Observer le quotidien académique - L’UniGe au cœur de la vie estudiantine
Une bonne connaissance des étudiant-e-s est de nos jours indispensable à la mise en œuvre d’une politique d’enseignement raisonnée et à l’élaboration d’un cadre de vie universitaire adapté. Pionnière en ce domaine, l’Université de Genève présentait il y a un an et demi Etudiants 2001, une ambitieuse enquête sociologique axée sur les profils d’étudiant-e-s qui avaient débuté leur cursus à Genève en 2001. Forte de l’aboutissement du second volet de cette étude, Etudiants 2004, centré cette fois sur les étudiant-e-s qui sont sur le point d’achever leur formation, l’Alma mater annonce aujourd’hui, sur la base de ces enquêtes, la création de l’Observatoire de la vie universitaire. Un centre d’étude en charge de jeter un regard neuf et systématique sur celles et ceux qui constituent sa population afin de mieux répondre à leurs besoins. Au vu d’Etudiants 2004, il apparaît notamment que la situation des étudiant-e-s ne peut se comprendre qu’en considérant la relation très forte qu’elle entretient avec la réalité sociale plus large dans laquelle elle s’inscrit. En outre, avec la richesse des informations dont il dispose maintenant, l’Observatoire nouvellement créé fait de l’Université de Genève la haute école la mieux équipée en Suisse pour mesurer les effets sur les étudiant-e-s des réformes liées au processus de Bologne. De manière très pragmatique, une université détermine ses enseignements et ses prestations en tenant compte à la fois des missions fondamentales qui lui sont assignées par la loi et des caractéristiques spécifiques des personnes qu’elle forme: les étudiantes et les étudiants. C’est dans cette dernière perspective qu’ont été récemment lancées à l’Université de Genève les grandes enquêtes Etudiants 2001 et Etudiants 2004. En effet, un des meilleurs moyens de connaître les besoins et les attentes d’une population est de récolter et d’analyser tout un ensemble de données empiriques concernant sa situation et son comportement concrets. Observer pour mieux agir Les recherches entreprises à l’Observatoire seront donc réalisées dans le but d’en tirer des propositions d’action, de définir des priorités ou de revoir les modalités des politiques académiques. A ce titre, il s’agit d’un instrument de réflexion, d’investigation, de propositions et de recommandations et non d’intervention. Parmi les domaines qu’il explorera de façon privilégiée, on peut citer la situation économique et sociale des étudiants (logement, travail rémunéré, etc.), les difficultés de l’apprentissage, les situations d’échec ou de réorientation, l’impact de l’intégration sociale sur les performances académiques, les effets du processus de Bologne, la perception divergente que pourraient avoir les étudiants de la carrière académique en fonction de leur identité sexuée, l’influence de la nouvelle maturité gymnasiale sur les résultats académiques, les relations entre la vie affective et la vie universitaire, les projets de carrière et l’intégration professionnelle des étudiants, etc. Rattaché à la Division administrative et sociale des étudiants (DASE), l’Observatoire comprend une cellule de recherche reliée académiquement au Département de sociologie, un comité de pilotage de six personnes, un bureau de ce comité ainsi qu’un conseil consultatif. Etudiants 2004 Au delà, les chercheurs se sont surtout demandé qui sont ces étudiants qui parviennent au terme de leur cursus universitaire. Quelles sont leurs motivations? Leurs conditions de vie, leurs moyens d’existence? Ou encore, quel type de rapport entretiennent-ils avec l’Alma mater? Autant de questions qui devaient permettre de mieux connaître la réalité estudiantine ainsi que les profils des divers personnes qui la façonnent. Sur les 2740 étudiants qui formaient la population proche de la fin de ses études de base à l’UniGe, 1696 ont retourné un questionnaire rempli. «Le taux de réponses moyen se situe à 62%, ce qui est un bon résultat pour une enquête par questionnaire» commente Jean-François Stassen, auteur de l’étude. Une université ouverte Par ailleurs, la moyenne d’âge des étudiants terminant leurs études à l’UniGe est de 26,8 ans, la moitié des étudiants appartient à la classe des 24-26 ans et 15% aux plus de 30 ans. Sur le plan de la répartition des sexes, les sociologues indiquent que les femmes sont majoritaires à l’UniGe (59%), mais que leur taux de présence varie sensiblement selon la structure: autour de 80% à l’ETI et à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation (FPSE) contre 40% en Section des sciences économiques. Enfin, seule ombre au tableau de la multiplicité, la sélection reste forte d’un point de vue social avec seulement 13% des étudiants dont le père est sans formation ou a terminé sa formation au niveau obligatoire. Face à ce constat - qui conforte l’idée selon laquelle l’Université n’échappe pas complètement aux inégalités de la société au sein de laquelle elle évolue - Etudiants 2004 permet néanmoins de remarquer que 58% des étudiants sont issus de familles où le père n’a pas été à l’Université. Parce que ça m’intéresse! ¹ Etudiants 2004 caractérise ici des tendances. Il est clair que les motivations des étudiants ne peuvent pas être réduites à quatre tendances. Mais cette typologie permet néanmoins de distinguer les principales caractéristiques, les étudiants étant classés selon leur proximité à l’une ou l’autre de ces tendances.
Des vicissitudes de la vie estudiantine Autre aspect notable, loin du cliché fainéant: 82% des étudiants travaillent via une activité régulière ou épisodique et réalisent en moyenne quinze heures de travail hebdomadaire. En outre, pour plus d’un étudiant sur deux, cette activité professionnelle est dite «absolument nécessaire». Et même si le financement des loisirs reste la première raison donnée, elle est très souvent accompagnée du motif «financement des besoins quotidiens». L’interdépendance de l’Université et de la Cité A cet égard, le rapport note que les étudiants disposent de plusieurs réseaux de sociabilité. Les plus présents en cas de difficultés restent les parents et les partenaires (pour les 85% qui en ont une ou un), les premiers étant surtout dévolus au soutien matériel. La grande majorité des étudiants ne se sentiraient visiblement pas dépourvus si le besoin se faisait ressentir de demander de l'aide. A l'opposé, quelques-uns d'entre eux s’avèrent tellement isolés qu'ils seraient dans l'incapacité de faire appel à une quelconque solidarité en cas de gros problème. Les femmes paraissent cependant mieux armées quand il s'agit de faire jouer la solidarité, alors que les hommes pratiquent plus fréquemment des activités de sociabilité (aller boire un verre, manger chez des amis ou les recevoir, aller au restaurant ou au cinéma). Cette distinction sexuée permet de montrer que les femmes ont une intégration institutionnelle forte (université et famille), tandis que les hommes sont plus intégrés en lien avec le monde extérieur. Mais les différences entre les étudiants en matière d'intégration sociale sont encore plus tributaires de variables telles que l'âge, la nationalité ou le milieu socioculturel. De manière générale, Etudiants 2004 montre des processus de cumul de handicaps où, si l’on dispose peu d'une ressource socio-relationnelle donnée, on sera souvent également peu nanti en d'autres de ces ressources. Les avantages se cumulent chez certains alors que, chez d'autres, ce sont leurs manques ou leurs faiblesses qui s'additionnent. Par exemple, à une bonne intégration familiale, s'articuleront une insertion professionnelle favorable, des ancrages amicaux efficaces, des réseaux estudiantins bien présents, etc. Dans ce domaine, la réalité est donc très inégalitaire, même si des processus de remplacement ont été aussi observés à côté de ces cumuls. Les étudiants plus âgés sont également ceux qui sont intégrés dans le moins de réseaux différents, mais dont les réseaux sont souvent plus solides. Pour tout renseignement complémentaire, n'hésitez pas à contacter:
|
|
|