2001

Cours en direct sur internet: l'Université de Genève relève le défi

Aux Etats-Unis, plus de 1,4 millions d'étudiants se forment sur Internet. Et en Suisse ? L'Université de Genève, la première à mettre à disposition des cours on-line, fait figure de pionnière dans ce domaine. L'expérience a démarré l'an dernier déjà. Cette année, 6 cours du Centre universitaire d'informatique sont disponibles sur le serveur de l'Université, ainsi que plusieurs séminaires. Le principe : une webcam et un micro-cravate retransmettent images et sons, tandis que les auditeurs disposent d'un formulaire leur permettant d'envoyer leurs questions, qui apparaissent directement sur le poste de travail de l'enseignant.

A ce jeu-là, l'Université de Genève s'est déjà taillée une réputation internationale. C'est du moins ce que l'on constate en regardant la provenance des personnes inscrites à ces cours qui permettent de prendre place virtuellement dans un auditoire. Les pays francophones, et particulièrement ceux d'Afrique, sont friands de ce système d'éducation à distance, qui constitue un atout dans la perspective du développement, propre à favoriser les transferts de connaissance et les échanges interculturels. Certains pourraient y voir une forme déguisée de néo-colonialisme. Jean-François L'haire, responsable du Service des nouvelles technologies de l'information et de la communication de l'Université de Genève et architecte du système, fait preuve de réalisme à ce sujet: "La formation sur internet est appelée à se développer énormément au cours des prochaines années, quoi que l'on fasse. C'est peut-être du néo-colonialisme. Mais il faut savoir que les géants de l'informatique aux Etats-Unis sont déjà prêts à s'accaparer l'exclusivité du marché dans ce domaine. Si l'on veut préserver un système d'éducation francophone, il est donc indispensable de développer nos propres outils."

Sans aller chercher aussi loin, les cours on-line ont aussi leur raison d'être pour des utilisateurs de proximité: "Un habitant du canton de Vaud qui souhaite suivre un séminaire en fin d'après-midi peut le faire sans être retenu par des problèmes de circulation. L'enseignement voit ainsi son audience élargie", observe Jean-François L'haire. Un tel système a également son intérêt dans le cas de collaborations universitaires au niveau européen: des chercheurs travaillant dans le même domaine dans des universités différentes peuvent communiquer par ce biais leurs résultats.

Dans les années à venir la palette des cours on-line offerts aux étudiants va donc s'élargir au niveau mondial, et chacun pourra aller picorer où bon lui semble. Résultat, "les Universités risquent d'être fortement mises en concurrence", remarque Jean-François L'haire, "et dans ce contexte, il s'agit de prendre dès maintenant de l'avance."

12 octobre 2001
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