Laurent Jenny, © 2003
Dpt de Français moderne – Université de Genève
On peut opposer deux types de figures, selon qu'elles établissent des relations entre éléments co-présents du discours (figures in praesentia, ou encore syntagmatiques), ou selon qu'elles établissent des relations entre éléments présents dans le discours et éléments absents mais qu'on attendrait virtuellement dans le même contexte (figures in absentia ou encore paradigmatiques).
Pour illustrer cette opposition, on peut prendre l'exemple d'une figure qui connaît deux sous-espèces au fonctionnement foncièrement différent, l'une syntagmatique et l'autre paradigmatique, c'est la métaphore. Seule la seconde espèce entre d'ailleurs dans la catégorie des tropes.
La métaphore in praesentia propose un rapprochement analogique entre deux réalités explicitement désignées dans le discours et réunies dans une relation de co-présence.
Soleil cou coupé
Apollinaire
La métaphore in absentia propose un rapprochement analogique entre une réalité explicitement désignée dans le discours et une autre qu'on attendrait virtuellement dans le même contexte mais qui n'est pas nommée et doit être évoquée par le destinataire.
Nous fumons tous ici l'opium de la grande altitude
Henri Michaux
Le terme présent
opium, inattendu dans ce contexte, entre en rapport analogique avec d'autres termes virtuellement plus probables commeair.
Edition: Ambroise Barras, 2003-2004