Le Dâgesh
(Lettinga §5)

A part les gutturales () et le rêsh, toutes les consonnes peuvent prendre un "point" à l'intérieur que l'on appelle dâgesh. 

On distingue deux types de dâgesh. La fonction du dâgesh doux est essentiellement liée à la prononciation. Quant au dâgesh dur, il indique le redoublement de la consonne.

dâgesh doux Le dâgesh doux présent à l'intérieur de certaines consonnes en change la prononciation. Celle-ci peut être soit explosive soit spirante. Les lettres concernées sont:

En fait, trois autres lettres présentent une telle particularité de prononciation: c'est le gimæl, le dâlæt et les tâw. Cependant, la prononciation séfardite (Juifs d'origine espagnole et Israël moderne) que nous adoptons ne fait pas la différence entre les prononciations spirantes et explosives de ces trois lettres (la prononciation spirante de gimæl serait comme le "groot" néerlandais, et celle de dâlæt et tâw comme le th de l'anglais. La prononciation ashkénaze (Juifs d'Europe de l'est) fait la différence du tâw).

Il y a donc 6 lettres concernées par la double écriture:  
les "begadkefat".

Dans ces 6 lettres, et elles seulement, le dâgesh doux apparaît lorsque la consonne précédente n'a pas de voyelle (shewa' muet) ou qu'il y a une césure même faible avec la syllabe précédente. Ainsi, lorsque les "begadkefat" se trouvent en début de mot, elles présentent un dâgesh doux.

Exercice: mettre les dâgesh doux nécessaires dans les deux mots suivants:

Solution.
 
 

Dâgesh dur Le second type de dâgesh est le dâgesh dur (ou fort, ou lourd). Ce dâgesh exprime le redoublement de la consonne. En hébreu, on trouve en effet passablement de doubles consonnes (c'est une caractéristique des langues sémitiques) que l'hébreu n'écrit presque jamais, mais indique par un dâgesh dur.

Un dâgesh dur ne peut survenir que dans une lettre précédée d'une voyelle brève. Il n'y a donc pas de dâgesh dur en début de mot, sauf si ce mot est lié au précédent par un maqqef, qui est un signe indiquant un lien entre deux mots, comme ici . Le maqqef sert le plus souvent à relier au mot suivant une particule ou kål = tout.

On ne trouve pas de dâgesh dans les consonnes finales.

Par exemple le mot  = peuple était originellement un "amm. Lorsque ce mot est suivi d'un suffixe, le redoublement réapparaît :  = mon peuple. 

Nous avons vu que le dâgesh dur peut apparaître dans n'importe quelle lettre sauf les gutturales () et rêsh. Dans ces cas, le redoublement est souvent indiqué par un allongement de la voyelle associée à la gutturale. Lorsqu'un tel allongement vocalique n'est pas présent, on parle de "redoublement virtuel". 

On signalera cependant que le redoublement est souvent omis dans les consonnes munies d'un shewa' mobile; d'autre part, il arrive que le dâgesh n'indique pas un vrai redoublement (Pas besoin de savoir).

Deux signes permettent encore de repérer les redoublement virtuels.
 
  • Mætæg (trait vertical après la vocalisation): Le signe appelé mætæg indique une rupture dans la lecture. Ainsi un shewa' qui suit un mætæg est mobile, puisqu'il est en début de syllabe. Mætæg apparaît donc souvent devant un "redoublement virtuel". Ex: dans le motle yôd est redoublé de manière virtuelle, donc le shewa' se prononce puisqu'il se trouve sous une consonne redoublée. Il faut donc prononcer wayehî et non wayhi. 
  • raphæh : On peut aussi ajouter que le signe raphæh, un petit trait horizontal sur la consonne, apparaît souvent quand un dâgesh dur est omis.
  • En ce qui concerne la prononciation, un dâgesh dur dans une begadkefat implique le dâgesh doux-> prononciation explosive. 

    Quant à la transcription, c'est facile : le dâgesh doux ne se transcrit pas, le dur s'indique par un redoublement de la consonne (par contre, on n'indique pas un redoublement qui n'est pas marqué par un dâgesh, comme le redoublement virtuel).

    En bref : on distingue dâgesh dur de dâgesh doux de la manière suivante : le dur est toujours précédé d'une voyelle, le doux jamais.

    Le mappîq Dans le h final, la présence d'un dâgesh se dit mappîq. Il indique que le h n'est pas mater lectionis, donc qu'il doit être prononcé. Résumé grammatical:  Grammaire 3b.
    ©Jean-Daniel Macchi / Unige