Natacha Allet, © 2005
Dpt de Français moderne – Université de Genève
Il y a certes plusieurs couches temporelles chez Montaigne, les mêmes thèmes sont parcourus à des dates différentes, mais ils le sont toujours dans l'actualité d'une écriture qui est consciente d'elle-même. Les Essais cherchent à capturer la présence à soi du discours présent, la présence à soi du sujet dans l'acte d'écrire, sa présence aussi – éphémère – à ses textes antérieurs et aux textes d'autrui:
Je m'en vais écorniflant par ci par là des livres les sentences qui me plaisent, non pour les garder, car je n'ai point de gardoires, mais pour les transporter en celui-ci, où, à vrai dire, elles ne sont plus miennes qu'en leur première place. Nous ne sommes, ce crois-je, savants que de la science présente, non de la passée, aussi peu que de la future. (I, 25. Je souligne.)
De manière comparable, me semble-t-il, Leiris affirme dans Biffures que son seul dessein permanent a été d' opérer une mise en présence
[ il souligne cette expression], de tracer des pistes joignant entre eux des éléments.
(p.285) La présence à soi de l'énonciation est fondatrice de l'autoportrait. Elle tisse une toile qui est la trace du sujet écrivant, – de son parcours interminable.
Edition: Ambroise Barras, 2005