Séminaire 10
RRENAB 2010 / Samedi 12 juin de 14h30-16h00. Salle 2024.
Titre : Ecritures et réécritures bibliques dans le judaïsme du second Temple
Animation : Claire Clivaz (en remplacement de Sabrina Inowlocki Meister)
Thème : Le phénomène littéraire de la réécriture fait partie inhérente des traditions bibliques et post-bibliques. Dans la Bible hébraïque elle-même, le livre du Deutéronome et les livres des Chroniques constituent déjà des réécritures. A Qumran aussi, l’apocryphon de la Genèse, 4QRewritten Pentateuch, le Rouleau du Temple et le Livre des Jubilés constituent également des réécritures de textes scripturaires. De la même façon, dans le judaïsme de langue grecque, on se plaît à réécrire la Bible : la traduction du pentateuque en grec, la fameuse LXX, n’en est-elle pas le plus bel exemple ? En outre, Flavius Josèphe, Philon d’Alexandrie, Ezéchiel le Tragique et bien d’autres, proposent, eux aussi, chacun à leur façon, une réécriture de la Bible.
Cependant l’idée même de réécriture biblique ne va pas sans problème à une époque où les concepts de canon biblique et de fixité textuelle n’ont pas de pertinence, et où la notion d’authorship est considérablement éloignée de celle qui prévaut aujourd’hui. Si des collections de textes considérés comme pourvus d’une autorité sacrée circulent sans aucun doute, leur forme et leur contenu a pu varier de façon significative, et ce, à la fois en fonction des groupes dans lesquels ils étaient produits et reçus et en fonction de l’époque. Dans ce contexte, comment traiter, sans anachronisme, de ce que les anglo-saxons appellent communément « re-written-Bible »? La notion de fluidité des traditions bibliques est, à cet égard, essentielle et sera au cœur de ce séminaire.
Parmi les problématiques abordées dans ce séminaire, celles relatives au statut et à l’autorité des auteurs qui s’attachent à réécrire certains épisodes bibliques seront abordées avec une attention particulière : en effet, nouveaux Moïses, ou nouveaux prophètes, la manière dont les auteurs se présentent affecte directement le statut, la fonction de leur production littéraire et, parfois, leur présentation des auteurs sacrés eux-mêmes. Ainsi, pour ce qui est de la fonction du texte, on peut parfois se demander dans quelle mesure les réécritures visaient à remplacer le texte réécrit. Quant à la question du statut de l’auteur, elle soulève notamment la problématique de la pseudonymie, qui ne saurait être ignorée.
Enfin, le séminaire posera la question de la relation de la traduction et du commentaire à la réécriture. En effet, il est clair, notamment dans le cas de la LXX, mais aussi dans celui des Antiquités juives de Flavius Josèphe, que la traduction constitue une forme de réécriture. Quelle est la nature de sa relation à la réécriture ? On se posera la même question pour ce qui est de la réécriture et du commentaire : si le commentaire instaure en général un rapport d’autorité et de hiérarchie entre le texte et sa réécriture, qu’en est-il des réécritures scripturaires à une époque où prévaut la fluidité des traditions bibliques ?
Ce séminaire tentera donc tant de participer au débat méthodologique qui régit la recherche actuelle sur les réécritures bibliques que d’analyser des cas particuliers de réécritures. Nous espérons ainsi, sinon apporter des réponses, du moins contribuer à la réflexion contemporaine sur le sujet.
Les exposés :
Daniel Barbu (Université de Genève)
Apis et le veau d’or
Arnaud Sérandour
Les réécritures de Jérémie à l’époque hellénistique
Christian-Bernard Amphoux (IPT, Montpellier)
Les réécritures du livre de Jérémie (LXX)