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 Communiqué de presse 

Une affaire de TOR et d’EGO - Découverte d’un nouveau mécanisme de régulation de la croissance des cellules à l’UNIGE

La compréhension des mécanismes propres à la prolifération des cellules constitue aujourd’hui un enjeu biomédical déterminant. En effet, dans le cas du développement d’un cancer par exemple, une bonne connaissance de ces «rouages» permet de mieux saisir pourquoi des cellules mutées reprennent leur prolifération. Dans ce contexte, le prof. Claudio De Virgilio et son équipe du Département de microbiologie et médecine moléculaire de l’Université de Genève (UNIGE) viennent d’identifier un processus de contrôle nécessaire à la reprise de la croissance cellulaire. Effectués sur des levures, les travaux du prof. De Virgilio révèlent notamment que le déclenchement de cette réaction de prolifération cellulaire dépend de la relation entre un complexe de protéines nommé EGO et les protéines TOR. Ces protéines TOR, conservées de la levure à l’homme, et EGO communiquent entre elles pour contrôler la croissance des cellules en fonction de la disponibilité des nutriments dans la cellule. A paraître dans la revue Molecular Cell du mois de juillet, cette découverte représente une avancée significative sur le plan fondamental. En outre, elle pourrait bien, dans une perspective plus distante, ouvrir la voie à la création de nouveaux médicaments anticancéreux.

La plupart des cellules eucaryotes de notre organisme, c’est-à-dire celles qui possèdent un noyau, passent la majorité de leur existence dans un état de non-division cellulaire. Cette situation est appelée quiescence ou G0. La sortie de cet état G0 peut être d'importance biomédicale, que ce soit lorsque des micro-organismes pathogènes quiescents reprennent leur croissance dans des tissus humains à la fin d'un traitement médicamenteux anti-pathogène, ou quand des cellules différenciées de mammifères recommencent à proliférer lors du développement d'un cancer.

Maîtriser la croissance cellulaire
L'élucidation des mécanismes qui régulent le passage de l'état de quiescence à l'état de prolifération cellulaire peut donc avoir d'énormes implications aussi bien dans le développement de thérapies anti-pathogènes que dans celui de médicaments anticancéreux. A ce titre, le prof. Claudio De Virgilio et son équipe à l'UNIGE viennent d’identifier un nouveau processus de contrôle de la croissance nécessaire à la sortie de l'état de quiescence cellulaire.

Leurs études, effectuées sur la levure, un organisme régulièrement utilisé comme modèle eucaryote en laboratoire, montrent que ce mécanisme implique un complexe de protéines nommé EGO, pour Exit from G0 – littéralement «sortir de G0» -, associé à un compartiment interne, la vacuole. Les scientifiques de l’UNIGE ont en effet montré, d’une part, que ce complexe EGO permet à la cellule de percevoir le niveau des nutriments présents dans le milieu intracellulaire et, d’autre part, qu’en fonction de ce niveau de nutriments, EGO participe à l’activation de protéines conservées appelées TOR (target of rapamycin), qui sont impliquées dans les mécanismes de prolifération cellulaires. En d’autres termes, c’est en tant qu’indicateur de la présence de nutriments dans la cellule que le complexe EGO prend part à l’activation de TOR, ensemble de protéines qui jouent un rôle primordial sur la croissance des cellules eucaryotes.

Vers de nouveaux médicaments anticancéreux?
A cette découverte, il faut ajouter que les protéines TOR représentent des cibles cellulaires pour la rapamycine, un médicament utilisé comme immunosuppresseur. Certains analogues de ce médicament sont actuellement utilisés pour empêcher le rejet d'organe après une transplantation et pour inhiber la croissance de divers types de tumeurs. Ainsi, les résultats des études menées par le groupe du prof. De Virgilio pourraient avoir, dans un avenir encore lointain, des implications directes dans le développement de nouveaux immunosuppresseurs et des médicaments anticancéreux et anti-pathogènes.

Pour de plus amples informations, n'hésitez pas à contacter
le prof. Claudio de Virgilio au 022 379 54 95 ou à Claudio.DeVirgilio@medecine.unige.ch

 

Genève, le 1er juillet 2005