser la gestion des flux. Ou alors de façon exceptionnelle, et plutôt pour mauvaise conduite que pour résultats insuffisants. La logique du système est de gérer ces problèmes en fin dannée scolaire, au moment où on redistribue les élèves entres les classes, les niveaux, les filières. Un professeur est aussi, implicitement mais fermement, invité à ne pas ajouter plus que de raison au contentieux entre les parents et lécole à propos de lévaluation et de la sélection. Et de même, à ne pas entrer en conflit ouvert avec ses élèves (Montandon et Perrenoud, 1994). Un établissement peut saccommoder dun ou deux " fauteurs de troubles " justement parce que, dans les autres classes, il ny a rien à signaler !
En fin dannée, les contraintes sont différentes, mais non moins fortes : aucune école ne peut " se permettre " des redoublements trop massifs, mais elle évite aussi de se singulariser par une sélection trop douce, qui suggérerait un certain laxisme et ferait craindre une " baisse du niveau ". Les professeurs nont donc pas une immense marge de manuvre. Comme les divers ateliers dans une usine, ils sont invités à respecter une norme de productivité qui, même si elle est non écrite, saccompagne de sanctions directes ou indirectes en cas de déviance répétée. Un professeur qui note " trop sec " nuit à la réputation de létablissement aussi bien que celui qui tombe dans lexcès inverse, en fonction des normes locales. Les marges restent importantes, mais personne ne se sent entièrement libre. Chacun est donc conduit, plus ou moins consciemment, à adapter son enseignement aux attentes diffuses de son entourage plutôt quà la lettre des programmes. Le jeu avec les règles (Perrenoud, 1986 b) nest pas, en matière dévaluation comme dans dautres domaines, le gage dune réelle liberté de lacteur, autrement dit dune liberté dont il disposerait à sa guise. Sa liberté lui permet tout juste dassurer sa position, voire sa simple survie dans lorganisation, en saccommodant des contradictions du système et en tenant compte dattentes qui, pour nêtre pas explicitement mentionnées dans son cahier des charges, nen sont pas moins effectives. La sociologie des organisations vaut aussi pour les écoles : la poursuite des objectifs affichés nest quune des " logiques daction " à luvre. Ce qui ne signifie pas que chacun fait ce quil veut, mais quil navigue au plus près entre divers écueils. Loin dêtre un processus impersonnel, la fabrication de lexcellence passe par un ensemble de pratiques sociales qui sont autant de stratégies et de contre-stratégies, dont les enjeux sont multiples. Établir la valeur scolaire dun élève nest pas le seul, même sil correspond à la rationalité déclarée de lévaluation. Chevallard (1986) montre par exemple fort bien que la notation, loin dêtre une mesure, est dabord un message adressé à chaque élève, mais surtout au groupe-classe, que lenseignant sen sert comme un cavalier de ses éperons, pour mobiliser ses élèves, maintenir leur investissement au dessus du seuil censé permettre à la classe de parcourir le programme de lannée et à la majorité des élèves den maîtriser une partie décente.
La psychologie expérimentale et les sciences de léducation ont été et restent tentées de concevoir lévaluation scolaire comme une mesure. Une mesure certes imparfaite, biaisée, donc à améliorer, mais une mesure. Or, sans dénier cette approche, il importe de rappeler que le souci de la mesure objective pour la mesure objective nexiste, au mieux, que dans le domaine de la recherche pure. Tout jugement dexcellence sinscrit dans la trame des rapports sociaux et représente un coup, en un double sens : un bon ou un mauvais coup pour celui qui est " frappé " par lévaluation, et un coup stratégique pour celui qui frappe à un moment, sur un terrain et en vertu dexigences quil fixe ou module en général de façon unilatérale. Nul jugement dexcellence nest gratuit, il a toujours une dimension pragmatique. Lorsquil a été formulé, rien ne peut être comme avant, lévalué doit vivre avec une nouvelle donnée, qui confirme ou corrige son image de soi, renforce ou affaiblit sa position dans les transactions sociales, loblige à réagir.
Lévaluation a donc fortement partie lié avec la communication, non seulement parce quelle sen sert comme dune médiation, mais parce quelle participe de la régulation des interactions pédagogiques et didactiques dans la classe (Weiss, 1991). Cardinet (1988), allant au bout de cette logique, propose de concevoir la maîtrise comme une communication réussie, on pourrait dire aussi comme une construction sociale qui ne vaut quhic et nunc, dans le cadre dune transaction entre deux acteurs. Peut-être peut-on soutenir cette thèse, mais en sachant quelle est inacceptable pour les acteurs, quils ont besoin de croire quils cernent la vraie valeur. Il y a là, en tout cas, une approche possible de léchec scolaire comme défaut ou échec de communication entre lélève et lenseignant. Si lévaluation sinscrit dans une pragmatique pédagogique, sert les stratégies de lenseignant, se construit en fonction de ses propres enjeux (gestion de classe, progression dans le programme, réputation auprès des parents et des collègues, etc.), on peut envisager que lélève ne comprenne pas les codes ou résiste aux stratégies de lenseignant, bref, " ne joue pas le jeu " et que cela soit, davantage que son " incompétence " ou son " ignorance ", la source de son échec scolaire.
On aurait tort de rapporter les variations des contenus de lenseignement et du travail scolaire, donc de lévaluation, au simple jeu des acteurs, de leurs jugements et de leurs stratégies dans une organisation quelconque. Au-delà des traits communs à tous les systèmes sociaux, la sociologie sefforce de comprendre ce quil y a de spécifique à des activités particulières, du fait de leur contenu et de leur contexte. Dans un hôpital, on joue avec la vie et la mort, la souffrance, la peur, et ces enjeux modulent fortement les jeux de pouvoir et de territoire, en leur donnant par exemple une dimension existentielle, voire métaphysique, quon ne trouve pas dans un hypermarché. A lécole, on " joue " avec lenfance et ladolescence, avec le savoir et lapprentissage, avec des rapports pédagogiques et des dynamiques de groupe sans équivalent dans dautres organisations.
Si les contenus de lenseignement ne sont pas toujours la traduction fidèle des programmes, ce nest pas seulement à la manière dont les comportement effectifs des automobilistes sécartent du code de la route, ou le fonctionnement dun atelier des normes édictées par le " bureau des méthodes ". Cest dabord parce que, pour faire apprendre, il faut faire subir aux savoirs une transposition que jappelais en 1984 " pragmatique ", assez proche de ce quaujourdhui on nomme, plus couramment, transposition " didactique ".
Entre 1982 et 1984, Viviane Isambert-Jamati me poussait amicalement à lire "Le temps des études", la thèse de Verret (1975), en mindiquant quil y avait beaucoup de proximité entre sa façon de percevoir les contenus de lenseignement et mon approche du curriculum réel. Las, louvrage nétait pas facile à trouver. Trop pris par lavancement de ma propre thèse, jai oublié ce conseil et je nai lu quun peu plus tard, trop tard, un livre peu connu, mais fondateur dune véritable sociologie des savoirs scolaires. Verret mettait en forme, magnifiquement, une intuition que Chevallard (1985) a fait connaître depuis : pour être " enseignables ", les savoirs doivent subir une transposition qui les rende compatibles avec les contraintes du système didactique.
Je maintiens quil sagit avant tout dune transposition pragmatique. Certes, la didactique des mathématiques a, dans la lignée de Chevallard, beaucoup insisté sur laltération des notions ou des théories mathématiques au long de la chaîne de transposition. Cette transposition dordre " épistémologique ", qui fascine les didacticiens centrés sur les savoirs savants, nest cependant quune partie dune transposition requise par une mission impossible : amener des élèves qui, souvent, nont rien demandé, à construire des savoirs en respectant les rythmes et les fonctionnements dune école de masse.
On a pu croire longtemps que le savoir se transmettait dun esprit à un autre esprit par la médiation du verbe. On sait désormais que cela ne fonctionne que pour des savoirs élémentaires, qui sont plutôt des informations. Peut-être suffit-il quon me dise une seule fois comment me rendre à la gare pour que je le " sache ". La transmission, sur ce mode, de savoirs plus complexes ne vaut que pour une minorité desprits assez vifs pour " suivre le fil " dun discours magistral et, sur cette seule base, reconstituer, comprendre et retenir des savoirs organisés. Au début du siècle, 4 % des jeunes dune classe dâge fréquentaient les lycées français ; on pouvait alors, sans doute, sen remettre une cette pédagogie essentiellement discursive et la transposition didactique se bornait au lycée à un zeste de mise en forme et à lélaboration dune progression raisonnable dans la discipline.
Dans la plupart des écoles du monde, aujourdhui, on accueille non plus les " héritiers ", issus des classes favorisées, mais des élèves de toutes classes sociales, de toutes provenances, de tous rapports au savoir. On ne peut prétendre les instruire en leur " racontant " les savoirs, à charge pour eux de se les approprier par cette seule voie. Même luniversité de masse a introduit les exercices et les travaux dirigés. Enseigner, cest transformer les savoirs en tâches, en activités, en exercices, en projets à réaliser. Selon quon se réclame dune pédagogie plus traditionnelle ou plus active, on ne privilégiera pas les mêmes tâches et les mêmes situations dapprentissage, mais les enseignants auront un problème commun : mettre au travail, heure après heure, jour après jour, vingt à trente élèves réunis dans leur classe, quil vente ou quil pleuve, et même les jours de beau temps, lorsque chacun, même le professeur, a la tête ailleurs.
Métier délève et métier denseignant sarticulent dans cet espace de travail commun, où lun accomplit les tâches que lautre lui assigne ou mieux, lamène à assumer " spontanément ". Comme tous les métiers, ils mobilisent des savoirs pour faire quelque chose, par exemple pour opérer sur des nombres, des textes, des informations comme dautres opèrent sur des matériaux de construction ou des valeurs boursières. Tel est le lot des élèves et des maîtres, là senracine la transposition didactique, dans cette nécessité de traduire les programmes en une litanie dactivités et de situations dapprentissage. Quon les vive dans la routine et lennui, ou comme une aventure exceptionnelle, change quelque chose dans le rapport au savoir et le sens de la tâche, mais nabolit pas lessentiel du travail de lenseignant : alimenter le travail des élèves, à la manière dont les chauffeurs des locomotives à vapeur navaient de cesse de jeter du charbon dans la chaudière.
La classe est une machine qui consomme de façon effrénée des tâches et des situations qui doivent à la fois se ressembler, pour produire certains effets dapprentissage, et se renouveler, pour assurer à la fois la mobilisation des élèves et la progression dans le programme. " Quest-ce que je pourrais bien leur faire faire ? ", se demande lanimateur inexpérimenté dun groupe denfant, par exemple en colonie de vacances, lorsquil a épuisé tous les jeux. Lenseignant est à la fois en meilleure et en moins bonne posture. Virtuellement, il dispose dune inépuisable réserve de tâches, puisquil a constamment limpression de ne pas arriver à " couvrir le programme ". Pour que ces tâches virtuelles puissent être proposées aux élèves, il faut cependant les mettre en forme. Là est peut-être le coeur de la transposition didactique, dans un dilemme permanent, loscillation entre deux tentations, un idéalisme impraticable et un réalisme inconfortable. Le souci dêtre cohérent et créatif pousse lenseignant à élaborer des tâches sur mesure, en fonction de ce quil a vraiment enseigné, du niveau et des attitudes des élèves, de ce qui résulte dune négociation avec eux, des préférences didactiques de lenseignant, de son propre rapport au savoir. Mais aller constamment dans ce sens, cest sépuiser à inventer des situations et des moyens denseignement ou dapprentissage originaux. Doù lautre tentation, celle de puiser dans le vaste réservoir du " prêt-à-enseigner ", mis sur le marché (au sens propre ou au sens métaphorique) par les éditeurs, les centres de documentation, les formateurs et lensemble de la noosphère (Chevallard, 1985). Le " prêt-à-enseigner " a les mêmes avantages et les mêmes limites que le " prêt-à-porter " : il demande moins de temps, juste quelques essais, mais ne correspond pas toujours à tous les besoins du consommateur. Viendra peut-être le jour où la division du travail mettra à la disposition dun enseignant qualifié quelques auxiliaires capables de lui fabriquer des situations et des moyens sur mesure. Pour linstant, il ne dispose, dans le meilleur des cas, que de " préparateurs " et ne peut, comme un dentiste ou un ingénieur, passer une commande à un " technicien en ingénierie didactique " qui lui fera exactement ce dont il a besoin. Le " sur mesure " ne peut être délégué et exige donc que lenseignant y investisse son propre temps. Même sil est très créatif, très efficace et très organisé (anticipation, reprise de ce quil a fait dautres années), sa disponibilité a des limites et, pour " tourner ", il alimente une partie de sa classe avec des situations et des exercices conçus par dautres. Une fraction des enseignants, sans doute davantage dans le secondaire, ne tentent même pas, sils lont jamais fait, de créer des tâches originales et se contentent de puiser dans ce que leurs collègues, les institutions et les éditeurs mettent à leur disposition.
Le curriculum réel est, au moins autant que des leçons magistrales, fait de ces tâches successives. La transposition didactique se heurte à des contraintes épistémologiques ou pédagogiques quon rencontrerait dans nimporte quelle action denseignement et qui tiennent à la résistance même de lesprit au savoir et à lapprentissage (Astolfi, 1992 ; Develay, 1991, 1995). Au-delà de ces contraintes de base, le fonctionnement courant du métier denseignant et du métier délève en ajoute, dordre sociologique et économique. Il sagit denseigner dans une école de masse, à heures fixes, selon une division du travail, des méthodes et des programmes institués, ce qui rétrécit singulièrement les marges de négociation et dadaptation des enseignants aussi bien que des apprenants. Tout cela contraint fortement lévaluation continue.
Les jugements globaux de réussite et déchec sont fondés sur des jugements dexcellence plus spécifiques. Toutefois, entre ces deux niveaux de fabrication, il ny a pas absolue continuité. Lécole enseigne plusieurs disciplines en parallèle, parfois dix ou quinze. Chacune définit une forme et une norme dexcellence, voire plusieurs lorsque a amené à coexister sous une même étiquette des champs de savoir distincts, qui a dautres époques ou dans dautres systèmes éducatifs, sont considérées comme des disciplines distinctes. Les normes en vigueur à un moment donné de la scolarité situent chacun des élèves astreints à suivre le même programme dans un espace à n dimensions : un élève de onze ans peut être bon en calcul mental, moyen en géométrie et en orthographe, excellent en grammaire, ignorant en histoire, passionné de sciences, etc.
De ce profil contrasté, comment linstitution déduit-elle quil sagit globalement dun " bon " ou dun " mauvais " élève ? Comment juge-t-elle de la pertinence de mesures dappui pédagogique ? Comment décide-t-elle quun élève peut poursuivre sa progression dans le cursus ou quil doit, au contraire, redoubler ou être réorienté vers une filière moins exigeante ?
Ne nous arrêtons pas ici au détail des mécanismes de réduction de linformation. Ils sont aussi variés que les systèmes de notation, de pondération, de calcul de moyennes ou de profils de compétences minimales. Jinsisterai seulement sur la double logique de ces opérations :
Plus concrètement : un maître, un établissement ou un système ne peuvent se permettre de laisser le " respect aveugle " des procédures dicter des taux de sélection ou dorientation qui sortiraient nettement des limites institutionnellement, socialement, moralement ou économiquement " acceptables ". Les spécialistes du travail parleraient ici dune opposition classique entre " flux poussés " et " flux tendus ". La seule façon de réguler exactement des effectifs délèves admis dans un niveau ou une filière denseignement est de pratiquer un numerus clausus, donc dinstituer un concours. Dans une société affirmant le droit à léducation, cette pratique nest admise quexceptionnellement dans lenseignement public, lorsque la rareté ou le coût des ressources de formation le justifient. Les systèmes éducatifs doivent donc " se débrouiller " pour faire face aux flux délèves commandés par la démographie (natalité, mouvements migratoires) et les évaluations pratiquées en amont dans le cursus. Pour ne pas se trouver devant des fluctuations trop grandes ou des tendances trop rapides à la hausse (ou à la baisse), les organisations scolaires mettent en place des régulations qui, sans être aussi explicites et précises quun numerus clausus, permettent une gestion approximative des flux et des ressources. Pour cela, il est indispensable de moduler les évaluations des enseignants de sorte que leurs effets conjugués ne fassent pas sortir de " limites acceptables ". Il importerait par exemple détudier de près les mécanismes qui assurent une certaine stabilité des taux de redoublement et dorientation. Les variations aléatoires des pratiques des professeurs et des niveaux des classes se compensent en partie à large échelle. Cependant, on observe que le nombre délèves qui redoublent à la fin dun degré varie moins, dune classe à lautre, que le niveau moyen et la dispersion des niveaux des élèves. Tout se passe comme si chaque enseignant " se débrouillait " pour " produire " un ou deux élèves en échec, exceptionnellement trois ou aucun. Ce qui signifie à la fois :
Raison de plus de ne pas considérer lévaluation comme une mesure. Ou alors, comme une mesure un peu arrangée, de sorte quelle ne séloigne pas trop dune norme non écrite, non explicite, mais qui fonctionne. Lorsquun système donne ouvertement le mot dordre de faire diminuer le retard scolaire, le taux de redoublement diminue sans quon observe une élévation du niveau dinstruction. Chaque enseignant se sent simplement invité et autorisé à être un peu moins exigeant. A linverse, lorsque le chef dun établissement élitiste indique que les résultats à lexamen national sont en baisse, chacun " prend sur soi " de rétablir une sélection un peu plus dure dans les degrés antérieurs, de façon à élever le niveau des classes terminales.
Les attentes et le jugement des collègues comptent sans doute au moins autant que les incitations de linstitution. Hutmacher (1993) montre que le taux de redoublement tombe pratiquement à zéro lorsque le maître " garde ses élèves " dun degré primaire au suivant. Ce qui montre bien que le taux de redoublement nest pas lexpression du niveau scolaire " objectif " des élèves, mais un choix stratégique opéré en fonction de lenvironnement social (élèves, parents, collègues, autorité, milieu local), résultante dune navigation à vue entre un excès de laxisme et un excès de sévérité.
Léchec scolaire nest devenu que depuis quelques décennies un " problème de société " (Isambert-Jamati, 1985). Il y a eu des échecs dès lapparition de la forme scolaire et ils se sont évidemment accrus avec linstitution de la scolarité obligatoire à la fin du XIXème siècle. Mais jusquau milieu du XXe siècle, il apparaissait " dans lordre des choses " que tous les élèves ne réussissent pas à lécole. Il y a encore, de par le monde, des sociétés qui vivent paisiblement avec une forte sélection scolaire. Dautres, cependant, ont défini dambitieuses politiques de démocratisation des études, en refusant la fatalité de léchec. Avec au moins deux conséquences qui, depuis les années 1960, altèrent la " splendide sérénité " des mécanismes de fabrication de lexcellence scolaire :
1. Ces politiques promettent toujours plus quelles ne peuvent tenir. Il y a donc nécessairement une pression plus ou moins diffuse sur le corps enseignant pour que lévaluation atteste dune élévation du niveau, ou au moins de son maintien " en dépit de la démission des familles, des attitudes de la jeunesse, de la transformation des courants migratoires ou des nouveaux curricula ". Ce qui pourrait apparaître comme une stagnation serait alors un progrès, compte tenu de conditions économiques, démographiques ou politiques qui se dégradent. Disons que lévaluation des élèves est désormais connectée plus directement à lévaluation des systèmes de formation, des réformes, des politiques de léducation, et que cela ne va pas nécessairement dans le sens de la lucidité (Perrenoud, 1993 d).
2. Le second mouvement transforme les pratiques dévaluation dans un tout autre sens. Sauf lorsquelles sont de purs rideaux de fumée, les politiques de démocratisation veulent vraiment élargir laccès aux études et limiter léchec scolaire. Quil faille sauver la face lorsque le miracle ne se produit pas relève de la marche ordinaire des politiques publiques dans les pays démocratiques. On aurait tort de les réduire à des " effets de manches ". De nombreux systèmes éducatifs ont investi dans la lutte contre léchec scolaire de réels moyens, concentrés assez souvent sur des dispositifs dappui pédagogique, et plus globalement de différenciation de lenseignement et dindividualisation des parcours de formation (Huberman, 1988 ; Meirieu, 1989 ; Perrenoud, 1995 a). Lévaluation est alors redéfinie dans ses fonctions : avant dêtre une évaluation-bilan, ou " sommative ", comme disent les spécialistes, on linvite à être dabord " formative ", mise au service de la régulation des apprentissages en cours dannée (Allal, 1988, 1991 ; Cardinet, 1986 a et b ; Allal, Cardinet et Perrenoud, 1989 ; Perrenoud, 1991 a et b ; Allal, Bain et Perrenoud, 1983). Il nest plus question de situer immédiatement lélève sur une échelle dexcellence, en se bornant à prendre acte de sa position ; il importe au contraire den savoir le plus possible sur ses acquis et ses façons dapprendre, pour lui proposer des situations didactiques adaptées. Ce mouvement vers la pédagogie différenciée transforme progressivement les pratiques dévaluation dans les classes. Lécart reste immense entre les propositions des chercheurs ou des mouvements pédagogiques et les pratiques courantes des enseignants. La pédagogie différenciée et lévaluation formative qui en est indissociable ne sont pas encore mises en uvre à large échelle. Cependant, dans les systèmes éducatifs les plus soucieux de démocratisation, une fraction des établissements et des classes vont assez loin dans ce sens, et le reste du système évolue plus lentement dans la même direction.
Il sensuit, pour les mécanismes de fabrication de lexcellence scolaire, qui subsistent évidemment, deux conséquences de taille :
a. La contradiction entre différentes logiques de lévaluation, qui nest pas neuve, tend cependant à saccentuer. De nombreux établissements et de nombreux enseignants vivent une tension forte entre lévaluation quils doivent au système et celle quils veulent mettre au service des apprentissages. Il sagit non seulement de surcharge de travail, mais dattitudes antinomiques : dans un cas, lévaluation est une inquisition contre laquelle lélève se défend, dans lautre, on lui demande de mettre à nu ses failles et ses doutes, pour mieux laider. Ce double message est difficile à vivre, de part et dautre. Par ailleurs, limportance donnée à la régulation des apprentissages induit une forte résistance au bilan de fin dannée, dont larbitraire apparaît plus fortement. Cela pousse à un décloisonnement des degrés et à une extension de lattitude formative à des cycles détudes de plusieurs années, sans sélection intermédiaire (Perrenoud, 1994 f, 1995 a).
b. Linsistance mise sur lévaluation formative met fin à la séparation classique entre didactique et évaluation (Bain, 1988 ; Allal, 1988 ; Bain, Allal et Perrenoud, 1993). Sil faut évaluer des compétences, des procédures, des rapports au savoir, des méthodes de travail, des styles dapprentissage, ce ne peut être quà travers des situations de travail complexes, non à travers des épreuves ou des tests détachés des séquences denseignement-apprentissage. La séparation traditionnelle entre le temps de lenseignement-apprentissage et le temps de lévaluation est ébranlée, donc aussi lautonomie relative des mécanismes de fabrication de lexcellence scolaire (Perrenoud, 1988 a, 1988 b). On peut même envisager que ces nouvelles pratiques aillent vers une diversifications des formes et des normes dexcellence (Perrenoud, 1991 d).
Lévaluation est au coeur du système didactique, de ce que jai appelé un octogone de forces (Perrenoud, 1993 b). Toucher à lévaluation, cest toucher aux échanges entre les familles et lécole ; à lorganisation des classes et aux possibilités dindividualisation ; aux méthodes d'enseignement ; au contrat didactique, à la relation pédagogique, au métier délève ; à la concertation et au contrôle dans les établissements ; aux programmes, aux objectifs, aux exigences ; au système de sélection et dorientation ; aux satisfactions personnelles et professionnelles des enseignants.
A linverse, vouloir favoriser des méthodes actives, un autre dialogue avec les familles, des didactiques nouvelles, une pédagogie différenciée, le recours aux technologies informatique ou le travail en équipe touche à lévaluation, de même que tout changement de programme et de structure.
Même lorsquon ne vise pas directement lévaluation, on ne peut sen désintéresser, parce quelle fonctionne comme un verrou, un frein au changement des pratiques (Perrenoud, 1992 b). Les travaux récents sur lévaluation (par exemple Gather Thurler, 1993, 1994 a et b) insistent sur limplication des praticiens dans le changement et sur une approche systémique. De nombreuses réformes ont échoué, alors quelles se fondaient sur des idées pertinentes, parce que les innovateurs navaient pas perçu la part dutopie rationaliste dans leur modèle (Perrenoud, 1988 b), les deuils quil exigeait des enseignants (Perrenoud, 1995 a, chapitre 4 et 5), les déséquilibres quil introduisait dans le système didactique, et notamment les tensions nouvelles quil induisait entre les logiques de lévaluation formelle, du contrôle continu du travail scolaire, du contrat didactique. Ces contradictions saccentuent lorsque les réformes, au-delà des programmes et des structures, mettent laccent sur les pratiques et insistent sur les nouvelles approches didactiques, la construction de compétences (Perrenoud, 1991 c ; 1995 b), le transfert des connaissances.
Lévaluation nest ni lalpha ni loméga du système, simplement une de ses composantes majeures. La fabrication de lexcellence scolaire et de léchec traversent toutes les structures, tous les curricula, toutes les organisations de classe et détablissements. Il est donc plus que jamais nécessaire de développer une sociologie de lévaluation (Perrenoud, 1989 b) qui se dégage de la perspective pragmatique - améliorer lévaluation ou la rendre plus équitable - pour mieux comprendre son fonctionnement et ses fonctions dans le système éducatif.
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