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 Communiqué de presse 

De l’avenir de la recherche et de l’enseignement à l’UNIGE

Scrutin de Schengen-Dublin, votation sur l'extension de la libre-circulation des personnes, l’année 2005 aura vu s’accroître, en Suisse du moins, la visibilité des enjeux liés au contexte européen. Et le monde académique ne fait à cet égard pas exception, d’autant que l’influence de cette situation s’ajoute à la concurrence accrue que les universités doivent affronter aux plans national et mondial. Anticipant ces conditions, l’Université de Genève (UNIGE) a, depuis quelques années, entrepris une série d’actions qui lui permet aujourd’hui de jouer un rôle significatif dans ce paysage universitaire en mutation. En obtenant et en développant des Pôles de recherche nationaux (PRN), en participant de plus en plus aux programmes de recherche européens, en s’appropriant la réforme de Bologne, en favorisant l’égalité des sexes et démocratisant l’accès aux études, l’UNIGE se lance des défis qui sont à la mesure de ceux qui attendent la société pour laquelle elle œuvre. En voici un aperçu.

Que ce soit dans le cadre de la recherche ou de l’enseignement, les universités suisses se trouvent aujourd’hui dans un contexte de concurrence de plus en plus marqué. En effet, au plan mondial, alors que les investissements privés européens dans la recherche et l’innovation stagnent (0,2% de croissance en moyenne pour les secteurs publics et privés), la Chine progresse actuellement de 10% par an et se sera hissée au niveau européen au plus tard en 2010. De leur côté, les Etats-Unis continuent leur croissance en la matière tout en se détournant de l’Europe. Face à ces tendances, la réponse européenne ne s’est pas faite attendre: la Commission vient de proposer de doubler le budget du 7ème Programme-cadre en le passant à 72 milliards d’Euros. Même si des coupes budgétaires sont à prévoir, l’Union Européenne (UE) deviendra alors de toute manière l’acteur le plus important sur le terrain de la recherche. En prévision de ces développements et afin de préserver cette source de richesse future qu’est la Science, l’Université de Genève (UNIGE) a, depuis plusieurs années, pris un certain nombre de mesures pour participer activement à cette mouvance.

De l’importance des réseaux
Au printemps 2005, avec ses partenaires de la League of European Research Universities (LERU), soit les onze universités européennes les plus prestigieuses, dont Cambridge, Oxford et Heidelberg, l’UNIGE est intervenue directement auprès de la Commission européenne en affirmant le rôle central à jouer par les universités. Avec les mêmes partenaires, elle prépare actuellement une nouvelle action à l’attention du Commissaire à la recherche, Janez Potocnik, afin de promouvoir les universités dans le projet de l’UE qui vise à couvrir l’Europe d’instituts de pointes en technologies scientifiques.

D’autre part, en 2004, l’UNIGE est, une fois encore, restée en tête pour l’obtention de subsides de recherche octroyés, sur une base hautement compétitive, par le Fonds national suisse (FNS). Pour les seuls requêtes individuelles, 39 millions de francs ont été accordés aux chercheurs de l’Alma mater genevoise, alors que la meilleure institution à venir ensuite est l'EPFZ avec 32 millions. Le total des subsides FNS alloués en 2004 s’élève à 60.9 millions de francs, en tenant compte des PRN, de la promotion des jeunes chercheurs et chercheuses, des professeurs boursiers et de la relève féminine. Toutefois, une situation encore plus favorable pourrait bien se dessiner puisque le nouveau Programme-cadre européen prévoit, pour la première fois, un soutien à la recherche fondamentale et libre avec la création du Conseil européen de la recherche, un organe qui fonctionnera selon les principes du Fonds national suisse. C’est là une chance pour les scientifiques de l’UNIGE qui, rompus à ce genre de financements, pourront décrocher une part du milliard d’Euros qui sera mis au concours annuellement (avec une croissance prévue jusqu’à 3, voire 4 milliards) pour des projets individuels en recherche fondamentale.

Les PRN :visibilité internationale et effets structurants
Le contexte de concurrence au sein duquel les universités suisses évoluent engage également à créer, par souci de visibilité internationale notamment, des centres d’excellence. Aujourd’hui, l’UNIGE est l’institution hôte de trois Pôles de recherches nationaux (PRN, aussi désignés couramment sous le signe NCCR pour National Center of Competence in Research) : MaNEP, en sciences des matériaux , Frontiers in Genetics en génomique et, depuis cette année en Faculté de psychologie et dans l’ensemble des sciences de l’homme et de la société, Affectives Sciences, dédié à l’étude des émotions.

Un chiffre : 83 millions de francs. C’est ce que l’UNIGE recevra en tout de la part du Fonds national de 2001 à 2009 pour ces trois PRN. En contrepartie, le Fonds National exige tout d’abord une recherche de qualité, mais il demande aussi un fort engagement de l’université qui accueille les Pôles. Ainsi, de 2001 à 2009, l’UNIGE aura versé un soutien aux Pôles d’un peu plus de 10 millions (argent en espèces, qui ne comporte pas la mise à disposition de personnel et de locaux). Il est évident que, derrière la promotion de la recherche, se profile ainsi une réorganisation du paysage de la recherche en Suisse par redistribution des moyens, réorganisation fortement impulsée par la Confédération et assistée par les universités.

A la fin de la période de financement d’un Pôle, l’université d’accueil devra en effet se poser la question de savoir s’il faut le conserver (et donc intégrer à son budget ce qui jusque-là venait du Fonds National, quitte à sacrifier d’autres secteurs), y renoncer, ou lui trouver un statut nouveau. Et c’est évidemment toute la structure des universités organisées en facultés qui est ainsi mise au défi à moyen terme. Dans l’immédiat, l’UNIGE entend pleinement participer à la fois au réseau des PRN et à celui de l’alliance Arc lémanique (UNIGE-UNIL-EPFL), autre réseau dans lequel des points forts sont identifiés. L’année qui vient, avec les difficultés budgétaires prévues, nécessitera des choix significatifs: le soutien accordé aux projets de qualité, et les PRN le sont incontestablement, va orienter les allocations de moyens.

L’appropriation du système Bologne à l’UNIGE
Avec la rentrée académique 2005, l’UNIGE vit, au plan de l’enseignement, le plus important basculement de son offre de formation vers le système de Bologne. En effet, à une exception près, toutes les filières proposent maintenant un premier cursus de bachelor (baccalauréat universitaire) et, dès l’année prochaine, tous les programmes de master (maîtrise universitaire) seront ouverts. Il faut, à ce titre, signaler que la Faculté de médecine de l’UNIGE est, hormis deux pays scandinaves, la première à proposer un programme de ce type en Europe.

Le renouvellement de l’enseignement universitaire, notamment avec la généralisation du système de crédits ECTS (European Credit Transfer and accumulation System), a été l’occasion pour les facultés de recentrer leur offre de formation sur les besoins et les projets des étudiant-e-s. C’est une offre de formation plus riche qui est désormais proposée aux étudiant-e-s, une offre qui vise une plus forte individualisation et flexibilité dans les parcours.

En travaillant particulièrement l’articulation entre les études de bachelor et de master, les facultés proposent maintenant une complémentarité entre les formations disciplinaires et les formations interdisciplinaires. Les étudiant-e-s peuvent ainsi développer un champ d’études à l’intérieur d’une discipline ou se confronter aux regards croisés. Moyennant des passerelles ou des compléments d’études, ils peuvent envisager de changer d’orientation au terme de leurs études de bachelor. Des combinaisons audacieuses, inconcevables dans l’ancien système, comme l’étude d’une langue et d’une culture combinée avec des études commerciales ou en sciences économiques sont dorénavant réalisables.

La mobilité des étudiant-e-s, tant plébiscitée dans la Déclaration de Bologne, commencera à l’intérieur de l’Université lorsque les étudiant-e-s traverseront les frontières des disciplines et des facultés. Elle sera sans doute un premier pas qui les encouragera à explorer d’autres univers et cultures académiques. Ce vagabondage sciemment incité reste motivé par la finalité de l’enseignement par et pour la recherche. L’UNIGE compte enrichir l’expérience académique des étudiant-e-s en leur montrant la pluralité des lieux et des manières de conduire une recherche de haut niveau et de développer ses compétences de chercheurs.

Mais la mise en œuvre de Bologne a aussi été une formidable opportunité pour renforcer la collaboration interfacultaire et au sein des hautes écoles de la région en Suisse romande comme en France voisine. Au cœur de cette volonté de stimuler le partenariat et le travail en réseau naissent des projets de programmes conjoints et d’échanges d’étudiant-e-s ou d’enseignant-e-s. L’UNIGE prend ainsi part à la construction de l’Espace européen de l’enseignement supérieur (EHEA) en tissant des liens solides avec ses partenaires proches.

Enfin, le système Bologne c’est aussi tenir compte de la pluralité des parcours antérieurs aux études universitaires afin de reconnaître les connaissances et compétences acquises dans d’autres contextes. Dans cet esprit, l’UNIGE étudie actuellement la possibilité de développer une procédure de validation des acquis. Cette dernière permettra d’ouvrir l’accès aux études universitaires à des nouveaux publics et, plus particulièrement, de rapprocher l’UNIGE des hautes écoles spécialisées en facilitant des passages entre ces deux types d’établissements.

L’UNIGE cultive l’égalité des chances
Le contexte compétitif évoqué précédemment accentue également la nécessité de faire appel à tous les cerveaux. Depuis dix ans, le nombre de femmes professeures a doublé à l’UNIGE, en partie grâce à des mesures telles que la promotion et le soutien spécifique accordé à la relève féminine au niveau du corps intermédiaire, l’augmentation du nombre de places dans les crèches, les dispositions légales et réglementaires favorisant le sexe sous-représenté lors de nomination et la mise en place de critères objectifs et explicites de sélection des candidatures lors des nominations du corps professoral.

Ainsi, le pourcentage de professeures à l’UNIGE est passé de 5% à 13,5% en quelques années et demeure présentement le plus élevé des hautes écoles suisses. Cependant, depuis trois ans, ce pourcentage plafonne et reste loin de l’objectif idéal de l’égalité. Pour ces raisons, la délégation aux questions féminines et le rectorat proposent aujourd’hui des mesures incitatives supplémentaires et novatrices, s’ajoutant aux efforts consentis ces dernières années, afin d’améliorer la situation.

Parmi ces nouvelles mesures, citons la création de postes de Tenure Track qui, correspondant au poste de professeur-e assistant-e, permettra à de jeunes collaboratrices et collaborateurs de commencer une carrière académique véritable, de bien comprendre les règles du jeu de la recherche et de développer leur CV dans la perspective d’une nomination ultérieure.

En outre, les chiffres font apparaître une très grande différence entre les Facultés au niveau des nominations. L’objectif des deux mesures suivantes est d’anticiper les besoins des Facultés en matière de futures nominations en tenant compte de la question de la relève féminine. Ainsi, dès aujourd’hui, l’objectif est qu’au minimum une nomination professorale sur quatre soit une femme dans chacune des Facultés. Quand ce rapport n’est pas respecté, une prochaine nomination peut être masculine, à condition d’être associée à une proposition concrète de nomination féminine. Dans les cas où cette dernière clause ne pourrait pas être satisfaite, la Faculté devrait justifier le réel manque de relève féminine dans le domaine en question. Le critère principal reste d’engager des candidat-e-s de haut niveau académique. Cette mesure tend à établir un point de repère permettant d’évaluer la situation au fur et à mesure des nominations.

De plus, en vue de nominations, chaque secteur se devra d’identifier une ou des candidates, à Genève, ailleurs en Suisse et à l’étranger, et examinera ses priorités de développement. Enfin, les doyens créeront dans leur Faculté des commissions de la relève féminine qui repèreront dans les différents départements les femmes motivées et à potentiel académique, et feront des propositions concrètes à la faculté afin que leurs carrières soient soutenues et progressent.

Il faut, en dernière instance, évoquer la création dès 2005-2006 d’un cycle de conférences interfacultaires pour impliquer toutes les Facultés et montrer clairement ce qu'est la "carrière académique". Le cycle de conférences sera proposé aux étudiant-e-s en fin de bachelor et se déroulera au semestre d’été. Il leur permettra notamment de mieux comprendre leurs intérêts personnels et de choisir les meilleurs masters et laboratoires où poursuivre leur formation.


Vous trouverez l’ensemble des mesures mises en œuvre par l’UNIGE en faveur
de la relève féminine à l’adresse : http://www.unige.ch/rectorat/egalite/mesures/

Pour obtenir de plus amples informations, n’hésitez pas à contacter
le recteur André Hurst au 022 379 75 13 ou à andre.hurst@rectorat.unige.ch


Genève, le 17 octobre 2005