2003

Le rectorat définit ses priorités pour les quatre années à venir

Guère de temps pour se laisser aller à l'acclimatation. A peine installée, la nouvelle équipe du rectorat s'est attelé à la rédaction du Programme de politique générale, qui définit les grandes orientations de l'Alma mater pour la période 2003-2007. Après avoir mis en avant le principal atout de l'UniGe, sa capacité à intégrer les héritages à la fois humaniste et scientifique, ce document fixe 6 objectifs prioritaires, étayés par un certain nombre de projets concrets, classés par ordre de priorité. Ceux-ci concernent aussi bien les étudiants que le personnel académique et administratif. Entretien avec le recteur André Hurst.


Quelles garanties pouvez-vous donner sur le maintien de la polyvalence à l'UniGe? On voit l'Université de Neuchâtel se délester de certains enseignements, on parle de regrouper les facultés de médecine à l'échelle suisse romande…

André Hurst: On en parle, mais rien n'a encore été fait…

Mais on peut légitimement avoir des craintes?
Il est toujours légitime de s'interroger sur son propre fonctionnement. A quoi sert une université? La question mérite d'être posée. A voir le nombre de villes qui voudraient en accueillir une, la réponse semble évidente. Les hautes écoles représentent un coût pour la collectivité. Mais elles ont aussi beaucoup à offrir. Le problème est que ce retour sur investissement est difficile à chiffrer. Il se mesure, par exemple, en terme d'emplois, mais une université participe aussi au rayonnement de la cité qui l'abrite. Comment calculer le bénéfice que Genève retire du fait que Kofi Annan, un des personnages les plus importants de la planète, ait fait des études dans notre Université? C'est impossible. Et pourtant ce bénéfice existe bel et bien.

Vous êtes donc optimiste pour ce qui est de l'Université de Genève?
Voyez le classement des universités suisses que vient de publier le magazine Facts: l'UniGe obtient le meilleur rang parmi les universités généralistes. Cela étant, il faut tenir compte du fait que la recherche a un coût très élevé et il devient nécessaire de trouver des alliances pour partager les ressources, assumer à plusieurs les frais en équipements, par exemple. De même, il est capital de mettre en commun les compétences. Pour prendre un exemple très récent, une équipe de chercheurs a réussi à montrer que les mystères associés à la Pythie de Delphes, tels que relatés dans les textes anciens, sont tout à fait fondés scientifiquement. Mais il a fallu, pour arriver à ce résultat, combiner les compétences de géologues, de chimistes et d'hellénistes de plusieurs institutions.

La pluridisciplinarité est aussi un des éléments mis en avant par la réforme de Bologne…
Je ne pense pas que ce soit l'élément principal. Car pour arriver à des collaborations fructueuses, il faut avoir des personnes qui soient à la pointe dans leur domaine respectif. Non, Bologne, c'est avant tout la contribution des universités à l'émergence d'une citoyenneté européenne, à travers un système d'équivalences qui permette la mobilité des étudiants sur le continent.

Encore faut-il que ces étudiants puissent bénéficier d'un soutien financier pour leurs séjours à l'étranger…
Vous savez, l'objectif du programme Erasmus est de favoriser la mobilité pour environ 10% des étudiants. Et il s'agit uniquement de payer les frais supplémentaires liés au séjour à l'étranger. Il ne faut donc pas s'attendre à ce que Bologne génère des milliers de bourses. Ensuite, la mobilité n'est pas un bien en soi. Ce qui importe, c'est la mobilité d'esprit, à laquelle, il est vrai, un séjour dans une université étrangère peut contribuer de manière décisive. Mais elle peut s'acquérir en restant ici. De plus, elle prend surtout de la valeur une fois atteint le stade des études post-grades, là où l'on peut mesurer avec justesse le bénéfice à retirer d'une séjour dans une université étrangère.

8 octobre 2003
  2003