Méthodes et problèmes

L'autobiographie

Natacha Allet et Laurent Jenny, © 2005
Dpt de Français moderne – Université de Genève

III.1.1. Récit et conversion. Proximité du mythe ou du roman

L'autobiographie est un récit, et cette dimension est importante dans la mesure où seule une forme narrative est à même de restituer une conversion ou une transformation d'état. À ce titre, l'autobiographie est proche du mythe ou du roman. Elle est destinée comme on l'a déjà vu à façonner l'existence, à lui conférer une direction et une signification, elle est une construction de sens. Dans le premier livre des Confessions par exemple, Rousseau adopte une forme narrative archétypale, celle du mythe antique des quatre âges, dont il a certainement lu une version dans les Métamorphoses d'Ovide (livre I). Comme l'a montré Lejeune, l'autobiographe transpose les étapes de l'histoire universelle, conçue comme dégradation progressive, au déroulement de sa propre enfance, décrite elle aussi comme une chute: depuis sa naissance jusqu'à sa fuite de Genève, il aurait passé de l'âge d'or (le temps où il vivait avec son père) à l'âge de fer (celui de son apprentissage chez Monsieur Du Commun). Il attache ainsi aux événements de sa petite enfance une signification collective.

Edition: Ambroise Barras, 2005