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 Communiqué de presse 

De la femme professionnelle - Les Études Genre de l'UniGe déclinent le travail au féminin

Dans quelle mesure l'identité féminine, telle qu'elle se conçoit aujourd'hui en Suisse, influence-t-elle le rapport des femmes au travail ou à un phénomène tel que le chômage? C'est à cette question que répond le nouveau livre de Josette Coenen-Huther: Femmes au travail. Femmes au chômage. Coordinatrice des Études Genre de la Faculté des sciences économiques et sociales de l'Université de Genève, l'auteure aborde cette recherche de manière longitudinale, notamment par le biais d'interviews menés auprès de nombreuses femmes quelques mois après l'entrée au chômage et un an plus tard. Son ouvrage se penche ainsi sur les effets pervers, au travail comme dans la famille, de ce qu'on qualifie fréquemment de "qualités féminines". Dans un registre proche, les Études Genre organisent les 18 et 19 juin prochains un colloque, ouvert au public, sur le thème de La place des femmes dans le champ artistique. A cette occasion, les débats porteront sur les raisons pour lesquelles les femmes créatrices ont été oubliées, voire tout simplement empêchées de faire connaître leurs oeuvres, et sur les obstacles qu'elles rencontrent encore aujourd'hui.

Quels rapports les Suissesses entretiennent-elles avec le monde du travail et en particulier avec le chômage? Une petite dizaine d'années après l'entrée en vigueur de la Loi fédérale sur l'égalité entre femmes et hommes, Josette Coenen-Huther livre Femmes au travail. Femmes au chômage, un ouvrage important qui dresse un portrait plutôt pessimiste de la situation. Maître d'enseignement et de recherche et coordinatrice des Études Genre de la Faculté des SES de l'Université de Genève, l'auteure s'appuie dans cet ouvrage sur une vaste enquête conduite auprès de 51 femmes en recherche d'emploi que son équipe a suivies durant une année.

Josette Coenen-Huther s'interroge sur le sens que les femmes confèrent au travail et au chômage, ainsi que sur leurs expériences. Après une première partie théorique qui fixe le cadre de la recherche, l'auteure cède largement la parole à ces interlocutrices par le biais de nombreuses citations. De cet ensemble de témoignages, Josette Coenen-Huther tire un bilan guère réjouissant. Car si les femmes travaillent de plus en plus, ce n'est pas forcément dans les meilleures conditions. Concentrées dans les emplois de service (84% des actives en 2002), elles restent moins bien payées que les hommes (environ 30% de différence) et continuent à occuper des fonctions à temps partiel généralement de moindre importance hiérarchique. Rarement valorisé par le conjoint, cet investissement, qui est souvent vécu comme une forme d'émancipation, n'est presque jamais compensé par une participation comparable et volontaire du mari aux tâches du foyer.

Seules face à cette quête de travail qui leur semble désormais légitime, les femmes le sont aussi face au chômage. Une situation qui rime souvent avec souffrance, sauf peut-être pour celles qui parviennent à rebondir rapidement, qui sont jeunes ou au bénéfice d'une solide formation.

De ces cas variés émergent alors des trajectoires qui, en un an, ont conduit ces femmes de l'angoisse au soulagement, de la sérénité à l'anxiété, de l'ambivalence à l'affirmation de soi, de l'engagement au renoncement. Ainsi se dégagent des figures-types de rapports au travail et au chômage: célibataires et divorcées plongées dans la pauvreté, jeunes femmes hésitant à s'engager pleinement dans la vie active, mères déchirées entre leur foyer et leur activité professionnelle. En outre, le livre montre le rôle important joué par l'âge, l'état civil, le fait d'avoir ou non des enfants et, surtout, le niveau de formation dans les attitudes des fem-mes à l'égard de l'exercice d'activités rémunérées.

Profession: créatrice
Les 18 et 19 juin 2004, les Études Genre organisent un colloque dédié à La place des femmes dans le champ artistique. Lors de cet événement, des scientifiques s'interrogeront sur les raisons pour lesquelles les femmes créatrices ont été oubliées, voire tout simplement empêchées de faire connaître leurs oeuvres, et sur les obstacles qu'elles rencontrent encore aujourd'hui. Des artistes parleront de leurs expériences de femme artiste, alors que les domaines abordés seront les beaux-arts, la danse, la photographie, la musique, l'écriture, la mise en scène et le cinéma. En conclusion, Françoise Collin, philosophe, tentera de répondre à la question des liens entre création par les femmes et féminisme. Un concert de musique baroque, entièrement consacré à des compositrices, sera donné le vendredi soir. Le colloque et le concert sont ouverts au public.

En passe de se constituer en un Centre interdisciplinaire, les Études Genre de la Faculté des SES de l'Université de Genève sont la seule unité de ce type en Suisse romande. Créées à Genève en 1995 sous la forme d'un diplôme postgrade, étendu à l'Université de Lausanne en 1998, les Études Genre de la Faculté des sciences économiques et sociales de l'UniGe se sont fortement développées depuis neuf ans. Outre leur diplôme postgrade, elles proposent notamment un certificat de formation continue et conduisent des recherches. La qualité des travaux qui en sont issus et l'essor qu'elles connaissent aujourd'hui attestent autant du rôle pionnier qu'a joué l'Université de Genève en Suisse que de l'importance du rôle que celle-ci doit continuer à jouer dans les changements de mentalité liés à la place des femmes au sein de la société helvétique.

Pour tout renseignement complémentaire, n'hésitez pas à contacter:
Josette Coenen-Huther au 022 379 89 57
ou à consulter le site des Études Genre


Genève, le 10 mai 2004