Méthodes et problèmes

L'autobiographie

Natacha Allet et Laurent Jenny, © 2005
Dpt de Français moderne – Université de Genève

III.2.2. L'illusion d'un passé en soi

L'autobiographe entretient l'illusion que le passé serait une chose en soi: il l'ordonne, le détache de lui et le clôt. Pour ce faire, il tend à occulter son activité d'écriture, à faire fi du présent d'où émerge ce passé. Supposer un passé en soi, écrit Lejeune, c'est le couper du présent et s'exposer à ne pouvoir jamais expliquer comment il se fait que nous le percevions comme passé. (cf. Le pacte autobiographique, p.235) Le passé est toujours celui en effet d'un sujet qui se souvient, reconstruit, souvent réinvente, et intègre cette remémoration à son existence présente. Toute autobiographie à la limite est interminable, dans la mesure où elle devrait rendre compte aussi de l'instant même où elle s'énonce – qu'elle ne saurait logiquement exclure de la vie.

Edition: Ambroise Barras, 2005