2003

Quelles réformes pour la médecine universitaire suisse? L'UniGe prend position

 

"Asphyxie financière", "surcharge de travail", "qualité de la recherche clinique menacée", "équilibre rompu entre formation, recherche et soins". La médecine universitaire suisse va-t-elle si mal? C'est en tous cas ce que laisse entendre le document élaboré par un groupe de travail sous la direction de Charles Kleiber, Secrétaire d'Etat à la science et à la recherche, pour proposer une réforme des institutions hospitalo-universitaires. L'idée maîtresse de ce document: la création de 3 pôles médicaux universitaires en Suisse, en lieu et place des cinq sites existant actuellement (Genève, Lausanne, Berne, Bâle et Zurich), chapeautés par un conseil de la médecine universitaire sous la présidence d'un Conseiller fédéral. Qu'en pensent les responsables de ce dossier à l'Université de Genève?

Pour Peter Suter, vice-recteur de l'UniGe, il n'y a aucun doute que des changements sont à apporter dans le fonctionnement des instituts hospitalo-universitaires. Toutefois, il n'est pas certain que le train de réformes proposé par le rapport Kleiber apporte les remèdes adéquats. Peter Suter regrette notamment que ce document accorde une importance disproportionnée à la question des coûts. Associée au serpent de mer que constitue la révision de la LAMal (Loi sur l'assurance maladie) et l'augmentation constante des primes d'assurance maladie, cette proposition de réforme donne en effet l'impression de recourir à une argumentation très politique.

L'amélioration des soins a un coût
Sur la question des coûts de la santé, Peter Suter estime que la situation doit être dédramatisée: les 10,9% du PIB consacrés à la santé en Suisse n'ont rien d'extraordinaires, si on les compare aux taux affichés par les pays voisins les plus proches: 9,5% pour la France, 10,7% pour l'Allemagne (chiffres 2001). L'augmentation annuelle des coûts, de 3 ou 4%, se situe également dans la moyenne européenne. Cette augmentation doit par ailleurs être mesurée à l'aune, d'une part, des progrès réalisés par la médecine et, d'autre part, des attentes, toujours plus grandes, des patients.

"Lorsque l'on procède à une analyse du coût des systèmes de santé, il s'agit de prendre en compte tous les paramètres", souligne par ailleurs Peter Suter: "Prenons l'exemple d'une personne atteinte d'un infarctus. Autrefois, on la plaçait pendant 4 semaines au repos à l'hôpital. Aujourd'hui, la règle veut qu'elle reçoive des soins et traitements intensifs dans la phase aiguë de l'affection, qui coûtent cher, certes, mais grâce auxquels le patient pourra retrouver beaucoup plus vite sa famille et sa vie normale, ce qui représente un bénéfice pour la société."

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3 novembre 2003
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