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Séminaire 3

RRENAB 2010 / Jeudi 10 juin de 16h00-17h30. Salle 2106.

Titre : Intertextualité et narrativité dans la lettre de Paul aux Romains (3, 9-20; 4; 9, 11, 16-32)

Intervenants : Normand Bonneau, Université Saint-Paul (Ottawa) ; Alain Gignac (Université de Montréal) ; François Lestang (Institut Catholique de Lyon).

Thème : Les études sur le phénomène de l’intertextualité chez Paul ne manquent pas. Un nombre croissant se penche sur le sens des citations, allusions, paraphrases, et échos. D’autres études cherchent à discerner les récits vétéro-testamentaires qui sous-tendent et informent les propos de Paul dans ces lettres (par exemple, le récit de la création, le récit d’Adam et Ève, le récit d’Abraham, le récit de l’Exode, etc.). Tout en faisant valoir les acquis de ces études, les trois interventions de ce séminaire tâcheront d’analyser les mini-récits incorporés à l’intérieur d’arguments prolongés dans l’épître aux Romains.


Les exposés :

Alain Gignac (Université de Montréal)
« Nous savons que toutes les choses que Loi dit… » Intertextualité, énonciation et construction des personnages en Rm 3,9-20.

Mon objectif est, au-delà de la rhétorique, d’en démonter les ressorts intertextuels, narratifs et énonciatifs :

  • Le montage intertextuel des v. 10b-18 (Ps 13,1-3 = Ps 54,2-4 ; Ps 5,10 ; Ps 139,4 ; Ps 9,28 ; Is 59,7-8 ; Ps 35,2) : L’examen du contexte originel des extraits des psaumes révèle qu’ils réfèrent aux ennemis d’Israël ou aux impies, tandis que l’oracle d’Isaïe s’adresse à Israël. Or, l’essentiel n’est pas tant le contraste entre les contextes originels et le nouveau contexte, que l’utilisation de ce collage à des fins narratives et sa prise en charge par deux instances énonciatives distinctes.
  • Au plan narratif, apparaissent peu à peu les traits difformes et monstrueux d’une humanité sans visage, sans regard, si ce n’est le regard vide de quelque chose incapable de craindre Dieu, une gueule béante qui semble prête à mordre ou à hurler. Ce portrait-robot n’est pas tant celui de l’humanité elle-même, que d’une humanité déshumanisée, impuissante, assujettie à un maître despotique dont elle ne peut se libérer – à moins qu’il ne s’agisse de la description de ce despote nommé Péché.
  • L’énonciation du texte est fort complexe, puisque la description du monstre est tour à tour assumée par deux instances, mais de manière différenciée, comme si, dans une mise en scène judiciaire, l’avocat de l’accusation (« nous ») prenait d’abord la parole, puis un témoin à charge (Loi).

Normand Bonneau (Université Saint-Paul)
Le dynamisme narratif de Genèse 15 dans Romains 4

En sus des techniques d’intertextualité déjà répertoriées dans des études préalables, Paul dans Romains 4 raconte à partir des Écritures. On y trouve des citations avec formule, des citations directes, des paraphrases, des allusions, et des échos, ainsi que des stratégies rhétoriques et des éléments midrashiques. On peut aussi y discerner la présence d’un récit sous-jacent sur Abraham tiré de la Genèse. Mais aux v. 18-21, Paul présente en un mini-récit sur Abraham. Comme tout récit, quoiqu’à très petite échelle, il y a un narrateur, une intrigue, de la caractérisation, des notions de temps, de la focalisation, etc.). Ce type de mini-récit fait parti intégrante de l’intertextualité et de l’argumentation dans ce passage chez Paul. Quel rôle joue-t-il dans le déroulement de l’argument ? Qu’ajoute-t-il aux autres aspects d’intertextualité qui parsèment ce passage (citations, allusions, échos, etc.) ?

François Lestang (Institut Catholique de Lyon)
De l’histoire de l’olivier au mystère du salut d’Israël (Rm 11,16-27)

Il y a dans la diatribe de Rm 11,16-27 un type de narrativité implicite, et en tout cas une temporalité et des échos intertextuels; dans la révélation du mystère de Rm 11,25-32, on a une citation explicite et composite, et un développement qui peut se comprendre comme le dénouement narratif de l'ensemble des chapitres 9 à 11.