Unité de sociologie visuelle

L’engagement des migrants dans les projets de développement durable de l’agriculture au Sénégal

Réalisation : Jenny Maggi et Dame Sarr, Unité de sociologie visuelle,  Institut de recherches sociologiques (IRS), Université de Genève

Partenariat : Centre for Documentation and Research on Migration (CDRM)/Centre for Development and Cooperation – SUPSI Lugano, Fédération des ONG de la Suisse Italienne (FOSIT), Association Sunugal (Italie – Sénégal).

Financement : Société Suisse d’Utilité Publique (SSUP), Service de la Solidarité Internationale (SSI) du Canton de Genève, Foundation for Population, Migration and the Environment (PME), Fondation Boninchi, Fondation Schmidheiny.

Produits de la recherche: Résumé exécutif de l'étude; Film sociologique Sunu toll (Notre champ), 60', de Jenny Maggi et Dame Sarr

Problématique

Dans le cadre des débats actuels sur les liens entre migration et développement, l’attention est de plus en plus focalisée – autant au niveau de la recherche académique qu’à celui des politiques publiques – sur le rôle central que les migrants et leurs associations peuvent jouer dans le développement des pays d’origine. Les migrants et leurs associations manifestent en effet une propension à être actifs à la fois dans les activités d’intégration dans le pays d’accueil et dans le développement socio-économique des contextes d’origine, en liant espaces d’accueil et d’origine selon une dynamique transnationale. Grâce aussi à leur mobilité circulatoire, les migrants agissent de manière individuelle et collective sur le développement des pays d’origine au travers de transferts financiers et sociaux, d’échanges de compétences, d’activisme citoyen, et en s’engageant de manière bénévole, aussi en partenariat avec des acteurs étatiques et de la société civile des sociétés d’accueil et d’origine (voir le concept de co-développement), dans des projets de développement concernant des domaines divers tels que l’éducation, la santé, la gouvernance locale, l’accès à l’eau et à l’énergie, ainsi qu’au niveau du développement agricole et rural.

En ce qui concerne le Sénégal, qui se caractérise par une population majoritairement rurale s’adonnant à une agriculture familiale, c’est en particulier depuis la crise alimentaire mondiale de 2007-2008 que les migrants et leurs associations manifestent une propension grandissante à vouloir s’engager dans le domaine de l’agriculture au niveau de leurs projets en faveur du développement des localités d’origine. Les objectifs visés sont entre autres de diversifier et augmenter la production agricole en améliorant la sécurité alimentaire des populations locales, favoriser l’accès à l’eau et à l’énergie solaire, contribuer à la création d’emploi pour les femmes et les jeunes en luttant contre l’exode rural, et participer à l’amélioration des conditions de vie en milieu rural.

Dans un tel contexte d’engagement en faveur de l’agriculture, qui concerne aussi d’autres pays d’origine des migrants, les instances intergouvernementales, les gouvernements et les collectivités des pays d’accueil et d’origine, les organisations internationales, les fondations et les ONG actives dans la coopération au développement manifestent une volonté grandissante d’appuyer au niveau technique et/ou financier les migrants et leurs associations, tout en s’interrogeant sur les stratégies à mettre en place pour mieux accompagner les migrants porteurs de projets agricoles. De par leur inclination s’engager en faveur de leur région d’origine, des qualifications et des connaissances acquises à l’étranger, de leur capacité à mobiliser des ressources financières (propres et en cofinancement à partir de sources publiques et privées), et aussi en raison de leur connaissance du territoire, de ses potentialités et ses limites, les migrants et leurs associations sont en effet considérés une classe d’acteurs du développement particulière, voire unique, en zone rurale, qu’il s’agit d’encourager grâce à un accompagnement et des incitations appropriées (voir FIDA Sénégal ).

La recherche

Ce projet de recherche se propose d’informer et appuyer les réflexions, les dialogues et les activités qui ont lieu actuellement parmi les acteurs du monde académique, de la société civile et d’organisations étatiques – en Suisse, au Sénégal, ainsi que dans d’autres pays d’accueil et d’origine des migrants – qui visent à renforcer la contribution des migrants au développement agricole de leur pays d’origine. La recherche est basée sur une démarche d’analyse et de communication qui puisse examiner, documenter et communiquer une série d’aspects significatifs liés aux projets réalisés par les migrants dans le domaine de l’agriculture.

Au travers d’une étude de terrain socio-ethnographique au Sénégal basée sur l’observation participante et la réalisation d’entretiens individuels et collectifs, seront analysés de manière approfondie des projets initiés par des associations de migrants établis en Suisse, France et Italie (sous forme d’études de cas). L’étude se propose entre autres de mieux comprendre les motivations à l’origine des engagements, les éléments facilitateurs et les contraintes, les objectifs visés par les projets et les principes qui les sous-tendent, les modalités d’action et les partenariats dans les deux espaces qu’ils mobilisent, ainsi que les impacts multidimensionnels des projets au niveau local, en tenant en compte les dimensions sociales, économiques et environnementales du développement. Une telle démarche doit permettre d’établir des comparaisons entre diverses typologies de projet, capitaliser les expériences et faire le point sur les enseignements tirés, en vue de formuler des stratégies d’action qui pourront bénéficier autant les partenaires étatiques et de la société civile qui appuient l’action des migrants, que les migrants et leurs associations qui envisagent de s’engager dans des projets de développement agricole. Un ouvrage scientifique et un film sociologique utilisé pour les activités de communication et de dialogue seront produits par l’étude.

Activités de communication et de dialogue

La phase finale du projet prévoit l’organisation d’une série d’évènements de communication (projection du film avec table ronde et débat) en Suisse et au Sénégal, en collaboration avec une série de partenaires, dans le propos de favoriser le dialogue et la concertation entre chercheurs, acteurs de la société civile (associations de migrants, ONG) et organismes étatiques.