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 Communiqué de presse 

Un petit doigt pour l'homme, un grand pas pour la recherche - Découverte au Pôle Frontiers in Genetics

Dans sa livraison du 14 novembre prochain, le prestigieux magazine scientifique Nature publie, comme article principal, les résultats d'un travail de longue haleine réalisé par l'équipe du prof. Denis Duboule au Département de zoologie et de biologie animale de l'Université de Genève. Le but de cette recherche? Comprendre comment les doigts se retrouvent au bout du bras. Après cinq ans d'efforts, les chercheurs ont obtenu une première réponse à cette question qui touche au plan de construction de notre corps. Ce travail a notamment été rendu possible grâce à la logistique importante dont dispose le pôle national de recherche Frontiers in Genetics. Ses résultats ouvrent la voie à une meilleure compréhension des très nombreuses malformations des doigts dont souffrent presque un enfant sur mille à la naissance.

Le 14 novembre 2002, le magazine scientifique Nature consacre sa couverture et son article principal aux résultats d'un travail important réalisé au Département de zoologie et de biologie animale de l'Université de Genève. L'objectif principal de cette recherche entreprise par les docteurs Marie Kmita et Yann Hérault, dans le laboratoire du prof. Denis Duboule, était de comprendre par quel mécanisme les doigts se situent au bout du bras!

En effet, il y a presque 15 ans, ce même laboratoire avait découvert que des gènes architectes, nécessaires à la construction de nos bras et de nos jambes, se trouvaient alignés sur nos chromosomes en suivant l'ordre des structures mêmes qu'ils allaient construire: d'abord les gènes de l'épaule, suivi des gènes du bras, puis de l'avant-bras pour finir avec les gènes des doigts. Autrement dit, les chercheurs avaient constaté une correspondance entre l'organisation linéaire des gènes et celle de nos membres. Comme souvent, cette découverte déboucha sur de nouvelles hypothèses: nos chromosomes pourraient contenir par exemple des petites illustrations génétiques du futur plan de nos membres, une sorte de plan de construction, transmis de génération en génération. Il restait dès lors à comprendre comment ce plan était lu et de quelle manière la disposition des gènes était traduite en une disposition de structures.

En utilisant une technologie génétique de pointe, développée à Genève spécifiquement dans ce but, les chercheurs de l'équipe du prof. Duboule ont obtenu, après 5 ans de travail, la réponse à la première partie de cette énigme: comment l'extrémité de cette série de gènes correspond à l'extrémité de nos bras, à savoir comment les doigts se trouvent-ils à la fin du bras. Pour ce faire, la nature a inventé un mécanisme de régulation génique original en créant un seul centre de contrôle pour tous les doigts. Celui-ci se situe, sur le chromosome, à l'extrémité de la série de gènes sur laquelle il agit. Il en résulte que seuls les gènes proches de ce centre participe à la constitution des doigts. En conséquence, les gènes de la fin de la série fonctionnent dans l'extrémité des bras, pour y faire des doigts.

Cette étude, basée en grande partie sur de l'ingénierie chromosomique chez la souris, a été rendue possible grâce à la logistique importante dont disposent ces chercheurs à l'Université de Genève, notamment par la présence du pôle national d'excellence Frontiers in Genetics, dirigé par le prof. Duboule. La logistique en question - pratiquement unique au monde pour un seul laboratoire - est une collection de plusieurs milliers de souris qui se croisent entre elles, de façon naturelle, et qui donc permettent une étude génétique globale et massive du développement des membres.

Ces résultats permettent une meilleure compréhension du développement embryonnaire de nos doigts et, par conséquent, des très nombreuses malformations de ces structures tellement indispensables, dont souffrent presque un enfant sur mille à la naissance.

Pour tout renseignement complémentaire, n'hésitez pas à contacter:
le Prof. Denis Duboule au tél. 022 702 67 71
ou le Dr Marie Kmita au tél. 022 702 67 79


Genève, le 14 novembre 2002