Méthodes et problèmes

L'œuvre dramatique

Danielle Chaperon, © 2003-2004
Dpt de Français moderne – Université de Lausanne

V.2. Histoire du genre

L'histoire du théâtre pourrait être lue comme une succession de préférences esthétiques qui tantôt s'approchent, tantôt s'éloignent du drame absolu, tantôt acceptent, tantôt refusent ses contraintes, tantôt perfectionnent les procédures spécifiques, tantôt expérimentent de nouvelles hybridations. Cette histoire des préférences dramaturgiques n'est évidemment pas autotélique, et ses tournants ou ruptures sont souvent encouragés ou inspirés par d'autres pans de l'histoire culturelle et artistique. Les séductions contraires du continu et du discontinu, de la maîtrise et de la surprise, de la concentration et de la dissémination, sont en effet déterminées par des conditions esthétiques générales. Le théâtre (texte et spectacle) est un art du temps et de l'espace, rien de ce qui se produit dans l'ordre de ces dimensions (en musique, en peinture, en architecture, en physique, etc.) ne saurait lui être étranger, comme rien ne saurait lui être indifférent qui concerne la relation des hommes entre eux ou avec eux-mêmes (en psychanalyse, en sociologie, etc.).

Reste que pour entériner ces changements, le genre théâtral peut soit se rapprocher soit se libérer des contraintes spécifiques au mode dramatique. Ces deux mouvements sont comme la diastole et la systole de la vie du genre. Il est important de voir qu'ils ont tous deux leur limite (ou leur danger): la sclérose pour l'une, la dissolution pour l'autre. Deux façons pour le théâtre de mourir... et de renaître toujours.

Edition: Ambroise Barras, 2003-2004