Méthodes et problèmes

Histoire de la lecture

Laurent Jenny, © 2003
Dpt de Français moderne – Université de Genève

I.2.3. Le texte du codex

Mais surtout le codex a une capacité beaucoup plus grande que le rouleau. Il est susceptible d'avoir un grand nombre de pages et on peut y réunir, dans un unique volume, une série de textes du même auteur ou de textes traitant d'une même matière, constituant ainsi une sorte de petite bibliothèque portative. C'est d'ailleurs ce qui va entraîner l'adoption au IVe et Ve siècle de dispositifs éditoriaux (Cavallo in Cavallo et Chartier 1997, 104) signalant les séparations entre plusieurs textes différents: titres, formules initiales (incipit) ou finales (excipit).

D'une façon générale, le codex prédispose à une structuration et à un découpage beaucoup plus précis du texte. Les pages fragmentent en effet le texte et lui donnent une allure discontinue. Dès l'époque de Quintilien (au Ier siècle), les mots sont séparés par des points (mais il faudra attendre le VIIe siècle pour que les mots commencent d'être séparés par des espacements). Dans l'Antiquité tardive, la fragmentation du texte passe par de courtes séquences signalées par des initiales agrandies et des ponctuations. La marque coloriée du paragraphe apparaît au XIIIe siècle pour distinguer une unité de contenu intellectuel. Du coup les textes deviennent mieux mémorisables. On va ainsi aboutir au XVe siècle à un dispositif du livre relativement complexe comprenant des titres de chapitres, des notes marginales référencées par les lettres de l'alphabet, une table de matière.

Edition: Ambroise Barras, 2003-2004