Recherches

Les effets identitaires du label « Éducation Prioritaire »

Responsables : Barbara Fouquet-Chauprade et Marion Dutrévis


Obtention d'un subside présidence (overhead) en 2013 : validation d'une partie du matériel

Obtention d'un subside présidence (overhead) en 2015 : financement d'un contrat post-doctoral de 4 mois, passation des entretiens, élaboration et validation du matériel expérimental


L'éducation prioritaire (EP) est devenue, depuis une cinquantaine d’années, l’un des axes de travail majeur de la plupart des systèmes éducatifs.  Au niveau international, les politiques d’éducation prioritaire se caractérisent par une grande diversité tant au niveau des populations concernées que des dispositifs mis en œuvre (voir par exemple Demeuse, Frandji, Greger, & Rochex, 2008, 2011 ; Dutrévis, Fouquet-Chauprade, & Demeuse, 2015).  Par ailleurs, les premiers bilans relatifs aux politiques d’éducation prioritaire sont globalement mitigés quant aux apprentissages scolaires des élèves (voir par exemple Dutrévis, & Crahay, 2009 ; Merle, 2012 ; Moisan & Simon, 1997 ; Soussi, Niedegger, Dutrévis, & Crahay, 2012).  Enfin, les évaluations des politiques d’éducation prioritaire (PEP) ont très peu traité la question des dimensions non académiques de l’expérience scolaire des élèves (Fouquet-Chauprade, & Dutrévis, 2015).  Le présent projet interroge les causes de l’échec relatif des politiques prioritaires en opérant un focus sur les aspects non académiques.  Si les politiques prioritaires sont variées, elles ont pour point commun de labelliser des zones, des établissements, ou des populations (Merle, 2012).  Selon nous, cette labellisation n’est pas neutre pour les différents acteurs.  Notre ambition est de comprendre en quoi la labellisation EP affecte les dimensions subjectives de l’expérience scolaire des jeunes élèves.  L’hypothèse générale est que la labellisation ajoute à la situation de ségrégation scolaire de ces écoles.  Nous questionnons la capacité de ces politiques à créer des identités à part entière et nous nous interrogeons sur une possible aggravation de la ségrégation et de ses conséquences subjectives pour les élèves.  Pour cela, nous avons choisi comme terrain d’étude le contexte genevois.  Depuis 2006, le canton de Genève s’est doté d’un Réseau d’Enseignement Prioritaire (REP) au primaire qui vise à lutter contre l’échec scolaire.

Notre questionnement s’articule autour de trois axes :

  1. Comment se construisent les identités d’établissements labellisés REP (Axe 1) ?
  2. La labellisation renforce-t-elle la catégorisation et/ou la stigmatisation des élèves (Axe 2) ?
  3. Pour quels effets sur les dimensions non-académiques telles que l’estime de soi, le bien-être scolaire et les aspirations sociales et scolaires (Axe 3) ?

Le premier subside de la présidence de la SSED a permis d’effectuer la validation du questionnaire élèves : administré à une classe non-REP avec validation des échelles ; la passation d’un entretien avec un enseignant.

Nous avons organisé un symposium au colloque de l’ADMEE 2014 portant sur « L’évaluation des politiques d’éducation prioritaire : comparaisons nationales et internationales » et regroupant des chercheurs travaillant sur l’EP à Genève et dans le canton de Vaud et des chercheurs internationaux travaillant sur d’autres contextes.

Ce projet nous a en outre permis de coordonner un numéro thématique, paru en 2015, dans la revue Éducation comparée et regroupant des contributions traitant de contextes nationaux très contrastés (France, Belgique, Suisse, Afrique du Sud, Argentine), ainsi que l’écriture d’une introduction générale et d’une conclusion portant plus spécifiquement sur « Les impensés des politiques d’éducation prioritaire : Les dimensions non-académiques ».

En outre, nous dirigeons des projets de Masters en rapport avec cet objet.  Derya Kaygisiz, par exemple, a soutenu au printemps 2017 son projet de Master lié aux aspirations en contexte EP. Actuellement, deux autres étudiants font leurs projets de Master : l'une sur les pratiques pédagogiques différenciées (REP / hors-REP) et l'autre sur la conception et la mise en œuvre du dispositif.