Méthodes et problèmes

Le journal intime

Dominique Kunz Westerhoff, © 2005
Dpt de Français moderne – Université de Genève

II.4. Pour une écriture de l'intimité

Plus récemment, la critique littéraire a réévalué cette condamnation de l'écriture intimiste et a théoriquement reformulé la notion d'auteur qui lui est liée. L'écriture du moi a connu alors un essor considérable, dès la fin des années 1970, qu'il s'agisse de l'autobiographie ou des diverses formes de la figuration de soi, comme en témoigne le travail intinterrompu et multiple de Philippe Lejeune sur ce sujet. Relevons toutefois que le genre de l'autobiographie est lui-même situé aux antipodes du journal intime: l'autobiographie représente une tentative d'auto-engendrement, visant à saisir le moi sous l'angle narratif d'une histoire, dans la linéarité rétrospective d'un récit, tandis que le diariste, lui, se livre à une parole de l'immédiateté, qui se voit souvent rapprochée du discours de l'analysant en psychanalyse, dans ses lapsus, ses biffures, dans sa régularité et ses interruptions.

Edition: Ambroise Barras, 2005