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 Communiqué de presse 

Une équipe du Pôle Frontiers in Genetics de l'UniGe révèle des trésors cachés dans notre "ADN poubelle"

Dans son édition de demain, la prestigieuse revue scientifique Science publiera les résultats d'une étude menée par l'équipe du professeur Stylianos Antonarakis du Pôle d'excellence Frontiers in Genetics de l'Université de Genève. Celle-ci apporte un éclairage nouveau sur la question des séquences non-géniques conservées, plus couramment appelées en anglais Conserved Non-Genic Sequences (CNGs). En comparant l'ADN de 15 mammifères différents, les chercheurs ont mis en évidence les spécificités évolutives de ces séquences: elles accumulent des mutations moins vite que les séquences des gènes. Si la fonction de ces CNGs reste encore à découvrir, il y a fort à parier que celles-ci sont précieuses pour le maintien de la vie et que leur mauvais fonctionnement pourrait être à l'origine de nombreuses maladies, raison pour laquelle l'évolution les a maintenues presque inchangées. Il s'agit là de la découverte d'une piste importante qui souligne la place de choix occupée par les scientifiques genevois dans le paysage mondial de la recherche en génétique.

Il y a quelques années encore, les spécialistes distinguaient deux types de constituants de l'ADN, matière première du patrimoine génétique de tous les êtres vivants. D'un côté, on identifiait les gènes, séquences dites codantes car porteuses d'une recette capable de permettre la production d'une ou de plusieurs protéines. De l'autre, il y avait ce que d'aucuns appelaient l'"ADN poubelle", en anglais "junk DNA", autrement dit une très grande quantité de matériel génétique qui semblait ne servir à rien car ne codant pour aucune protéine. Cette répartition des rôles était d'autant plus surprenante pour les chercheurs que les séquences apparemment inutiles constituent près de 90% du génome de chaque espèce.

Depuis, cette vision de l'ADN a beaucoup évolué. Notamment grâce à la découverte des séquences non-géniques conservées, plus couramment appelées en anglais Conserved Non-Genic Sequences (CNGs). Celles-ci ont été mises en évidence en comparant le génome de plusieurs espèces animales. Pour ce travail, l'équipe du professeur Stylianos Antonarakis de la Division de Génétique Médicale à Genève est particulièrement bien placée puisqu'elle a activement participé au décodage et à l'analyse des génomes de l'être humain et de la souris. Dans une publication parue dans le magazine Nature en 2002, elle révélait l'existence de nombreux CNGs entre ces deux mammifères dans le chromosome humain 21. Sachant que la souris et l'homme sont issus d'un même ancêtre, une sorte de rongeur arboricole qui vivait il y a environ 70 millions d'années, on peut dire que ces séquences génétiques non codantes communes se sont maintenues pendant toute cette phase de l'évolution.

Avec ces nouveaux résultats à paraître dans la revue Science du 3 octobre 2003, les chercheurs Emmanouil Dermitzakis et Alexandre Reymond ont poussé la comparaison plus loin encore en mettant côte à côte le génome de quinze espèces couvrant l'ensemble de la diversité spécifique des mammifères (chat, chien, cochon, musaraigne, chauve-souris, lémurien, singe, homme, souris, porc-épic, lapin, tatou, éléphant, ornithorynque et kangourou wallaby). Un grand nombre de CNGs identiques se retrouvent chez toutes ces espèces. Elles constituent à ce titre un trait identitaire important pour définir ce qu'est un mammifère.

Comme ces dernières hypothèses le laissent entendre, les travaux de recherche de l'équipe du prof. Antonarakis - notamment soutenus par le FNS, les fondations Jérôme Lejeune et Child Care, et l'Union européenne - s'inscrivent dans des perspectives à longs termes qui témoignent de la patience et de l'exigence scientifique des chercheurs du Pôle Frontiers in Genetics de l'UniGe.

Pour visiter le site web du pôle, veuillez cliquer sur le logo

Pour tout renseignement complémentaire, n'hésitez pas à contacter:
le prof. Stylianos E. Antonarakis, au tél. prof +41 22 379 57 08


Genève, le 2 octobre 2003