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Conférence de Raymond Massé le 25 février 2016

 

La réflexivité éthique est-elle une compétence universelle?
Les limites de la liberté et de l’agentivité du sujet éthique.

Raymond Massé, professeur d'anthropologie à l'Université Laval, Québec

Conférence organisée dans le cadre des déjeuners sociologiques de l'IRS à l'occasion de la publication du livre de Raymond Massé:
Anthropologie de la morale et de l'éthique

le 25 février 2016, de 12h30 à 14h00, salle 4050, Uni Mail

 

En dépit du défi que constitue une définition universelle du concept de morale, l’universalité d’un «domaine» moral (définissant les pourtours du bien, du mal, de l’intolérable ou du vertueux,) ne fait aucun doute pour les anthropologues, les sociologues et les philosophes. Dans toutes les moralités locales existent, sous formes de déclinaisons culturelles et historiques, des normes et des valeurs qui, à la fois, expriment les conceptions locales du Bien et encadrent les pratiques pour en assurer la conformité morale. Toutefois, les sciences sociales au XXème siècle ont eu tendance à concevoir l’individu des sociétés «primitives» et «traditionnelles», et en partie tout autant celui des classes populaires des sociétés occidentales, comme étant écrasé sous le poids des normes, aliéné par des processus de socialisation et d’enculturation et inapte à prendre un recul critique face aux normes collectives et aux traditions. Formaté pour être un objet moral, l’individu n’émergerait comme sujet éthique que dans certaines élites intellectuelles et dans les fractions scolarisées des sociétés occidentales.  Alors, qu’en est-il, en particulier dans nos sociétés modernes, de l’agentivité et de la compétence réflexive du sujet éthique? Quelle est sa marge effective de liberté dans un contexte de capabilités limitées?  Dans cette présentation, je soutiendrai que notre besoin de soumission aux normes morales cohabite avec une aptitude à les transformer, tout au moins à les adapter aux contextes, à les soumettre à la délibération éthique, voire à négocier des rapports variables aux normes dans le cadre de la trajectoire d’une «carrière morale» révélant une identité éthique mouvante. 

 

3 février 2016
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