Communiqué de presse

 

L'origine de microfossiles à la lumière de l'ADN

 

Des chercheurs de l'Université de Genève ont découvert que le plus important groupe de microfossiles, les foraminifères, existaient bien avant leur première apparition dans le bilan fossile, il y a 540 millions d'années. Grâce à l'étude des molécules, le Dr. Jan Pawlowski et son équipe démontrent l'existence de foraminifères sans coquille vivant dans l'eau douce. Cette découverte modifie les observations scientifiques actuelles. En effet, les foraminifères étaient jusqu'à maintenant considérés comme des êtres exclusivement marins et dont l'histoire se basait uniquement sur les traces fossiles laissées par leurs coquilles.

Les foraminifères sont définis classiquement comme de petits êtres unicellulaires à coquille dure qui vivent dans tous les milieux marins. Ils revêtent une importance géologique car l'entassement de leurs coquilles a largement contribué, au cours de millions d'années, à la formation d'importantes roches sédimentaires dans les fonds océaniques. Leurs fossiles intéressent tout particulièrement les géologues dans le cadre de la prospection pétrolière et de l'étude des changements climatiques.

Les plus anciens fossiles de foraminifères découverts datent du Cambrien, il y a 540 millions d'années. C'est pourquoi les scientifiques ont toujours supposé que leur origine remontait à cette période.

Toutefois les chercheurs du Département de zoologie et biologie animale de l'Université de Genève viennent de démontrer que les foraminifères existaient bien avant cette époque. "Les molécules que nous avions étudiées sur ces êtres unicellulaires étaient très anciennes. Nous avons donc travaillé sur l'hypothèse que les foraminifères étaient apparus avant le Cambrien" explique le Dr. Ignacio Bolivar, l'un des auteurs de l'article qui sera publié dans la revue Nature du 5 mai 1999. "Cependant, comme ils n'ont pas laissé de traces, ils ne devaient pas avoir de coquille".

Pour vérifier leur hypothèse, les scientifiques ont étudié les molécules d'autres protozoaires. Ils se sont notamment intéressés à la Reticulomyxa filosa, une amibe d'eau douce sans coquille, et l'ont comparée aux foraminifères. Ils ont alors constaté une similitude sur le plan moléculaire qui permet d'établir scientifiquement leur lien de parenté.

Cette découverte permet de réconcilier les données fossiles et moléculaires et confirme l'origine ancienne des foraminifères qui comptent actuellement au nombre des premiers unicellulaires. En outre, cette étude met pour la première fois en évidence que certaines amibes d'eau douce sont des foraminifères. "Ils ont colonisé les lacs et les rivières sans avoir été identifiés par les spécialistes qui recherchaient des unicellulaires à coquille", explique le Dr. Jan Pawlowski. "Au vu de notre travail, il est donc fort probable que des foraminifères vivent dans le Lac Léman, une situation que laissaient déjà entrevoir les études d'Eugène Penard, grand protistologue genevois du début du siècle."

L'hebdomadaire Nature publiera les résultats de cette étude dans son numéro du 6 mai 1999 sous le titre "Naked foraminiferans revealed".

 

Pour de plus amples renseignements, n'hésitez pas à contacter
Jan Pawlowski, Groupe de systématique moléculaire,
Département de zoologie et biologie animale,
tél. 022 349 86 44, e-mail: Jan.Pawlowski@zoo.unige.ch
En cas d'absence, vous pouvez également le joindre par tél. au 022 757 67 55