2002

Université d'été des droits de l'homme - Interview d'Alfred Fernandez

L'éducation aux droits de l'homme: une priorité pour lutter contre les violations

Le respect et la promotion des droits de l'homme passent par la formation des décideurs, juristes, diplomates et membres d'ONG impliqués dans ces questions. C'est précisément le but poursuivi par l'Université d'été des droits de l'homme (UEDH), qui, depuis 1995, propose chaque année une formation théorique de niveau universitaire, couplée à la pratique des négociations internationales en la matière. Au moment où se déroule à Genève la 58e session de la Commission des droits de l'homme, l'UEDH démarre le 3 avril le premier volet de sa formation, une série de cours en ligne sur internet, qui sera suivie du 3 au 16 août prochain d'une session présentielle intensive. Entretien avec Alfred Fernandez, coprésident de l'UEDH.

Quelles sont les relations entre l'Université d'été des droits de l'homme et l'Université de Genève?
Une partie importante de l'enseignement est donnée par des professeurs de l'Université de Genève: professeurs de droit et de psychologie et des sciences de l'éducation. Certains de ces enseignants ont d'ailleurs été à l'origine du projet. Il existe également un lien institutionnel entre l'UEDH, la Faculté de droit et le Service de la formation continue de l'Université de Genève, qui a débouché il y a trois ans sur la création d'un Certificat de formation continue en droits de l'homme. Enfin, nous avons une collaboration avec HEC et sommes en contact avec la Faculté des sciences économiques et sociales.

A qui s'adresse votre formation? Parvenez-vous à attirer des ressortissants de pays particulièrement concernés par les droits de l'homme?
Notre formation est orientée en priorité vers les acteurs gouvernementaux et non-gouvernementaux impliqués dans le respect des droits de l'homme, vu qu'il y a un manque à ce niveau dans les facultés de droit des universités. Bien entendu nous faisons en sorte de toucher des acteurs venant des pays dits "à risques". Nous avons beaucoup de candidats du Maghreb, de pays d'Amérique latine comme le Pérou ou la Colombie, ainsi que des représentants des peuples autochtones. Ces derniers constituent d'ailleurs 20% des participants. Nous nous chargeons également de former les stagiaires autochtones du Haut Commissariat aux Droits de l'Homme qui travaillent sur les questions des droits de l'homme. Nous veillons aussi à préserver une proportion égale de participants venant des pays du Sud et du Nord, ainsi que l'équilibre entre hommes et femmes, pour éviter de pointer l'index sur des pays particuliers ou des catégories sociales.

Votre démarche s'inscrit dans un effort global de promotion des droits de l'homme. Quand on regarde la situation actuelle, on constate toutefois que les violations continuent d'être monnaie courante…
Pour faire avancer le respect des droits de l'homme, il faut une volonté politique. A ce titre, les universités sont les premières concernées. Il y a encore trop peu d'universités en Europe qui dégagent des moyens pour la formation dans ce domaine. Nous n'aurions jamais eu en Europe des performances économiques telles que nous les connaissons, sans un enseignement de haut niveau dispensé en économie par les universités. Si l'on veut lutter efficacement contre les violations des droits de l'homme, il est donc nécessaire de renforcer l'effort de formation dans ce domaine.

Renseignements: Université d'été des droits de l'homme, tél: 022/789.34.42

27 mars 2002
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