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Le cannabis est depuis quelques
temps déjà un sujet d'actualité
politique. En décembre 2001, le Conseil
des Etats a approuvé un projet de dépénalisation
de la consommation, qui sera examiné
en mai prochain par le Conseil National. Les
partisans de la dépénalisation
partent du principe qu'il s'agit aujourd'hui
d'un problème de santé publique
qui serait beaucoup plus efficacement traité
par le biais d'informations que dans les bureaux
de police. Une position qui semble recueillir
l'adhésion d'une majorité d'élus.
Le débat s'est toutefois alourdi au
fil des mois. Les éducateurs et les
parents s'alarment: les fumeurs de cannabis
dans les cours de récréation
des écoles sont de plus en plus nombreux
et de plus en plus jeunes.
Cette observation est d'ailleurs confirmée
par les statistiques. Le pourcentage de personnes
âgées de 15 à 39 ans ayant
consommé du haschisch ou de la marijuana
au moins une fois dans leur vie est passé
de 16,3% en 1992 à 26,7% en 1997, selon
l'Office fédéral de la santé
publique. En 1998, près du tiers des
écoliers de 15 ans avait déjà
au moins une fois tiré sur un joint,
alors qu'ils étaient moins de 20% en
1994.
Après une période
de banalisation, le phénomène
suscite donc à nouveau des craintes.
"Le cannabis a des effets sur la mémoire
à court terme, l'attention et la concentration,
qui perturbent indéniablement l'apprentissage
chez les adolescents, à un âge
où leur cerveau est encore en développement",
confirme le Dr Croquette-Krokar. Ce d'autant
plus que la quantité a pris l'ascenseur.
Les taux de 9-THC - la molécule responsable
de l'ivresse cannabique - sont en moyenne dix
fois plus élevés aujourd'hui
qu'il y a une vingtaine ou une trentaine d'années.
Et les consommateurs réguliers s'adonnent
de plus en plus frénétiquement
à leur vice: "Il nous arrive de
rencontrer des jeunes qui fument jusqu'à
20 joints par jour!", raconte la doctoresse.
Faut-il alors en revenir à des méthodes
plus répressives? Dans le climat politique
actuel, d'aucuns seraient tentés de
le penser. Punir les fumeurs d'herbe, après
avoir remis les notes au goût du jour,
suffira-t-il à remettre nos écoliers
sur le droit chemin? Rien n'est moins sûr.
Selon le Dr Croquette-Krokar, il est important
de souligner que le cannabis n'est pas la cause
des problèmes rencontrés par
les adolescents: "A l'origine, on trouve
toujours un facteur de mal-être, le plus
souvent de l'anxiété et de la
dépression, qui n'a pas été
détecté et soigné par
l'entourage. Chez ces personnes, l'usage du
cannabis s'apparente à une forme d'auto-médication,
parce qu'il permet momentanément de
relâcher les tensions."
Dans ce contexte, dramatiser
les effets de la consommation se révèle
contre-productif. "Toutes sortes de mythes
circulent à propos du cannabis",
note le Dr Croquette-Krokar, rappelant que
les études à ce sujet sont encore
lacunaires et à manier avec précaution.
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