Méthodes et problèmes

Les figures de rhétorique

Laurent Jenny, © 2003
Dpt de Français moderne – Université de Genève

Introduction: la rhétorique et les figures, évolution historique

La rhétorique antique constituait un immense édifice pédagogique de formation de l'orateur, qui a perdu une partie de son importance à partir du moment où l'orateur a cessé de jouer un rôle politique prépondérant. À la fin du Ier siècle de notre ère, on note une évolution qui s'est amorcée dès Cicéron (106 - 43 avant J.-C): la rhétorique devient plus littéraire. Elle se soucie davantage d'être une technique de discours orné et non plus seulement une technique de persuasion.

Du même coup, la partie de l'héritage rhétorique qui va se trouver le plus durablement enseignée, et ce jusqu'à nos jours, c'est l'elocutio qu'on identifie parfois au style et qu'on peut traduire plus exactement par mise en figure du discours. Elle a fait l'objet depuis l'antiquité d'innombrables traités de rhétorique ou traité des figures.

Cependant ces traités, au fil des siècles ont eu tendance à donner une vision réductrice de l'elocutio. Celle-ci désignait dans la tradition antique une mise en forme totale du discours, qui le régissait depuis les plus petites unités (les sonorités), jusqu'aux plus grandes (la construction de la période, ensemble de propositions syntaxiquement et rythmiquement marquées), en passant par le choix des mots et leur disposition dans la phrase. De plus en plus, les traités ont présenté au contraire les figures comme des ornements purement locaux, surajoutés au discours et sans lien fonctionnel avec lui.

Edition: Ambroise Barras, 2003-2004