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 Communiqué de presse 

La protéine aux deux visages

Une équipe de chercheurs de l'Université de Genève a découvert qu'une nouvelle protéine de type NADPH oxydase est présente dans l'intestin sous deux formes différentes: une protéine de taille normale, sécrétant de l'eau oxygénée, ainsi qu'une protéine tronquée ayant pour rôle de protéger les cellules intestinales d'une surdose d'acide. Bien que l'existence de ce mécanisme de protection soit déjà connu, c'est la première fois que des scientifiques identifient la protéine responsable. Les résultats de cette recherche seront publiés le 7 janvier 2000 dans la revue Science.

Des chercheurs de l'Université de Genève ont découvert une nouvelle protéine dans l'intestin: un type de NADPH oxydase jusqu'alors observé dans les globules blancs et connu pour sa production d'eau oxygénée.

La NADPH oxydase identifiée dans le côlon se présente sous deux formes différentes: l'une de taille normale, qui est un enzyme sécrétant de l'eau oxygénée, et une seconde, tronquée. En étudiant cette dernière, les chercheurs ont alors découvert qu'elle constitue un système efficace pour évacuer l'acide accumulé à l'intérieur des cellules. En termes scientifiques, il s'agit d'un canal à protons. De tels canaux jouent un rôle primordial pour éviter que les cellules intestinales ne meurent à cause d'un excès d'acide accumulé en elles. L'existence de tels canaux était connue de longue date, mais la protéine formant le canal n'avait pas été identifiée jusqu'à aujourd'hui. Cette découverte permettra certainement le développement de nouveaux traitements. En effet, lors de stress majeurs comme une infection, une mauvaise irrigation sanguine ou une hyperactivité métabolique, l'intérieur des cellules intestinales devient plus acide, ce qui est nocif, voire mortel, pour ces cellules. Par leur impact sur des fonctions cellulaires importantes et grâce à leur accessibilité aux médicaments, ces canaux représentent des cibles de choix pour de futurs traitements.

Pour ce qui est de la protéine de taille normale, présente dans le côlon, les scientifiques poursuivent leurs travaux afin de déterminer sa fonction exacte. Ils cherchent à définir si la sécrétion d'eau oxygénée provoque des effets négatifs ou bénéfiques dans l'intestin. En effet, l'eau oxygénée fait partie de la famille des radicaux libres. Bien que ces derniers provoquent le vieillissement des cellules et soient impliqués dans les maladies dégénératives et les cancers, ils permettent, dans le cas des globules blancs par exemple, de favoriser l'élimination des microbes. Deux hypothèses sont actuellement avancées. La première, soutenue par le professeur Karl-Heinz Krause et son équipe, considère plutôt l'enzyme comme une défense contre les bactéries intestinales. La seconde, avancée par des chercheurs américains, met en avant son rôle dans la prolifération cellulaire et le cancer. Les deux hypothèses pourraient s'avérer correctes.

L'ensemble de cette recherche a été mené principalement par Botond Banfi, étudiant en médecine de l'Université de Budapest, bénéficiaire d'une bourse du Fonds national suisse de la recherche scientifique pour la coopération avec les pays de l'Est, sous la supervision du professeur Karl-Heinz Krause, directeur du Laboratoire de biologie du vieillissement de la Faculté de médecine et du Dr Nicolas Demaurex, du Département de physiologie de l'Université de Genève.

A mammalian H+ channel generated through alternative splicing of the NADPH Oxidase homolog NOH-1, Science, 7 janvier 2000

Pour tout renseignement complémentaire, n'hésitez pas à contacter:
le professeur Karl-Heinz Krause, tél. 022 305 54 51
ou le Dr Nicolas Demaurex, tél. 022 702 53 99