Méthodes et problèmes

Les figures de rhétorique

Laurent Jenny, © 2003
Dpt de Français moderne – Université de Genève

I.3.1. Une relation non linguistique

Cette caractérisation de la figure peut surprendre: comment en effet pourrait-il y avoir des formes de relation non linguistique dans le discours? Pour mieux le comprendre partons d'un exemple. Soit un vers de Malherbe:

Et les fruits passeront la promesse des fleurs

Il y a dans cet énoncé des formes de relation linguistique: par exemple tous les phonèmes constitutifs de fruit forment un ensemble appelé lexème, l'énoncé se divise en deux syntagmes l'un nominal et l'autre verbal qui entrent en relation pour former une phrase.

Mais il y a aussi des formes de relation non linguistique: on peut remarquer un jeu d'échos à la fois sonores et sémantiques entre fruits et fleurs, et un autre entre passeront (c'est-à-dire au sens classique dépasseront) et promesse. Ces éléments forment un chiasme c'est-à-dire une distribution de signifiants ou de significations sous une forme symétrique abba. Or cette relation de symétrie ne répond à aucune règle linguistique et ne peut servir à définir aucune unité linguistique. Elle tient purement à la particularité du discours réalisé.

Ce serait aussi le cas d'une paronomase (rapprochement de phonèmes ressemblants) comme dans le vers de Mallarmé aboli bibelot). Et il en va de même pour de nombreuses autres formes de relation entre les éléments du discours.

Edition: Ambroise Barras, 2003-2004