Méthodes et problèmes

L'œuvre dramatique

Danielle Chaperon, © 2003-2004
Dpt de Français moderne – Université de Lausanne

III.3.2. Le point de vue

Il n'y a donc pas de narration extradiégétique dans le mode dramatique, c'est pourquoi il ne saurait y avoir à proprement parler de narrateur. Il faut pourtant attribuer les didascalies [Le Mode dramatique] à une instance fictive – car il n'est pas question de convoquer ici l'auteur – à celle-là même qui montre, fait voir et entendre, rapporte les dialogues. Anne Ubersfeld propose d'appeler cette instance le scripteur, mais nous préférerons le terme de présentateur. Si cette nouveauté terminologique est utile, c'est que le présentateur est un narrateur "simultané" (au présent) dont les capacités sont par définition réduites. La perspective du présentateur semble assignée le plus souvent à une vision (ou une focalisation) externe. Le plus souvent seulement car la didascalie peut parfois concerner l'intériorité du personnage. En outre les monologues et les apartés, véritables incursions dans la conscience d'un personnage (conscience opaque pour une vision externe), sont comparables à des moments sporadiques d'omniscience, c'est-à-dire qu'ils enfreignent la règle de la perspective de base (ces altérations seraient pour Genette des paralepses). À l'exception de ces rares moments, le présentateur n'est pas omniscient, et il est encore moins omnivoyant ou ubiquiste. L'accès du présentateur aux éléments de l'Action est en effet très restreint: la vision externe n'est pas seulement limitée en matière de profondeur psychologique, comme nous allons le voir.

Edition: Ambroise Barras, 2003-2004