Atelier 3 : Savoirs et pouvoirs de l’éducation
Qui contrôle la recherche sur l’enseignement et la formation ?
Dans le contexte général du contrôle de l’enseignement et de la formation, cet atelier interrogera la place des chercheurs en éducation et la nature des liens que ceux-ci entretiennent avec les pratiques qu’ils décrivent, observent, prescrivent ou évaluent. Qui contrôle la recherche en éducation ? À quelles fins et pour quelle efficacité ? Entre les soupçons de rupture à l’égard des réalités du terrain et la tendance à l’applicationnisme, la recherche en éducation fait fréquemment l’objet de controverses au plan sociétal comme au sein de la communauté scientifique. Ses frontières avec les pratiques éducatives elles-mêmes sont floues et en perpétuelle transformation. Qu’est-ce qu’une démarche de recherche en éducation et sur quoi sa légitimité se fonde-t-elle ? En quoi exerce-t-elle un contrôle et une influence sur les pratiques d’enseignement ou de formation ? Pourquoi certains domaines de l’éducation sont-ils davantage scrutés par les chercheurs que d’autres, et quels sont les effets de ces formes d’inégalités ?
Face à cet éventail de questions, l’atelier proposera de décliner la problématique dans deux directions, qui seront traitées dans deux sessions successives :
1) La première session de l’atelier traitera des logiques de mise en œuvre de la recherche en éducation. Une part importante de la recherche en éducation se caractérise par son ancrage empirique dans des pratiques sociales relevant de l’éducation. A ce titre, la recherche présuppose bien souvent des formes de collaboration avec les praticiens, que ceux-ci endossent un rôle d’objets d’observation, de sujets eux-mêmes engagés dans la recherche voire même d’initiateurs des démarches de recherche. Quelle est la part des praticiens de l’éducation dans la définition des objets de recherche, dans la constitution des données empiriques, dans les démarches d’analyse et d’interprétation des résultats ? Comment se construisent les liens entre recherche et pratique dans le processus même de la recherche et les formes de collaboration construites entre chercheurs et praticiens ? Quelles sont les ressources et les limites rencontrées dans les formes de partenariat qui se tissent entre chercheurs et praticiens ?
2) La seconde session de l’atelier abordera les logiques de soutien, de contrôle, de valorisation et de dissémination de la recherche en éducation. Selon qu’elle est financée directement ou indirectement et selon l’origine des financements concernés, diverses formes de contrôle et d’évaluation s’exercent sur la recherche en éducation. La recherche en éducation constitue-t-elle un domaine scientifique assimilable à d’autres champs disciplinaires ou produit-elle des formes de pilotage et d’évaluation qui lui sont propres ? Les chercheurs en éducation conduisent-ils leurs travaux en toute indépendance ou sont-ils aussi, en partie, instrumentalisés par des forces qui s’exercent autour d’eux ? Concernant les effets de la recherche et leurs rapports aux pratiques d’enseignement et de formation, comment penser les liens entre les résultats de la recherche en éducation et les champs sur lesquels elle porte ? A quelles conditions les résultats de la recherche peuvent-il être disséminés et partagés au sein des milieux éducatifs concernés ? A quelles conditions ces résultats peuvent-ils exercer une influence sur les pratiques concernées et les transformer ? Comment penser la durabilité des effets de la recherche sur les pratiques éducatives ?