Méthodes et problèmes

L'autobiographie

Natacha Allet et Laurent Jenny, © 2005
Dpt de Français moderne – Université de Genève

III.4. L'autobiographie comme histoire de la personnalité d'un MOI

L'autobiographie se définit également par la spécificité de son contenu: elle vise non pas l'existence en général, mais la vie individuelle, et plus spécifiquement l' histoire de la personnalité. Elle met l'accent sur l'individualité de celui qui écrit et décline les étapes qui l'ont conduit à devenir ce qu'il est devenu; elle retrace la formation d'un sujet singulier.

Or il suffit que cet objet se généralise ou se particularise pour que l'on sorte là encore de l'autobiographie au sens strict. Ainsi, bien avant la fin du 18ème siècle, on trouve de très nombreux recueils de Mémoires. Mais le mémorialiste n'occupe pas une place centrale dans l'économie de son récit: il s'attache aux événements qui se déroulent sur la scène de l'histoire, et son rôle est celui souvent de témoin privilégié (par ses fonctions politiques ou militaires), parfois d'acteur, mais d'acteur secondaire. Les Mémoires d'outre-tombe à cet égard sont caractéristiques: Chateaubriand y relate son destin en tant qu'il est significatif de celui d'un groupe social, la noblesse mise à pied par la Révolution et l'Empire; il ne lui accorde pas de valeur en soi. À l'inverse des Mémoires, le journal intime consiste en une microscopie des états d'âme et de leurs variations. Le diariste s'efforce en effet à rendre compte de son existence sous son aspect le plus intérieur et le plus mobile, au fil des jours et des instants. On notera au passage que l'invention de ce genre est contemporaine de celle de l'autobiographie (vers 1770, Lavater).

Edition: Ambroise Barras, 2005