Commentaire d'image

Métamorphose 1

metamorphose

Markus Raetz

1990-1991

Fonte, 32,2 x 27 x 12,5 cm

Genève, Musée d’art et d’histoire

On peut pénétrer dans la petite salle du Musée d’art et d’histoire où Métamorphose I est exposée par deux portes. De l’une, l’œuvre apparaît comme le buste d’un homme portant chapeau ; de l’autre, comme un lapin, dont la silhouette et la couleur évoquent les lapins de Pâques en chocolat. Sur le haut socle de carton industriel qui la supporte, une ligne se déroule à l’infini comme une vis d’Archimède : une fois qu’on s’est approché, elle invite à tourner autour de l’objet et à effectuer la métamorphose, de l’homme au lapin et du lapin à l’homme.

Markus Raetz (né à Berne en 1941) a ainsi inventé une anamorphose tridimensionnelle qui sert de moteur à un mouvement perpétuel – physique et mental – accompli par le regardeur. Au fil des tours, on songe au prestidigitateur qui sort un lapin de son chapeau ; à l’image double canard/lapin, parue en 1892 à Munich et commentée par Wittgenstein dans ses Investigations philosophiques ; à Joseph Beuys, toujours chapeauté et qui, en 1982, transforma en la fondant une réplique de la couronne d’Ivan le Terrible en « lapin de la paix ». Avec les moyens d’un artiste, Raetz poursuit une recherche parallèle à celle d’autres disciplines sur le phénomène de la vision et ses rapports avec la cognition. Pour autant, Métamorphose I ne se réduit pas à un exposé didactique, et le plus intéressant est peut-être ce qui se passe entre le lapin et l’homme, l’homme et le lapin.

Dario Gamboni

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Cette oeuvre fait partie d'une série d'images choisies et commentées spécialement pour ce site par les enseignants de l'Unité d'histoire de l'art. Elles ont en commun d'avoir un lien avec Genève, que leur auteur y ait vécu, qu'il y fasse allusion dans son oeuvre ou que celle-ci y soit conservée.