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 Communiqué de presse 


L’UNIGE et l’UNIL progressent dans la compréhension de l’hypertension

Deux équipes des Facultés de médecine des Universités de Genève (UNIGE) et de Lausanne (UNIL), ont joint leurs forces pour tenter de mieux comprendre les mécanismes moléculaires impliqués dans l’hypertension. Après avoir constaté que les connexines (Cx), des protéines présentes au sein de la membrane de la plupart de nos cellules, influencent la réponse de la paroi des vaisseaux sanguins à un stress mécanique, comme l’hypertension artérielle, ces équipes ont étudié le mécanisme de cette régulation, en observant des souris exprimant, en lieu et place d’une des connexines présentes naturellement dans les vaisseaux sanguins (Cx43), une connexine d’un type différent (Cx32). Elles ont ainsi pu montrer que ce remplacement protégeait les souris de l’hypertension artérielle, suite à une diminution de la production de rénine, une hormone rénale qui joue un rôle important dans la régulation de la tension artérielle. Ce travail sera publié au début du mois de février dans la revue internationale The Journal of Clinical Investigation.

Depuis leur découverte au milieu des années 1970, les connexines sont devenues un champ de recherche biomédicale important. Dans la plupart des types cellulaires, ces protéines forment des canaux membranaires qui permettent le transport d’ions et de petites molécules d’une cellule à l’autre. Le séquençage du génome humain a permis d’identifier l’existence de 20 types de connexines différents. Et il a été démontré récemment que les mutations de plusieurs d’entre elles sont responsables de maladies telles que certaines formes de surdité congénitale, de maladies de la peau ou d’épilepsie.

La paroi des vaisseaux artériels est essentiellement constituée de deux types cellulaires, les cellules endothéliales et les cellules musculaires lisses, auxquelles viennent s’ajouter, dans certains vaisseaux des reins, les cellules produisant la rénine. Toutes ces cellules communiquent entre elles grâce à des jonctions gap, des régions de leur membrane qui concentrent les canaux formés par les 4 types de connexines de la paroi vasculaire (Cx37, Cx40, Cx43 et Cx45). Ces protéines paraissent très semblables les unes aux autres, et la raison pour laquelle les cellules vasculaires doivent en exprimer quatre différentes était jusqu’ici mystérieuse. Les chercheurs romands ont aujourd’hui découvert que le remplacement sélectif de la Cx43 par la Cx32 empêchait la sécrétion de rénine, vraisemblablement suite à une modification des communications que les jonctions gap établissent normalement entre cellules vasculaires.

Un mécanisme élucidé
Ces résultats confirment les travaux précédents des deux équipes, qui avaient déjà démontré l’implication des connexines dans le fonctionnement de la paroi vasculaire, et élucident pour la première fois l’un des mécanismes qui sensibilise à l’hypertension artérielle et à ses conséquences à long terme, notamment l’hypertrophie du cœur. On sait en effet maintenant que ce mécanisme dépend d’un signal transmis par la Cx43, qui contrôle l’expression du gène de la rénine et la sécrétion de cette hormone. Ces découvertes sont le fruit d’une collaboration de long cours entre les laboratoires du prof. Paolo Meda, au Département de physiologie cellulaire et du métabolisme de l’UNIGE et celui du Dr Jacques-Antoine Haefliger, de la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL. Effectuant des recherches sur les mêmes protéines, mais dans des types cellulaires différents, ces deux groupes partagent leurs modèles cellulaires et animaux et leurs expertises complémentaires, une stratégie qui, à plusieurs reprises, a abouti à des résultats novateurs dans les domaines de la physiologie des systèmes endocrine et vasculaire.

Au-delà de leur intérêt pour une meilleure compréhension des mécanismes qui sous-tendent l’hypertension, ces résultats laissent espérer une prise en charge plus ciblée et donc plus efficace de cette affection courante, dont les causes restent inconnues dans la majorité des cas. Des agents pharmacologiques agissant sur la Cx43 sont déjà à l’étude voire dans la phase initiale d’essais cliniques. Si certains d’entre eux pouvaient modifier les propriétés des canaux formés par Cx43 pour les rendre plus proches de celles des canaux formés par Cx32, on devrait pouvoir s’attendre à un effet thérapeutique intéressant.

Pour tout renseignement complémentaire, n'hésitez pas à contacter:
le prof. Paolo Meda au 022 379 52 10 ou à Paolo.Meda@medecine.unige.ch


Genève, le 26 janvier 2006