Genève peut être fière de son Université, qui
contribue largement à son rayonnement. Pour sa part, l'Université
est consciente de ses responsabilités envers la population genevoise,
qui lui a donné les moyens de maintenir et de développer une
tradition prestigieuse. Elle se sait comptable de ses performances aussi
bien que perfectible.
La Commission de l'enseignement supérieur du Grand Conseil propose
aujourd'hui une réforme qui risque de nuire gravement à
l'enseignement et à la recherche, missions majeures de cette institution,
et de prétériter son développement par les contraintes
imposées, en un temps où, plus que jamais, la place universitaire
genevoise doit tenir son rang.
Il est assurément légitime que l'autorité politique
contrôle étroitement l'emploi des fonds mis à disposition
de l'Université, comme pour toute institution de droit public.
Ce sont les moyens mis au service de ce but qui sont contestés.
La commission parlementaire souhaite placer à la tête de
l'Université un véritable conseil d'administration qui ouvre
grandes les portes de la politisation et referme celles de la participation
- un acquis de la loi actuelle - au niveau de l'Université.
Le projet de loi multiplie les nouvelles contraintes légales et
réglementaires qui étoufferaient l'Université dans
un pesant carcan bureaucratique.
Il ne remédie pas à l'erreur de la précédente
révision légale: la suppression du collège des recteurs
et doyens, organe de liaison indispensable entre le Rectorat et les facultés.
Les activités essentielles de l'Université se déroulent
au sein des facultés, raison pour laquelle la disparition de cet
organe a créé un profond malaise dans la direction de l'institution.
L'Europe des universités avance à grands pas. Poursuivre
dans la voie d'une bureaucratie politisée, ce n'est pas assurer
l'avenir: c'est affaiblir notre université, au détriment
des étudiants qui devront chercher ailleurs, moyennant des frais
souvent considérables, la formation que Genève leur doit.
L'actuelle loi sur l'Université mérite d'être profondément
modifiée. Il n'y a aucune raison qu'elle le soit dans l'urgence.
Encore un peu de temps et un large dialogue permettront une modification
efficace de la loi, garantissant l'autonomie de l'Université, une
participation significative de tous les corps et le légitime contrôle
que les élus doivent exercer sur l'usage des fonds publics.
Plutôt que d'alourdir les structures, il faut faciliter les collaborations
nationales et internationales.
Plutôt que de bureaucratiser l'enseignement et la recherche, il
faut leur fournir un cadre permettant à bref délai les adaptations
nécessaires.
Plutôt que de multiplier les interventions politiques, il faut laisser
aux enseignantes et enseignants, aux chercheuses et chercheurs, la liberté
qui a fait la force de l'Université.
C'est dans cet esprit qu'il convient de remettre l'ouvrage sur le métier.
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