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Séminaire 9

RRENAB 2010 / Jeudi 12 juin de 11h00-12h30. Salle 2044

Titre : La question de l’autorité des Écritures et les fonctions de l’intertexte scripturaire dans les écrits gnostiques

Animation : Anne Pasquier


Les exposés :

Jean-Daniel Dubois (École Pratique des Hautes Études Paris)
Les gnostiques ont-ils pratiqué une lecture inversée des Écritures ?

La découverte récente de l’Évangile de Judas renouvelle l’intérêt que l’on peut porter à la pratique exégétique de certains gnostiques d’interpréter les textes bibliques à l’inverse de ce qu’ils affirment explicitement. Dans cet apocryphe, la mise en valeur de la figure de Judas correspond-elle à une intention particulière, analogue à celle que l’on retrouve dans les milieux gnostiques basilidiens à propos de la figure de l’apôtre Pierre ? Sur la base de quelques exemples, il s’agira de montrer ce que les gnostiques peuvent tirer d’un tel processus exégétique.

Anne Pasquier (Université Laval, Québec)
La figure du Fils de l’Homme dans le gnosticisme. Influence de l’Évangile selon Jean ?

La figure du Fils de l’Homme, associée à celle de l’Homme céleste, forme le cœur du texte nommé Eugnoste. Ce texte figure dans deux codex de la Bibliothèque de Nag Hammadi : le codex III (p. 70,1-90,13) et le codex V (p. 1,1-17,18), la version du codex V étant postérieure à l’autre. Outre celle du codex V, une autre réécriture a été effectuée par la Sagesse de Jésus-Christ (SJC), dont on possède deux rédactions coptes parallèles (NH III 4 : 90,14–119,18 et pap. de Berlin 8502, 3 : 77,8–127,12) ainsi que des fragments en grec. Bien qu’il ne l’utilise pas explicitement comme source scripturaire, Eugnoste III partage avec l’évangile johannique plusieurs thèmes importants, comme celui du Fils de l’Homme ainsi que celui du nom de Dieu, nom qui exprime l’essence de sa révélation par le Fils. Cependant, Eugnoste III semble plutôt les avoir puisés, non pas dans l’Évangile de Jean, mais dans les traditions juives contemporaines. Or l’examen de ses réécritures montre une influence grandissante du quatrième évangile. La version du codex V y fait explicitement référence, en le considérant comme Écriture sacrée. Cette influence s’accentue dans la SJC. Pour illustrer cette influence, j’aborderai un passage en particulier de la SJC qui se présente comme une interprétation de Jean 1,9. La SJC comprend de manière sacramentelle le schème de la descente et de la remontée (SJC BG 102,7 - 106,10; SJC III 106,9 - 108,16). Sous un mode narratif, est proposée une conception baptismale de la descente et de la remontée du Fils de l’Homme sauveur et de ses membres, associée à la naissance «d’en haut», selon Jean 3. J’examinerai les modes littéraires de référence à l’Écriture ainsi que les procédés par lesquels la SJC s’approprie l’évangile johannique afin d’en comprendre la fonction.