2002

Nouvelle technique pour mesurer les rejets de tranplantations cellulaires


Le Dr Jacques Philippe est professeur à l'Unité de diabétologie clinique Moins connues que les transplantations d'organes, les transplantations de cellules ouvrent depuis quelques années des perspectives encourageantes de traitement de certaines maladies. Tout comme pour les implantations d'organes, ces thérapies restent toutefois à la merci des rejets. Il en va ainsi des transplantations cellulaires pour le traitement des diabètes de type 1, lorsque le corps des patients ne sécrète plus du tout d'insuline. Les résultats sont encore mitigés, faute de mieux connaître les processus de rejet. Des recherches menées à la Faculté de médecine de l'Université de Genève apportent aujourd'hui un nouvel éclairage à ce propos. Une équipe, dirigée par le professeur Jacques Philippe, du Département d'Endocrinologie et Diabétologie, en collaboration avec le professeur Philippe Morel et le Docteur José Oberholzer, vient en effet de mettre au point une technique permettant l'identification de marqueurs moléculaires pour mesurer le taux de rejet ou de destruction des cellules transplantées. Cette découverte, qui fait l'objet d'une publication dans la revue américaine Diabetes du mois de mars 2002, ouvre la voie à une prévention plus efficace et plus précoce des rejets cellulaires.

Afin d'identifier des marqueurs de rejet, les chercheurs de l'Université ont eu recours à une technique de détection moléculaire, ayant déjà fait ses preuves depuis le début des années 80: la PCR, utilisée notamment pour la détection de métastases cancéreuses. Dans le traitement des diabètes de type 1, des îlots cellulaires sont injectés dans le foie des patients, où ils sont censés demeurer afin de réactiver la production d'insuline. Jusqu'à présent, les médecins étaient condamnés à constater un rejet, lorsque le taux des cellules rejetées dans le sang atteignait une masse critique observable: dans la plupart des cas, le diagnostique intervenait trop tard, faute de pouvoir identifier à temps les premières cellules rejetées. C'est à ce stade que la détection moléculaire par PCR apporte un élément décisif. En permettant d'identifier 2 cellules par millilitre de sang, elle fournit un instrument de mesure adapté à la situation.

Premières expériences faites, les chercheurs genevois sont maintenant en mesure de tirer des premières conclusions. D'une part, ils constatent que tous les patients perdent des cellules dans le sang, quelques jours après l'injection, quelle que soit le type de traitement. D'autre part, il s'avère que le type de traitement immunosuppresseur peut être plus ou moins toxique pour les cellules transplantées et, par conséquent, induire une perte des cellules plus ou moins importante. Grâce à cette technique d'identification, les médecins disposent donc d'un instrument de mesure, permettant non seulement de tester l'efficacité des traitements existants, mais d'en développer de nouveaux, en tablant sur une évaluation nettement plus précise des risques de rejets. Selon le professeur Jacques Philippe, cette méthode de calcul peut potentiellement être utilisée pour toutes les transplantions cellulaires et s'appliquent non seulement au traitement des diabètes, mais d'autres maladies graves comme les cancers.

A noter que cette recherche a été financée en partie par le Fonds de recherche et développement des HUG.

22 février 2002
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