Méthodes et problèmes

Les figures de rhétorique

Laurent Jenny, © 2003
Dpt de Français moderne – Université de Genève

II.2.4. Figures contextuelles

Certaines figures se laissent repérer à partir d'une relation entre une représentation sémantique et un contexte de discours ou de réalité. Il s'agit de figures in absentia mais qui ne sont pas signalées d'abord par une infraction combinatoire. C'est la connaissance du contexte qui les révèle comme des relations impropres.

C'est le cas de l'ironie qui consiste pour le locuteur à assumer fictivement un jugement d'évaluation contraire à ses propres valeurs (esthétiques, morales, affectives, etc.) et qui apparaît donc comme le discours d'autrui polémiquement cité. En ce sens l'ironie relève du dialogisme.

Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque.

Voltaire

En contexte l'ironie se laisse déceler à partir des évaluations contradictoires impliquées par les termes boucherie et héroïque; mais nous ne pouvons savoir que l'ironie porte sur la seconde évaluation, et non la première, qu'à partir d'une connaissance de la personne de Voltaire et des valeurs qu'il défend.

L'hyperbole est la formulation exagérée d'une réalité.

Rome entière noyée au sang de ses enfants.

Corneille

L'hyperbole est repérée à partir de l'invraisemblance matérielle de la réalité évoquée.

La litote est la formulation atténuée d'une réalité.

Va, je ne te hais point.

Corneille

Seule la connaissance du contexte de la pièce permet d'identifier dans cette formulation de Chimène une atténuation de l'expression de son amour pour le Cid.

Edition: Ambroise Barras, 2003-2004