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 Communiqué de presse 

L'Université de Genève sur orbite
LE CENTRE DE DONNEES SCIENTIFIQUES D'ECOGIA

Lancé avec succès à 6h41 ce matin, le satellite européen Integral a pour mission d'observer les rayons gamma en provenance de l'Univers proche et lointain. L'ensemble des données qu'il récoltera sera intégralement réceptionné et archivé à l'ISDC ("INTEGRAL Science Data Centre"), Centre de l'Université de Genève situé à Ecogia, près de Versoix, qui fera le lien entre le satellite et la communauté scientifique mondiale. En jouant un rôle aussi important dans la mission Integral, l'ISDC s'implique fortement dans le développement de l'astrophysique des hautes énergies des dix prochaines années. Sa présence, proche de l'Observatoire de Genève auquel il est rattaché, permettra aussi l'établissement de nombreuses collaborations. Le Centre prend notamment part à la formation universitaire d'étudiants dans le cadre de leur diplôme ou thèse de doctorat.

Le satellite Integral ("INTErnational Gamma Ray Astrophysics Laboratory") a été lancé par une fusée russe Proton, à 6h41 ce matin, depuis la base de Baïkonour au Kazakhstan. Le premier signal en provenance d'Integral a été reçu comme prévu à 8h01, 10 minutes avant la séparation du satellite et de son 4ème étage. Ses panneaux solaires se sont ensuite déployés et à 8h31, le satellite se trouvait sur la bonne orbite, fourni en énergie.

Le traitement des premières données a commencé à 10h, démontrant ainsi que l'ISDC est prêt pour commencer sa mission. Le premier instrument sera mis en service dans l'après-midi: il s'agit d'un petit détecteur qui mesurera l'environnement de particules du satellite. Des images sont attendues dans les jours à venir. L'observation des rayons gamma par Integral permettra aux scientifiques d'étudier, entre autres, des phénomènes comme les étoiles de neutrons, les trous noirs, les quasars et les supernovae. Il permettra aussi l'étude de la genèse des éléments chimiques dans l'Univers. Integral devrait être utilisé pendant au moins deux ans, avec une prolongation possible de trois ans supplémentaires.

Le Centre des données d'Integral - l'ISDC pour "INTEGRAL Science Data Centre" - sera, durant cette période l'interface entre le satellite et la communauté scientifique européenne et mondiale. Abrité dans des locaux du hameau d'Écogia, il est situé à 3 km de l'Observatoire de Genève auquel il est rattaché.

L'ISDC sera chargé d'analyser l'ensemble des données du satellite et de les rendre facilement utilisables par les scientifiques, en leur fournissant un logiciel adapté. Une partie importante de la mission de l'ISDC est de construire des archives contenant les données d'Integral ainsi que les résultats de l'analyse standard. En effet, les données collectées lors d'une mission particulière sont souvent réutilisées, parfois plusieurs années plus tard, dans d'autres projets scientifiques. L'ISDC devra en outre distribuer ces données aux observateurs des quatre coins du monde et prendre une part très active au suivi des instruments ou à la résolution d'éventuels problèmes au cours de la mission.

Son rattachement à l'Observatoire permettra aux scientifiques suisses en général et de l'Université de Genève en particulier, de participer de manière privilégiée aux développements de l'astrophysique des hautes énergies en leur donnant un excellent accès à toute l'information et aux données d'Integral.

L'ISDC prend également part à la formation universitaire d'étudiants dans le cadre de leur diplôme ou thèse de doctorat. Quatre chercheurs travaillent déjà à l'élaboration de leur thèse de doctorat sur des thèmes d'astrophysique des hautes énergies. Integral étant un projet important, il donne aux étudiants l'occasion de participer de manière active à une entreprise d'envergure internationale. Ils acquièrent ainsi naturellement une connaissance des contraintes et des richesses des collaborations internationales, ainsi que les structures et méthodes de travail en vigueur dans un grand projet. Cette expérience sera certainement un atout important dans le développement de leur carrière. La présence du Centre, à proximité de l'Observatoire de Genève, permettra aussi l'établissement de nombreuses collaborations. A ce titre, l'ISDC contribue déjà au développement astronomique régional en organisant régulièrement des séminaires donnés par les astronomes en visite au Centre.

Une aventure internationale

Selon une logique scientifique de réseau, plusieurs instituts sont impliqués dans la mission Integral. Les propositions d'observations sont soumises par la communauté scientifique à l'ISOC ("INTEGRAL Science Operation Centre") situé à Noordwijk au Pays-Bas. Le plan d'observation préparé par l'ISOC est transmis au MOC ("Mission Operation Centre") qui fait partie de l'ESOC ("European Space Operation Centre") à Darmstadt en Allemagne. Le MOC effectue toutes les commandes du satellite et transmet ses données brutes à l'ISDC en Suisse. L'ISDC analyse, archive et distribue ces données à la communauté scientifique.

Le Centre d'Ecogia est supporté et financé par un consortium d'une douzaine d'instituts en Europe et aux Etats-Unis. La plupart des instituts étrangers à la Suisse mettent à disposition de l'ISDC des collaborateurs qui sont, soit des astronomes, soit des ingénieurs en logiciel. Ces personnes viennent travailler à l'ISDC généralement pour une durée de plusieurs années pendant lesquelles ils participent à l'élaboration des logiciels et à la préparation des opérations. En Suisse, l'ISDC est financé par la Confédération, le Fonds national de la recherche scientifique, par le programme Prodex, par l'industrie et par l'Université de Genève.

Les contributions suisses et en particulier genevoises sont utilisées non seulement pour financer du personnel mais également pour prendre en charge l'infrastructure et les frais de fonctionnement nécessaires à l'ensemble des collaborateurs.

INTEGRAL EN BREF

INTEGRAL ("INTErnational Gamma Ray Astrophysics Laboratory") est un satellite européen d'observations astronomiques de l'Univers proche et lointain dans le domaine le plus énergétique que peut prendre la lumière : les rayons gamma. Alors que la plupart des sciences bâtissent leurs connaissances sur l'expérimentation, l'astronomie est une science de l'observation. Cela signifie qu'elle doit se contenter de recueillir des informations. La source d'information privilégiée des astronomes est, bien entendu, la lumière. Mais, il est très vite apparu nécessaire d'explorer l'ensemble de ses multiples facettes. Ainsi, les astronomes commencèrent par faire des images du ciel, ce qui a permis de connaître la structure des galaxies. Puis, en décomposant la lumière des étoiles au travers d'un prisme, ils firent de la spectroscopie: l'étude de répartition de l'intensité de la lumière en fonction de sa couleur. Les astronomes purent, grâce à ce procédé, mesurer la température de la surface des étoiles.

Mais la lumière n'est qu'un cas particulier d'un phénomène extrêmement riche. Plusieurs autres manifestations de ce phénomène nous sont même tout à fait familières, comme par exemple les ondes radio ou les rayons X. Le rayonnement gamma est aussi l'une de ces manifestations.

Integral a été sélectionné par le comité des programmes scientifiques de l'agence spatiale européenne (ESA) le 3 juin 1993 en tant que mission de taille moyenne de son programme Horizon 2000. A ce titre, il constitue la prochaine étape logique de l'observation spatiale des rayons gamma, après des satellites tels que le CGRO ("Compton Gamma Ray Observatory") lancé par les Américains, et le satellite russo-européen GRANAT.


Pour obtenir de plus amples informations, n'hésitez pas à contacter:

Le prof. Thierry Courvoisier, tél.: 022 950 91 01
e-mail : Thierry.Courvoisier@obs.unige.ch
ou consulter le site internet à : http://isdc.unige.ch


Genève, le 17 octobre 2002